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Adriatica 2 - Etape 04 - Venise / Opatija

On prend les mêmes et on recommence ? Ce matin, juste avant le départ de Venise, l'équipe d'assistance travaillait sur la Mercedes 280SE (pardon, la Misereres 280 SE) de Philippe Aujaud et Mary Crouzil. Ce soir, à l'arrivée, l'équipe d'assistance œuvre sur la... Misereres de... Oui, vous avez deviné. L'auto a passé la journée sur le plateau. Pourtant, elle tournait comme une horloge au départ. Sauf que son réservoir était déjà sur la réserve et qu'on sait, depuis le début, qu'il charrie de la rouille à tire-larigot. Le plein qui a suivi a émulsionné le mélange rouille-merdouille et le filtre s'est bouché, tout comme le tuyau et, et, et... mais qu'est-ce que c'est que cette durit pourrie, molle comme un mashmallow ? Une durit d'essence, ça ? Meuh non, un bout de tuyau caoutchouc pour de... l'eau... Pas étonnant qu'elle se soit décomposée comme le montre la couleur du mélange qui arrive aux injecteurs. Bon, voilà encore une source de panne future réglée. Après un gros nettoyage de la pompe à essence, du filtre, de la tuyauterie, il sort enfin une essence propre aux injecteurs. Et, c'est bizarre, mais ça marche maintenant ! Philippe est désespéré, il ne sait plus à quels saints mécaniques se vouer... Mais demain, il roulera. Sans plus de souci, s'il prend la précaution de faire le plein tous les 200 km pour ne pas risquer de faire remonter la rouille jusqu'à la crépine d'aspiration. Et s'il arrête de mettre de l'additif dans son réservoir. C'est quand même hallucinant de voir combien de participants mettent de cette cochonnerie dans leur réservoir à chaque plein ! A croire qu'ils ne lisent pas Gazoline et qu'ils n'écoutent que les voix des marketteurs qui se font de l'argent sur leur dos avec un produit corrosif qui laisse un dépôt blanchâtre quand ils roulent peu, dépôt qui bouche les gicleurs ou injecteurs... Promis, il le fera plus. Un gros paquet d'inconditionnels de l'additif non plus. Tous des saint Thomas, en fait. Fallait qu'ils voient pour y croire...

Pour le reste, il faut bien le reconnaître, la journée a été tranquille. Même le road-book s'est calmé. Il faut dire que nous l'avions arrêté un peu après Muggia, passage obligé avant la frontière slovène. Un petit port délicieusement romantique, baigné par une lumière irréelle. Ensuite, c'était open. On pouvait choisir entre rallier au plus vite Opatija ou se promener dans l'Istrie, la Toscane croate, en passant par Pazin ou par Pula. Là, il fallait lire la carte et naviguer en faisant confiance à sa partenaire... Oups, oups, oups... Nous en avons croisé dans tous les sens, partant dans la bonne direction pour revenir en arrière et repartir à notre suite. D'autres, plus décontractés, profitaient simplement des paysages, somptueux. Des collines aux couleurs mordorées à la mer embrumée, en passant par les petites forêts ombragées. Au hasard de nos pérégrinations, nous découvrions un joyeux groupe qui s'est peu à peu égayé dans la nature. Avec dégustations forcées sur le bord de la route (oh, l'alcool de mirabelle de Jean-Pierre Sauval est au moins aussi dévastateur que le Génépi d'Huguette, mais rassurez-vous, seuls les co-pilotes avaient le droit d'y goûter). Ce qui doit expliquer les erreurs de navigation, les détours impromptus et les demi-tours fréquents... Mais comme il faisait un temps quasi estival, que l'on se croisait régulièrement, ça n'a inquiété personne. Et puis, il ne fallait pas hésiter à demander son chemin. C'est ce qu'a fait André Guy Vernanchet qui a interrogé un local qui l'a non seulement remis sur la voie, mais lui a offert un sac rempli de son propre raisin, une sorte de muscat très sucré. J'ai goûté, c'était délicieux...
En fait, ces arrêts étaient l'occasion d'apprendre encore quelques petits bobos passés inaperçus parce que les intéressés ne s'en vantaient pas (je vous le dis, le nombre de délateurs augmente chaque jour davantage, et il y a même de la vengeance dans l'air). J'ai ainsi découvert que nos deux 403 cabriolets ont failli terminer leur rallye ce matin même. Toutes les deux pour la même panne : une fuite d'huile au niveau du filtre. Pourtant, Daniel comme Hugues assurent avoir serré correctement ce filtre. Et changé le joint papier. Il s'est dévissé tout seul... Certains en ont souri. D'autres ont copieusement charrié les deux compères. Force est de reconnaître que ça arrive, en effet. Et qu'on doit vérifier le resserrage de ce filtre au bout de 500 km. C'est même marqué dans le manuel... Sauf que, ben, ils l'ont oublié nos compères. Heureusement que la fuite d'huile d'hier soir avait alerté Daniel et que la mare sous la voiture d'Hugues laissait présager qu'il était atteint du même mal, sans quoi ils nous descendaient tous deux leur moteur dans la matinée... Ouf, on l'a échappé belle...
J'ai également découvert que Jojo (Joël Richard) n'est finalement pas venu avec sa MGB cabriolet, encore moins avec une Mercedes 250CE comme envisagé, mais bien avec une Peugeot 304 prêtée, encore une fois, par Jean-Pierre Sauval qui a donc trois de ses voitures sur le rallye.

Rien d'autre à signaler, nous sommes cette fois en Croatie. Il fait toujours aussi beau et vous avez le bonjour de tous ceux que nous avons croisés sur la route, les Collonge, Vernanchet, Killburg, Latruffe et Wantrappe, Lombart (euh, désolé Marie, mais je me suis trompé de photo sur le road-book !), Bour, Vincent et Adams (tiens Henri-Philippe a voulu bricoler ce soir pour venir en aide à l'assistance, parce qu'il s'ennuie, d'habitude il passe 21 heures par jour à mécaniquer, là sa 504 tourne comme une horloge, pas normal, ça !), Brunel, Fagot, Gaubert, Sauval, Aujaud et Crouzil, Deprez, Richard et Dahler, Forest, Amarger et Gardette, Renaudin et Cassina, Drapier, Faury, Couillin, Perroux, Carles et Vernet... Les autres ? Ben, ils étaient déjà arrivés lorsque j'ai rejoint l'hôtel. Trop rapides, les bougres...

Sauf qu'une fois de plus, j'en apprends de belles en déboulant. On m'informe (cette fois, c'est un délateur consciencieux) que notre ami Patrick Lheurette en a encore fait de belles, qu'il est passé à la douane croate en poussant sa 4L, oui môssieur, en la poussant ! L'alternateur ne chargeait plus depuis longtemps, apparemment, et il avait coupé le moteur, ceci expliquant sans doute cela. Il trouve que c'est de l'acharnanement le Patrick. Que dit-il déjà ? Ah oui, une auto bien préparée est à l'arrivée. « Ben oui, qu'il rétorque. La preuve, je me suis dépanné et me voilà ! » Je découvre également que Jean Salliot a, lui aussi, goûté à la ratatouille qu'on attendait plutôt du côté des Gachon (chez eux, RAS, comme quoi il ne faut pas se fier aux rumeurs...). Il a dû passer entre les mains de l'assistance pour une mise au point mécanique. Ca tombait mieux, remarquez, nous étions en train d'expliquer à nos amis du Oldtimer Club Rijeka (500 voitures, motos et bateaux pour 250 adhérents tout de même) que nous avions une assistance mécanique, prête à tout pour que tous les véhicules repartent le lendemain matin, frais et dispos. Ils ont pu mesurer l'efficacité de l'équipe, in situ. Ca a dû les impressionner, parce qu'ils nous proposent de participer, avec eux, à d'autres rallyes dans leur région. Pourquoi pas ? En tout cas, et malgré la pluie qui est annoncée pour après-demain, tout le monde repartira demain. Oui, même la Mercedes, quitte à ce qu'on lui mette un jerrycan dans le coffre pour shunter son réservoir pourri. « Comme ça j'arriverai à rouler, quitte à exploser en route ! » s'est marré Philippe qui a retrouvé un semblant de moral. T'affoles pas mon gars, comme on dit ici « Nema problema », il n'y a jamais de problème...

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