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Adriatica 2 - Etape 03 - Iseo Lago / Venise

Ce qu'il y a de bien, quand on arrive comme ça, au beau milieu d'un rallye déjà lancé sur ses rails, c'est que vous avez non seulement un regard nouveau sur les événements qui se sont passés, mais surtout une myriade de joyeux délateurs qui s'empressent de vous raconter les misères du copain. En occultant, bien évidemment, les leurs. C'est un peu la règle du jeu. En débarquant à Venise, frais et reposé comme un gardon retrouvant sa chère lagune après quelques mois d'abandon, je m'attendais à trouver des participants tout excités à l'idée de découvrir le Grand Canal, la piazza San Marco, le Rialto, le Pont des soupirs... De fait, ils étaient déjà quelques-uns à avoir choisi d'éviter soigneusement Padoue et Vérone (ah, le sein de Juliette, caressé à un point tel que le droit est désormais plus gros que le gauche, devinez pourquoi !). Dans le garage de l'hôtel Duca, j'ai ainsi immédiatement repéré les Moumoune et leurs complices, les Salliot, mais également les Dupon-Baverez, la DS des Morgat, la Ford Escort des Campana-Balleri, la 504 des Vincent-Adams, la 504 cab des Sauval... Bref, ils étaient déjà plus d'une vingtaine d'équipages à avoir rallié Mogliano Veneto avant midi. Non sans mal, d'ailleurs, parce que le road-book avait, comment dire, quelques... imprécisions ? « Un piège, oui ! » affirme la majorité. Qui a bien noté qu'à la sortie de l'autoroute, il ne fallait pas prendre à gauche, comme l'indiquait le road-book, mais bien à droite. A gauche, on filait sur Mestre et Venise, à droite sur Mogliano Veneto. « Oui, bon, c'est possible, a admis Daniel. Mais vous devez savoir que je confonds souvent ma droite de ma gauche... D'ailleurs, l'année dernière j'ai voté pour un mec et je crois que je me suis trompé aussi ! » Bref, ça a mis de l'ambiance dans les voitures, et on a vu quelques équipages à la limite de s'étriper. Ah, les pauvres épouses maltraitées ! Ah ces maris sans patience qui reportent sur leur moitié toutes les misères du monde. Comme si elles y étaient pour quelque chose, les pauvrettes. Elles n'ont fait que lire les indications du road-book ! Et voilà qu'elles se font agonir d'injures ? Je suggère que, un jour, un seul, ces messieurs prennent la place de madame et jouent les co-pilotes, on devrait bien rigoler...

Cela dit, tout le monde est bien arrivé. Y compris Claude et Danielle Fagot, retenus par un mariage, et qui ne nous rejoignent qu'à Venise. Leur 203 (enfin, plutôt celle que leur prête Jean-Pierre Sauval) est déjà là, arrivée sur plateau.En voilà au moins une qui n'aura pas connu le syndrôme de la panne. Parce qu'il y a eu des pannes ? Non, pas la moindre, si l'on en croyait les rumeurs avant que je n'arrive. Oui, mais voilà, j'ai les oreilles qui traînent et plein de délateurs prêts à casser du sucre. Voici donc quelques morceaux choisis, bien crus. En commençant par les changements de voiture. Le petit père Joël Brunel ne s'en était pas vanté. Mais il n'est pas venu avec son break Pichon-Parat. Non, môssieur. Tout beau, tout repeint, tout flambant neuf, ben son beak il a dit « j'irais pas, et pis c'est tout ! » Un coup de calcaire le jour du départ, ça la fout mal... Tant pis, ni une ni deux, Joël a ressorti son break PL17 avec lequel il roule tous les jours ou presque, et c'est avec lui qu'il a décidé de partir. La fleur au fusil, et confiant. Sauf qu'il ne s'en est pas, là non plus, vanté le gars Brunel, mais il a connu la panne. Si si, vous ne rêvez pas amis panhardistes. Le maître es-pièces a pu tester ses compétences sur la route. Bon, sans problème, et c'est un peu rageant pour nous parce qu'on aurait bien aimé le voir grimper sur le plateau, histoire de faire un joli cliché. Mais il se débrouille tout seul, le Joël. Or donc, il a vu son levier d'embrayage faire un soleil, un pneu se crever et, last but not least, il a désormais une fuite sur un échappement, à la liaison en sortie de cylindre. Pour ce dernier souci, il ne pourra rien faire, mais ça n'a pas l'air de l'affoler.

Comme je l'asticotais gentiment (vous me connaissez, je n'aime pas dire du mal des copains et je n'en rajoute jamais...), j'ai appris que les Lheurette, grands spécialistes de la 4L devant l'éternel, se sont fait tirer par la doublette Bascunana-Pora. Et que ça a eu lieu ne plein carrefour ! Ben, Lily, c'est quoi ce binz ? Après moults recoupements et informations puisées à des sources d'une rare fiabilité (Flavien est un délateur zélé), il s'avère que c'est la 4L de Patrick qui a dû être dépannée par celle de Jean. Un bête problème d'allumage, une cassette fatiguée qui donnait, donnait plus, donnait, donnait plus... Donnait plus du tout. Ca s'est fini en plein carrefour et à l'arrêt total, avec des locaux dont on connaît la patience et le vocabulaire qui va avec : « Va fanculo y tutti quanti que vaï te faire empapaouter per la madre del sangre del toro de la piazza san rocca que tu papa mangeare la pizza del popolo a la cantina de su mamma... » Lily, qui se refuse à comprendre l'italien, hochait la tête en souriant et en disant : « merci, c'est gentil ». Il aura fallu dix minutes pour sortir de ce sketche hilarant si l'on en croit le témoin de (mauvaise ?) foi. Et à peine autant de temps pour réparer. Car, on doit bien le reconnaître, Patrick est un rapide...

J'ai cru comprendre, au passage, qu'une autre 4L allait peut-être nous poser des problèmes dans les jours qui viennent. Celle des Gachon, toute verte, qui s'amuser à ratatouiller. « Demain, c'est ratatouille au menu ! » prévient Jean Bascunana qui, lui, n'a pas peur de tomber en rade. « Tu rigoles, j'ai amené huit jours de provision et un mois d'apéro. Je peux tenir un siège sans même réparer. » Ca fait rire ses petits camarades parce qu'il paraît que la boîte de Jean (la boîte de vitesses, pas celle de foie gras), elle fait un bruit d'enfer. « Bof, c'est depuis le Maroc qu'elle grogne, je vais pas me laisser impressionner ! » Ce qu'il a oublié de dire, c'est qu'il l'a connue la panne. D'essence. A 20 mètres d'une station-service. C'est ballot, hein ?
Comme vous le voyez, l'ambiance est toujours aussi bonne. Elle se potacherisait un poil que ça ne m'étonnerait qu'à moitié. Et toutes les autos et leurs équipages sont arrivés. Malgré quelques petits soucis récurrents pour la Mercedes de Philippe Aujaud et Mary Crouzil, toujours en butte à des problèmes d'alimentation, en partie résolus, auxquels se sont ajoutés des soucis d'allumage.Demain, ça devrait être réparé. Comme l'a été, définitivement cette fois, l'allumage de la 2CV de Raymond Grange. Arrivé bon dernier, parce que parti le dernier d'Iseo...
Il est un peu plus de minuit. Les derniers couche-tards rentrent de leur virée nocturne sur Venise (à ce propos, si vous vouliez allez piazza San Marco, il ne fallait pas nous suivre, les gars. Nous on allait au quartier San Pantalone... Rien à voir... Pff, en plus, suivre un gilet rouge, c'est comme suivre un road-book, la droite est à gauche et la gauche à droite. Comment voulez-vous arriver à bon port ?

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