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ROUTE - Etape 2 - Kairouan / Matmata
Je sais, vous attendiez des nouvelles plus tôt. Et vous avez passé une nuit presque blanche devant votre écran blafard en attendant que la prose et les photos du jour arrivent sur le site. Je suis en retard ? J'ai une excuse, une bonne, une de celles que me mettent en joie, une partie de mécanique... Mais ne brûlons pas les étapes, même si, vous allez le voir, elle a illuminé ma soirée et sali mes petits doigts que j'ai bien lavés avant de retrouver le clavier. De toutes façons, cette journée a été un bonheur total du début à la fin.


Dès le départ, il était évident que nous allions nous régaler. D'abord parce que Jérôme Kress nous a sorti un joint de culasse fabrication made in tunisia comme on n'en voit plus chez nous, vu qu'on ne sait plus rien faire de nos dix doigts. Hier au soir, il l'a fait tailler dans un... plat ! Rien de moins. Au modèle, certes, mais quand on parle chez nous de réalisations au centième, là on a travaillé dans le millimètre. Mais figurez-vous que le bricolage, ça marche ! Il l'a remonté et fait toute l'étape. Sans problème. C'est pas beau ça ? Bon, pour la Cox de Benoît, c'est moins drôle. Nous avons extrait les bougies, mais n'avons pas été plus loin que la deuxième. Plus d'électrode, mangée aux mites. Le diagnostic de départ était le bon. Une soupape dans le sac. Faudra lui refaire au moins le haut moteur... Sa voiture reste donc à Kairouan, nous la reprendrons au retour...



Les participants avaient le choix entre filer direct sur Matmata pour visiter les troglodytes, ou faire un détour par El Jem pour y admirer les plus hautes arènes romaines au monde encore debout. Elles pouvaient accueillir jusqu'à 30.000 personnes. Le déplacement valait les 50 km supplémentaires. D'autant que nous avons eu droit à un numéro exceptionnel d'Ihmed, tenancier d'un café qui fait tout. Surveillance du parking, cuisine et plus si affinités. Même la police. Extraordinaire, Ihmed. Qui s'est mis en quatre (le mot n'est pas trop fort) pour emprunter un barbecue à son voisin restaurateur, sauter sur son vélo pour aller voir le boucher et y acheter de somptueuses cotelettes d'agneau, envoyer un cousin chercher le pain, commander chez un de ses confrères des frites, appeler à la rescousse un copain pour entretenir le feu pendant qu'il courait à travers toute la ville, réquisitionner un policier pour surveiller nos autos... Bref, un moment de pur bonheur pour un prix que je vous tairais par charité chrétienne, histoire de ne pas vous donner encore plus les boules de vivre dans un pays qui a perdu toute notion de service et de convivialité, et qui ne jure que par le tout « pour ma gueule ».



Tout au long de la journée, nous avons reçu des témoignages d'amitié. Des sourires, mais également des rencontres. Avec des écoliers qui voulaient absolument que nous les prenions en photo, tout sourire. Un couple sur sa charrette avec ses deux enfants, qui voulait savoir si nous venions vraiment de France et si la vie y était meilleure que chez eux. Nous n'avons pas vraiment su quoi leur répondre, en fait. Vous auriez dit quoi, qu'on passe son temps à se plaindre, que nous jalousons ce que possède le voisin, que nous avons perdu jusqu'au respect de nous-mêmes ? Alors qu'ils ne pensent qu'à partager le peu qu'ils ont, qu'ils sourient tout le temps à la vie, qu'une simple poignée de main suffit à illuminer leur journée ?


Bon, et puis il y a eu la cerise sur le gâteau. Ze big panne. Celle que j'espérais sans cependant la souhaiter. En arrivant sur Matmata, j'ai découvert deux autos auprès de l'assistance : la 403 de Laurent Chatelet. Un banal problème de freins mal réglés à l'AV. Trois fois rien, une broutille qui ne valait guère plus qu'une photo. Et puis, à côté, l'Océane de Camille. Montée sur les rampes. Avec déjà plusieurs membres de l'assistance autour. Gourmand comme un gamin qui n'a pas vu de sucettes depuis une éternité, je n'ai même pas pris la peine de me garer. J'ai sauté de mon Iltis, interrogé Pascal du regard qui m'a fait : « C'est mort ! Elle pisse l'huile comme une incontinente. C'est foutu ! » Foutu ? A d'autres. C'est une Simca que diable. Certes, elles tombent souvent en panne lors de nos rallyes et je suis bien placé pour le savoir puisque j'ai déjà coulé deux bielles en deux éditions. Mais une cystite, ça ne doit pas être trop grave. Evidemment, Camille est au trente-sixième dessous, d'autant qu'il a un torticolis de tous les diables (on l'appelle “le cerveau” en référence au film du même nom...), et il est alité, tellement ça l'a miné. Allez, prenons le taureau par les cornes, cherchons d'où ça vient. Pascal se jette sous l'auto, une loupe à la Sherlock Holmes accrochée à l'œil. Didier met en route. « Stop, stop, ça pisse ! » On repère immédiatement la source de la fuite. Côté carter de distribution, à droite pour être plus précis, du côté de l'oreille. Faut démonter, ça ne peut pas être très grave. Un joint déchiré sans doute. Allez, tout le monde s'y met. Les deux Didier, Patrick, Philippe, Pascal et moi-même. Après tout, je connais ces bébêtes, surtout la voiture, vu qu'elle a été mienne dans une vie antérieure. Radiateur tombé, carter démonté, mon œil de lynx associé à celui de Philippe trouve la source probable du problème : les bagues sont mal montées, le trou de passage d'huile vers l'épurateur centrifuge est en partie bouché (je dis ça pour les spécialistes, hein mon Fifi, t'as vu j'apprends vite !), y'a surpression dans le carter, l'huile cherche à s'enfuir et comme nous repérons une très légère déformation côté oreille, justement... Vite identifiée, cette panne n'est donc pas dramatique. Une heure montre en main pour remonter le tout, faire une vraie étanchéité, essayer la bête et valider la réparation. Camille peut dormir tranquille. L'Océane va repartir demain et tiens, si je ne me retenais pas, je la lui échangerais bien contre l'Iltis, histoire de repiquer au virus...



Voilà qui vous explique le retard à l'allumage du compte-rendu. J'ai mécaniqué. Paraît que c'est rare. Pff, bande de mauvaises langues, j'adore ça. Allez, je vais me coucher, un sourire béat aux lèvres. Ah ces rallyes Gazoline, quel pied ! On revit ici...

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