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Piste - 17-10 - Merzouga / Erfoud
Encore une sacrée journée ! Nous avions prévu un minuscule parcours en deux temps. 20km d'une piste balisée par notre road-book, les points GPS et des cailloux disposés tout le long, de part et d'autre en prévision de la visite du roi du Maroc dans deux semaines. Avec pique-nique (en fait, c'est d'un vrai repas qu'il s'agissait avec tajine de bœuf, tajine de poulet, oignons confits aux raisins, et quelques tonnes de légumes et autres salades). L'après-midi, c'était un parcours d'une quarantaine de kilomètres tracé au GPS au milieu de la pierraille et du sable. Une initiation à la navigation, en quelque sorte. Nous avions donc laissé matinée libre, fixant le départ à 11h. Il aurait, en effet, été dommage de ne pas profiter des dunes de Merzouga pour s'amuser à apprendre le franchissement des dunes. Oui, mais voilà, tout ne s'est pas passé tout à fait comme prévu, c'est le moins qu'on puisse dire. Et la journée est devenue un véritable gag.
Habitués à se lever tôt depuis le début de l'aventure, la majorité des participants étaient levés dès potron-minet. A 6h30, les douches affichaient complet, tout comme les toilettes. Il fallait faire la queue, avec sa serviette et sa brosse à dents à la main, mais dans la bonne humeur car on pouvait profiter du soleil levant sur les dunes. Petit déjeuner copieux et hop, avec la Gégémobile, nous décidons de nous éclater dans le sable. Gégé a des heures et des heures de pratique de ce genre de terrain et ça promet une belle partie de franchissements épiques. D'autant que Michel Podevin, autre grand habitué du Sahara, nous rejoint dans notre gigantesque bac à sable. Nous sautons de dune en dune, avec la prudence du renard et l'agilité du tigre. Placement face à la dune, gaz pour lancer la machine et accompagnement de la motricité jusqu'à se poser au sommet en s'arrêtant dès que le capot franchit la crête et se repose sur l'horizon. Coup d'œil à la pente et à tout ce qui peut survenir et descente lente, parfois avec un angle proche de la verticale. Et recherche de la première motricité pour repartir. Tout est affaire de dosage. A ce petit jeu, nous recherchons évidemment la difficulté et c'est d'abord Michel qui ensable son Patrol dans un creux trop mou pour offrir une bonne accroche. Il sort ses plaques et peut repartir. Nous subissons le même sort quelques minutes plus tard. Puis Michel se plante en haut d'une dune. Il a dû freiner pour éviter un groupe de touristes qui se baladait sur la ligne de crête. Nous, nous faisons pire. Nous posons notre châssis au sommet d'une autre dune. Plus moyen d'avancer, nos quatre roues sont dans le vide. Michel vient nous en sortir en nous tractant sur cinquante centimètres.
Nous jardinons ainsi une petite heure, en surveillant les acrobaties de ceux qui ont cherché à nous imiter mais comprennent vite qu'ils n'ont pas le niveau pour s'attaquer aux dunes que Gégé et Michel maîtrisent. Ils apprennent cependant assez vite, avec les dunettes mais certains vont s'aventurer sur des terrains plus mous et il va falloir ressortir la Gégémobile salvatrice. Une Jeep, plantée dans un creux, du sable jusqu'au capot. Il faudra finalement s'y mettre à trois véhicules pour parvenir à l'en extirper, en plusieurs manœuvres. Plus loin, c'est un Land qui a fait casquette et repose les roues en l'air, au bas d'une pente. Plus de peur que de mal, mais il faut le remettre sur ses roues. Tout ça nous prend du temps. De plus, tout le monde a l'air de vouloir un peu trop musarder au bord de la piscine ou sur les dunes. Du coup, ce n'est pas à 11h que partent les premiers, mais une bonne demie-heure plus tard. Sous l'arrosage combiné de Gégé le Breton et de Stéphane Romero. Ydriss, notre guide, doit conduire un premier groupe de deux roues motrices par une piste encore plus carrossable que celle que les autres emprunteront au road-book et GPS. Mais, comme d'habitude, il y en a qui n'écoutent pas les briefings ou ont une bonne raison pour ne pas faire ce qu'on leur demande. Du coup, sur la piste, on va retrouver la 2CV de Christine et Bertrand et la 404 de Florian et Vincent. Mais aussi le Trafic qui n'avait rien à y faire. De même, on avait bien précisé que les véhicules blessés et réparés devraient suivre ce convoi. Mais la Rodéo de Rémi Ducourneau va également s'engager sur la piste. Ydriss, de son côté, roule sans doute un peu vite et ne surveille pas ce qui se passe dans son rétro. Du coup, son groupe se réduit sans qu'il s'en rende compte. Finalement, il n'amènera à l'oasis qu'une quinzaine de véhicules. Où sont donc les autres ? Eparpillés n'importe où, n'importe comment. En petits groupes que nous retrouvons, tous ou presque en dehors du bon chemin, pourtant ultra balisé. « On est perdus » entend-on avec angoisse à la CB. « Vous êtes où ? » « Euh, on n'en sait rien » « Sur le road-book, vous êtes entre quel et quel point ? » « Ben euh, je sais pas, je suivais le gars devant » « Et le gars devant, il sait où il est au moins , » « Ben, non ! » « Bon sang, mais vous êtes des gamins ou quoi ? On vous a pourtant bien expliqué qu'il ne fallait pas suivre celui qui était devant vous, mais le road-book. C'est la première des règles. Bon, on arrive ! » On jardine en dessinant de grands cercles concentriques pour ramener nos ouailles. 40 de perdues sur 60, à deux ou trois unités près ! Pas mal pour une étape aussi facile. Certains ne sont pas loin de la piste, c'est facile. D'autres s'en sont sacrément éloignés et nous mettons du temps à les retrouver. D'autant qu'ils en ont profité pour s'ensabler ! Sangles, et hop on les tire pour les remettre sur la route. Au passage, alors que nous récupérons la Rodéo des Ducourneau qui nous refait un cardan AR et finit sur le Moll, nous nous faisons filmer par une équipe cinématographique qui prépare un film publicitaire. Et nous sécurisons le Trafic dans une auberge. Nous le récupèrerons plus tard.
Ydriss va devoir reprendre du service pour nous aider à remettre sur la bonne route pas mal d'équipages perdus à... 500 mètres de l'oasis. Ca devient gag et... désespérant. S'ils se perdent sur un parcours balisé, qu'est-ce que ça va être cet après-midi ! Lorsque nous arrivons finalement, une fois de plus, bons derniers à l'oasis, nous décidons dans un premier temps de supprimer cette étape. Elle fait appel à la navigation et là, franchement, ça ne le fait pas. Plus inquiétant, certains nous annoncent qu'ils n'ont plus d'essence ! « Vous n'en avez pas fait hier soir comme on vous le demande tous les jours ? Ou ce matin ? Vous aviez le temps, ce matin, au lieu de musarder à la piscine ! » « Ben c'est-à-dire que lorsque nous sommes arrivés à Rissani, on a bien vu la station service à gauche, mais un gendarme nous a fait signe de tourner à droite. » « Il y avait pourtant deux autres stations dans Rissani, une sur la droite avant la porte d'entrée et une seconde dans le centre, pleine face. On ne pouvait pas la louper, et d'ailleurs c'est là que nous avons fait le plein, comme beaucoup. » « Ah bon ? Elles n'étaient pourtant pas marquées sur le road-book ! » Incroyable. Jusqu'où devrions-nous pousser l'assistanat ? On préfère en rigoler, tellement c'en est pathétique.
Après un bon repas, et parce que nous avons finalement l'esprit assez taquin aujourd'hui, nous annonçons l'annulation de l'étape et un convoi ultra-protégé pour rejoindre le goudron qui est à peine à cinq kilomètres. Des fois qu'on en perdrait encore. On suggère de les attacher les uns aux autres, comme une cordée. Bref, nous décompressons en plaisantant. Rassurez-vous, l'étape de l'après-midi nous allons la faire. Uniquement avec les volontaires (maintenant, nous prenons la précaution de demander, des fois qu'on nous reprocherait d'imposer quelque chose). Nombreux, heureusement. Tous les 4x4 sont là avec en chef de file le Baja qui n'aurait manqué pour rien au monde ce qui va devenir un moment de pur bonheur. Car lorsque nous nous élançons derrière le Land de Daniel et Yves et que nous remettons à 0 nos GPS nous nous apercevons avec horreur que les 40 points GPS qui doivent nous permettre de rejoindre Erfoud par une piste très compliquée qui jardine entre montagne et oueds, sable et cailloux, ces points-là nous ne les avons pas chargés ! Un beau couac... Qu'est-ce qu'on fait ? On continue ou on rebrousse chemin. Pas de panique, Daniel les a dans son Garmin. Nous allons donc le suivre aveuglément. Et de toutes façons, nous ne sommes pas inquiets, ça nous fait même rigoler. Du coup, à la CB, ça chambre sévère. « T'es sûr que c'est par là ? » « Tire plus à droite, ça roule mieux ! » « Bon, les g ars, on se traîne ! Que fait l'organisation ? » « Y-a-t-il un navigateur sur le réseau ? » « Tiens, on vient de croiser un 4x4 local, si on le suivait ? » Ambiance détendue. Et je ne vous raconte pas l'arrivée à l'hôtel Xaluca. Un hôtel incroyable, sans doute l'un des plus beaux du Maroc. Beaucoup ont déjà pris leur douche, alors que nous arrivons à la nuit. Pour retrouver notamment ceux qui ont eu quelques soucis mécaniques, et notamment le Mercedes de Jean-Michel Astor, radiateur crevé par les pales de son radiateur. La journée n'a pas été trop compliquée en dehors de la Rodéo qui est, à l'heure actuelle, sur les rampes du Moll pour changement des cardans AR. Jean-Michel a trouvé un radia à Erfoud. Le Land devrait récupérer un pare-brise cassé dans la casquette du matin... Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et on ne doute plus, désormais, que cette édition épique va entrer dans les annales. C'est un grand, grand cru...

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