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Etape 04 - Venise / Opatija
Ce n'était pas le jour des Gérard. Ca avait commencé hier au soir. En glissant sur une chiure de mouche, Gérard Leconte s'est tordu la cheville droite. Il est coutumier du fait, il nous fait le coup dès qu'il croise un insecte ! Mais en pleine nuit, ça a juste obligé le médecin à rentrer un peu plus vite que prévu de Venise. Avec un train attrapé à la volée, après une course poursuite dans la gare qui, paraît-il, a été homérique. D'autant qu'il était suivi par Michel Duriez qui, comme tout le monde a pu s'en rendre compte, ne voyage jamais sans ses douze sacs en bandoulière qui contiennent un appareil photo, une caméra, un ou deux téléphones, et quelques gadgets électroniques dont on ne sait pas trop à quoi ils servent. Il a frisé l'attaque cardiaque notre Michel, mais comme il n'avait pas réussi à manger de toute la soirée, on a évité le pire ! Plaisanterie mise à part, Benoît a remis d'équerre la cheville de Gérard qui a pu conduire son Ondine toute la journée. Bon, il s'est bien trompé une ou deux fois de route (on l'a croisé à contre-sens à un endroit où, pourtant, il était difficile de se louper, mais les médications ont dû lui jouer un tour...), mais il est bien là ce soir, presque en superforme parce que la cheville le tire un peu. On espère juste que la bobinette ne chèrera pas...
Plus embêtant, notre Gérard Leclère national a dû renoncer au kilomètre 99. Sa 402 a mangé un... piston. Carrément et presque sans prévenir. « J'avais bien un petit bruit, affirme Gérard, mais il y a tellement de bruits dans une 402. Et puis ça fait dix ans que je lui tire sur la g..., il fallait bien que ça arrive un jour !» Il a donc fini la route dans le 4x4 des frères Desille, la 402 sur le plateau. Nous allons essayer de la sécuriser à Split pour la récupérer au retour. En espérant que nous allons avoir assez de plateaux pour poursuivre, car à ce rythme d'une voiture par jour, ça commencer à faire lourd !
Heureusement, le reste de la journée a été plutôt paisible, malgré les inévitables blagues belges. Cette fois, c'est Laurent Krier qui en a fait les frais, son pare-brise ayant été sauvagement décoré dans la nuit par une mystérieuse égérie, brune, et d'origine belge (mais nous ne dévoilerons pas son nom qui commence par... aïe, Jacques, pas la tête, non je l'ai pas dit que c'était ton épouse !). Comme nous l'avions déjà dit lors du briefing homérique de Lago d'Iseo, cette étape étant encore à géométrie variable. On pouvait tracer tout droit, direction Trieste puis Opatija, sans passer par les cases Muggia, Porec et Pazin. C'était dommage, mais après tout, certains aiment bien arriver tôt à l'hôtel, prendre une douche, faire quelques brasses dans la piscine ou s'offrir un traitement au spa. Ou plus simplement aller faire une promenade à pied sur le bord de mer, il est vrai magnifique ici, puisque c'est le Biarritz croate.
Mais franchement, ce n'était pas l'option la plus passionnante. Et la très grande majorité avait suivi nos conseils. Quitter l'autoroute à Monfalcone pour commencer à longer la côte Adriatique jusqu'à Trieste, puis bifurquer pour s'arrêter déjeuner à Muggia, un charmant petit port de pêche, à 4 km de la frontière slovène. On y a notamment retrouvé Daniel et Sylviane, François Piéplu, Anne-Sophie et Gilles Biagetti, Pierre et Thérèse Balavoine, Gilles et Nathalie Budon, Pierre et Caroline Riberolles, Cécile Dupuis et ses parents, Michel Duriez, Arlette Bugnard, Thierry Laizin, Christian et Fernande Chaplais, les panhardistes toujours ensemble (Jacques et Maryvonne Besnard et Christian et Danielle Breu), les Porschistes qui font route de concert (Pascal et Michèle Lemercier et Paul-Michel et Chantal Grandjean).
Ensuite, plusieurs possibilités. Rallier Porec et passer un long moment dans cette petite ville délicieuse, puis repiquer sur Pazin et passer par le centre de l'Istrie avant de retrouver la côte et de rallier Opatija, de fjord en fjord. Ou zapper Porec et couper tout de suite après Koper pour filer en direction de Buje, puis de Puzet avant de filer sur Opatija.
C'est cette dernière option que nous avons prise avec la P60, l'Aronde des Budon, l'A310 des Riberolles et la 403 de Daniel et Sylviane. Bien nous en a pris, nous sommes tombés sur un petit village charmant, envahi par un groupe de touristes... français qui nous ont trouvé totalement dingues. Ils envisageaient même de nous dénoncer aux autorités pour nous faire enfermer dans l'asile le plus proche. Heureusement que leur guide croate nous a pris en sympathie, parce qu'il est probable que nous aurions effectivement terminé sous un jet d'eau glacé dans un trou perdu... Ah ces satanés touristes français qui voyagent en bus, en groupe et surtout avec un guide local pour éviter de parler la langue du pays. Pas d'efforts, on se laisse dorloter et on se permet de critiquer... Or donc, grâce à la charmante guide croate, nous avons quelque peu dévié de la route que nous avions prévue pour emprunter une piste caillouteuse et poussiéreuse pour découvrir de petits villages perchés sur des collines, dominant des vallées verdoyantes qui évoquaient furieusement la Toscane. D'autant que la lumière d'aujourd'hui ajoutait à la ressemblance.
Certains ont eu un peu moins de chance. Yannic Feuvrier a même eu la peur de sa vie. Depuis plusieurs kilomètres, Jean-Claude se plaignait que son compte-tours électronique ne fonctionnait plus. Puis ce sont les clignotants qui ont lâché. Puis le klaxon, puis toute l'électricité jusqu'à l'allumage... Panique à bord, en freinant, plus rien. Problème, c'était sur l'autoroute, un peu avant Pula. La Volvo de Serge Privat s'arrête à leur niveau. Tous deux tentent plus ou moins de se sécuriser et appellent l'assistance. Pascal et Didier sont à une cinquantaine de kilomètres, pas de problème, ils font demi tour et foncent... Entretemps, les deux compères ont réfléchi suite à ce que leur a dit Pascal. « Tu dois avoir un problème de batterie. Elle doit être en court-jus. » Serge, depuis son problème de charge de dynamo, voyage avec une deuxième batterie.Il la monte sur la voiture de Jean-Claude et ô miracle, ça marche. Ouf, ils repartent, mais préviennent trop tard l'assistance... Du coup Pascal et Didier ont dû se payer l'autoroute jusqu'au bout avant de pouvoir sortir... « C'est pas grave, qu'il a rigolé, on était avec le toubib, on a fait plus de 500 bornes aujourd'hui à force de faire des détours et y'en a plein qui nous doivent des coups... Mais vu tout ce qu'on a mangé aujourd'hui, ce sera pour demain... Bon, on commence par qui ? »
Tout le monde étant arrivé à bon port (non sans mal, comme vous allez le voir), les délateurs reprennent du service après une bonne douche. Vous vous souvenez qu'Eric Pandolfi avait eu des problèmes de bougie à Aix. Réglés apparemment, sauf que sa 2CV a tendance à ratatouiller à chaud. Il courrait ce soir les avis des uns et des autres pour trouver un début d'explication. Il a balayé d'un revers distrait un problème de bougie. Déjà vérifié vous pensez bien. Ce matin, il a changé la bobine, pensant que ça pouvait venir de là. Sans amélioration. Il penche pour le condensateur. Mais, en même temps, son carbu déjauge par moments et sa cartouche de filtre à air joue des castagnettes. Ca cogite sec.
Pascal Dubiez bataille, lui, avec son injection. Son Ascona broute, l'assistance aussi. Demain, il faudra passer par un garage Opel pour résoudre le problème. Ca tombe bien, on aura du temps. Serge Privat, lui, continue avec ses petites galères : cette fois, c'est juste une crevaison. Enfin, un pneu éclaté, c'est déjà plus ennuyeux. Demain, direction un vulcaniseur...
On a surtout vu que le road-book avait, comment dire, des manques cruels. Il faut dire que l'étape de ce soir avait dû être improvisée, l'hôtel que nous avions repéré n'ayant pu, au final, nous accueillir. Notre référent croate nous avait donc déniché l'Hôtel Grand à Opatija et nous avait donné son adresse. Adresse qui nous avait servi pour réaliser un itinéraire, via Michelin. Mais Monsieur Michelin est taquin et ses indications sont loin d'être parfaites. A sa décharge, notre référent nous avait donné une mauvaise... adresse. Celle du siège social de l'hôtel, lequel se trouve être un immense complexe avec... quatre hôtels. Trois regroupés dans le haut d'Opatija, un dans le bas. L'adresse était évidemment celle du bas. Les plus malins ont compris la méprise à l'accueil et se sont vus remettre sur la bonne voie. Mais certains ont attendu devant l'hôtel avant de comprendre que ce n'était peut-être pas là... Parfois plus d'une heure ! Ah, ça n'est vraiment pas facile mais c'est aussi pour ça que nos participants peuvent revendiquer le statut d'aventurier ! Et puis, derrière, il y a toujours la récompense de retrouver les copains et d'avoir, enfin pour certains, une anecdote à raconter !

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