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Etape 05 - Opatija / Sibenik
Voilà une journée comme on les aime. Avec des participants qui ont la banane. D'abord parce que, pour la première fois depuis le début du rallye le road-book était bon au mètre près. « Normal, a dit Daniel, c'est moi qui l'ai fait ! » Il était, il est vrai, difficile de se perdre, la route longeant la côte quasiment tout du long, mais ça fait toujours plaisir de se retrouver avec des routes figurant sur une vraie carte et avec de vrais repères. Du coup, les co-pilotes sont tous venues faire la bise à Daniel à l'arrivée. Et il en a abusé le bougre, tellement il aime qu'on l'aime. D'autant que sa journée à lui n'a pas été triste. L'hôtel qui nous hébergeait pour la nuit l'a en effet obligé à régler une note salée de 500 euros pour le parking, alors qu'il était déjà compris dans les prestations. Ca a hurlé, tempêté, mais rien n'y a fait. Grrrrr. Il n' était pas heureux notre Daniel, et il est parti bon dernier de l'hôtel, en remâchant ce début de journée pourrie qui s'annonçait. Et puis, quelques kilomètres après le départ, la bonne surprise. Il voit, sur le bord de la route, une Fiat Abarth garée et un gars en train de prendre en photo son cabriolet 403. Ni une ni deux, Daniel fait demi tour et va voir le gars, tout heureux qu'il vienne à sa rencontre. C'est un collectionneur américano-croate qui vit une grande partie de l'année à Los Angelès et revient quelques semaines par an chez lui, notamment pour participer aux 1000 km de Dalmatie qui viennent de s'achever. Il entraîne Daniel chez lui pour lui montrer une partie de sa collection et il propose d'organiser une rencontre entre les collectionneurs locaux et le groupe pour la deuxième édition Adriatica Gazoline qui se déroulera en octobre. Magnifique, le genre de rencontre qui vous regonfle le moral.
De belles rencontres, tout le monde va en faire aujourd'hui. Nous, nous avons eu la chance d'atterrir chez Katarina, un restaurant à l'entrée de Karlobag tenu par Ksenija et son mari Danijel. L'endroit est un peu en dehors de la route, et nous croyons qu'il est fermé, mais Ksenija passe la tête par la fenêtre pour prendre une photo de nos autos. « Iesti ? » on demande. « Nema problema », nous répond-elle avec un grand sourire, nous invitant à gagner la salle dans laquelle son fils Patrick nous regarde avec surprise. En quelques échanges de mots en croate, mais surtout en anglais, nous faisons rapidement partie de la famille et expliquons notre périple. Ils doivent nous prendre pour des cinglés affamés parce que les assiettes qui arrivent sont remplies plus que de raison. Nous les invitons à voir nos autos, ils nous font visiter leur jardin dans lequel ils ont reconstitué un jardin miniature. Deux heures plus tard, nous avons l'impression de nous connaître depuis longtemps et lorsque nous les quittons, Patrick a la larme à l'œil, nous aussi... Do vidjenia. On vous reverra en octobre...
A quelques centaines de mètres, d'autres profitaient d'agapes tout aussi exceptionnelles. Les Feuvrier s'offraient des oursins, pêchés à leurs pieds, juste arrosés d'un zeste de citron. Les Pandolfi préféraient des calamars grillés. D'autres encore mangeaient du poisson fraîchement pêché. Du plat, du moins plat... Pas facile de savoir de quelle race il s'agit, mais il est frais et bon. Un peu partout, éparpillés sur la route, nous allons croiser des tablées joyeuses (pas d'alcool, on vous le rappelle, tolérance 0 pour l'alcool sur les routes...). Les Leclère, hébergés dans le 4x4 des Desille qui tractent leur 402, ont tout le temps d'admirer le paysage, sublime. Et de négocier le rapatriement de leur voiture, gravement blessée comme on le sait. « Ca fait dix ans que je paye des primes pharaoniques, autant que ça serve. Mais ça n'a pas été facile, parce que tu penses bien que les assurances font tout pour ne pas devoir honorer le contrat que tu signes. Mais j'avais tous les papiers et je sais aussi être têtu. Demain, nous amenons donc la voiture chez un concessionnaire Peugeot, à Split et je la retrouverai dans quinze jours chez moi. Tu vois, finalement, ça se passe super bien. »
Les Chaplais, notre autre couple sans voiture (leur Traction est restée à Iseo Lago), ont partagé la 203 des De Bluze / Fouillet qui les ont gentiment accueilli à leur bord pour la journée. Une belle leçon de solidarité, ponctuée par un beau voyage sur l'île de Pag et le détour que tout le monde ou presque a fait pour visiter la vieille ville de Zadar. Que du bonheur !
Les soucis mécaniques sont d'ailleurs moindres aujourd'hui. A croire que l'ambiance décontractée qui règne a fait reculer les pannes. Même la voiture des Feuvrier a retrouvé de l'électricité. « Ecoute, je ne comprends pas ce qui se passe. Ce matin, j'ai monté la nouvelle batterie et l'alternateur charge... Il n'y a aucune raison logique à ça, mais bon, voilà, ça marche... » Par contre, les soucis de batterie ont touché le... Trafic de l'assistance qui s'est retrouvé en panne. Plus de jus, ou plutôt batterie en court-jus. « Au moment où j'ai mis les phares dans une montée, plus rien ! » Arlette a dû sortir immédiatement revêtir son gilet jaune pour faire la circulation, Thierry a mis le triangle, Michel a soulevé le capot... En moins de cinq minutes, le diagnostic est établi : cosses oxydées. Trois minutes plus tard, c'est réparé !
Tout le reste n'a été que broutilles. Nos Pandolfi ont changé, ce soir, leur allumage. Abonnés à la ratatouille depuis trois jours, ils espèrent que ça ira mieux. En tout cas, eux ne risquaient pas l'excès de vitesse sur des routes limitées généralement à 70 km/h, mais également à 60, 40 ou 50... Il fallait donc se montrer prudent car les contrôles radar fonctionnent bien ici, comme chez nous. Quelques-uns sont passés à travers malgré quelques excès (n'est-ce pas les Grandjean ?), pas Hubert De Gail. 83 km/h pour 60... 300 kunas d'amende, pas glop, pas glop. François Piéplu a également eu droit à quelques remarques de la maréchaussée, tout comme nos amis belges qui, décidément, font blague sur blague. Ce matin, c'est Laurent qui s'est vengé en montant un antivol de volant sur la 356 de Jacques Mollet (souvenez-vous, hier, la femme de Jacques a badigeonné le pare-brise de Laurent), pour l'empêcher de partir avant lui. Nos deux compères en ont bien rigolé mais il devrait y avoir une suite demain matin. D'autant qu'ils ont réussi à se garer côte à côte...
Dernière petite anecdote du jour. Elle n'a rien d'une blague belge et pourtant. Figurez-vous que le road-book, parfait jusqu'à la dernière case, a bien failli nous faire perdre quelques participants. Juste avant d'arriver à l'hôtel, le road-book indiquait en effet « Passage à niveau - Mauvaise route ». En arrivant à ce point précis, Chantal Grandjean a eu un doute. « Attends, ça ne doit pas être bon, il est marqué que c'est la mauvaise route. Daniel a dû nous faire une blague... On cherche ailleurs ? » Son mari a haussé les épaules et continué. Heureusement, c'était effectivement la bonne route, mais il aurait peut-être fallu marquer « Route mauvaise ». Hum, la langue française n'est pas facile. Mais Chantal n'a pas été la seule. Sylvie Perrault a eu la même réaction et a fait signe à tous ses compagnons de route de faire demi tour. Par chance, le passage à niveau était fermé pour laisser passer un train et après quelques secondes de réflexion, tous ont décidé de continuer... D'autres ont dû avoir le même doute, mais ne s'en sont pas vantés... Ah, nos aventuriers ont encore à apprendre du road-book...

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