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Piste - 10-10 - Meknès / Ifri
Journée mouvementée ! Dès le petit-déjeuner, une mauvaise nouvelle : le superbe Mercedes des Degrémont a pété son joint de culasse. Une belle mare d'eau baigne ses roues. Pas de panique pour autant : en moins d'une heure, nous trouvons un joint de culasse à Casablanca. Il devrait arriver demain matin. Nous en saurons plus dans la nuit...
Le parcours d'aujourd'hui est relativement facile et doit emmener les participants pour un camping autour du Lac Imilchil. A 2800 m d'altitude. Avec repas organisé par nos amis Zaïd et Mouloud de l'Hôtel Jurassique. Les anciens de la première édition se souviennent de l'accueil formidable qui leur avait été fait. On s'était senti en famille. Mais mauvaise nouvelle : à 8h, nous appelons Zaïd, inquiets de l'orage de la veille. Il nous annonce des pluies torrentielles toute la nuit. « Les tentes se sont envolées, c'est de la boue partout. Impossible ». Tout de suite, Zaïd nous propose une solution de repli : l'Hôtel. Pas assez grand pour recevoir autant de monde (16 chambres seulement), mais « on s'arrangera ». Ca impose une modification importante du parcours. Nous nous en doutions et, depuis plus d'une heure, Jean-Pierre Marigot et Hervé Tocqueville sont partis en avant de la troupe. Nous les chargeons de stopper tous ceux qui sont déjà partis à Mrirt. Nous allons y faire un point de reroupement, ce qui nous laissera le temps d'étudier un nouveau parcours pour rejoindre la vallée du Ziz.
Nous décidons ainsi de descendre jusqu'à Tighassaline, au sud de Kénifra, pour couper par El Kebab, Boumia en passant par le col de Tanout-ou-Fillal. Nous rejoindrons ainsi la nationale 13 au-dessus de Midelt pour replonger vers Ifri. Il nous faut prévenir les autorités du changement de programme pour des raisons de sécurité. Et guider tout le monde vers la nouvelle destination. Pas facile de retrouver des concurrents éparpillés entre Meknès et Mrirt. La Gégémobile et le Nissan de JC Gillonnier ferment le convoi et rattrapent rapidement les plus lents pour leur donner les dernières instructions. A l'avant, Jean-Pierre Marigot commence à arrêter les premiers. Il nous faut une petite heure pour ramener toutes nos ouailles dans le droit chemin. Et les guider sur le nouveau parcours. Pas de road-book, une navigation à la carte. Et une route goudronnée superbe.
Certains s'étonnent de notre « excès de prudence » au vu du ciel d'un bleu immaculé. Mais c'est méconnaître l'Atlas et ses colères féroces. Jusque vers 13h30, heure locale, c'est grand beau. Nous croisons des pique-nique improvisés un peu partout. Certains jardinent hors piste. Ca s'amuse dans tous les coins, entre deux pannes minuscules à réparer. La plus récurrente d'entre elles : l'alimentation. La Colorale doit ainsi changer sa pompe à essence, colmatée. Fond de cuve ? Mauvaise qualité de carburant ? Les deux mon colonel... A ce propos, la R4 de Damien et Emilie a procédé à la même réparation hier au soir et elle tourne comme une horloge aujourd'hui. Gaffe au carburant. Préférer les grandes stations aux petites qui ne sont pas toujours bien approvisionnées.
Les petits bobos sont sans gravité. Le Nissan des Lucas n'aime pas s'arrêter, il chauffe... Mais c'est juste parce qu'il ne pousse pas assez fort. Il a fallu expliquer à Pascal que la pédale d'accélérateur, ce n'est pas celle du milieu. Et qu'on ne met pas d'essence plombée dans un moteur de course. Depuis, ça va beaucoup mieux...
Finalement, c'est assez tôt que nous arrivons à Jurassique. Accueillis par Zaïd et Mouloud qui nous attendent avec les dattes et le thé à la menthe. Magnifique accueil, chaleureux, familial. Nous sommes ici chez nous et nous investissons l'hôtel dans la bonne humeur. Ce soir, nous allons nous « mélanger » dans les chambres, dans les salons, dans les couloirs. Ca promet une belle ambiance. En attendant, beaucoup veulent goûter de la piste. Nous guidons tous ceux qui le souhaitent sur une première piste caillouteuse qui traverse de petits villages, un minuscule gué et quelques oliveraies. Poussière, caillasse, dénivelés, bosses, creux... On se régale sans risque. Avec, tout le long, des gamins qui nous saluent (eux ne réclament pas les fameux « stylos » qui pourrissent régulièrement la vie du raider), large sourire accroché aux lèvres. Pour eux, c'est un peu comme si le Dakar passait entre leurs maisons. Ca les fait marrer, ces drôles d'occidentaux qui préfèrent rouler sur des pistes défoncées alors qu'ils pleurent pour qu'on leur goudronne leurs routes et qu'on les désenclave. Heureusement pour eux, le nouveau roi fait beaucoup pour améliorer la situation dans ce sud qui a été oublié pendant des décennies...
Le parcours n'a rien de compliqué. Et mêle goudron, terre et caillasse. Avec de l'eau, beaucoup d'eau. Car figurez-vous que le beau ciel bleu s'est transformé en un noir profond, zébré par des éclairs impressionnants. Les gouttes qui tombent ici n'ont rien d'un crachin breton. Elles sont énormes, de la taille d'un poing de bébé et elles s'écrasent avec volupté sur les pare-brises. On n'y voit goutte et la plupart des autos ne sont pas étanches. L'arrivée à Jurassique est donc drôlissime, avec des équipages qui sortent de leurs véhicules en tordant leurs vêtements. Ils dégoulinent les pauvres. Heureusement, la nuit est tombée, et la chaleur aide à se sécher rapidement. Tout autant que le Salou ou Zamilta, cette petite cuillère d'une mixture que l'on prend pour rompre le jeûne (elle contient des noix, du miel, des amandes, du gingembre et diverses épices. C'est aussi l'occasion de discuter avec Mouloud qui raconte son bonheur de partager la « paix ». Sa mémoire est exceptionnelle. Il se souvient de tous ceux qui étaient passés deux ans plus tôt. Il se rappelle même des anecdotes que nous avions oubliées. Mouloud c'est aussi un peu notre mémoire.
Nous allons bientôt passer à table. Les femmes s'activent en cuisine. En attendant, ça parle beaucoup. On échange. Mouloud réclame des cigarettes. « Je ne fume plus » rigole-t-il, mais il aime bien griller une clope quand il y a du monde. Ce doit être une réminiscence des réunions de tribus, dans les montagnes du Rif, lorsqu'on partageait le kif, du temps où c'était encore autorisé. Aujourd'hui, on partage le tabac occidental. C'est moins poétique, trop pragmatique, mais si pratique...
En attendant, la fête se prépare. Elle devrait être somptueuse. On vous en parlera demain...
Dernière minute : plus fort que fort ! Le Mercedes vient d'arriver, derrière le Berliet qui arbore avec fierté un trophée. Et quel trophée ! Un joint de culasse. Le vieux, tout pourri. Il en a été trouvé un à Meknès et il a été changé dans la matinée... Incroyable, non ? Quand on vous dit qu'on ne laisse personne sur le carreau ! Bravo aux Degrémont et à l'assistance.

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