Grosse journée. Avec un départ comme on les aime. Sous la lumière mordorée du soleil qui dessine de superbes ombres sur les dunes et fait se réveiller les dromadaires qui filent, en ligne, vers leur campement avant leur dure journée de labeur. La température est idéale et même la brume ne s’est pas invitée au spectacle, délavant le ciel et le paysage qui n’a jamais semblé aussi beau au réveil. Le groupe a été matinal. Nous avions prévenu, la route d’aujourd’hui sera longue. Pas tellement en kilomètres, mais en temps parce que nous visons ni plus ni moins que le doublé gagnant, l’enchaînement des gorges du Todra et de Dadès, rendu possible par une toute nouvelle route, quasiment achevée à quelques menus détails près.

Tandis qu'au loin la 404 de Fabien et Agnès s'est élancée sur la piste, les dromadaires arrivent en file indienne.

Avoir un Dangel et ne pas lui mettre les roues dans le sable, avouez que ça aurait été dommage.

Le récif coralien s'étant soulevé voici quelques millions d'années, on trouve des fossiles par légion dans ces montagnes.
À 9 h, il ne restait que quelques retardataires (dont nous, mais c’est un peu normal, parce que nous jouons les Saint-Bernard). Tous les autres avaient suivi les consignes et repris le bout de pistouille pour rejoindre la route goudronnée et filer sur Rissani. Là encore, belle surprise, le long ruban de goudron a été entièrement remis à neuf. Finis les bosses, les trous et la route déformée. C’est un billard et il y a même, par endroits, une piste cyclable des deux côtés de la route. Bon, elle est surtout utilisée pour se garer, mais c’est l’intention qui compte et dans un pays où se garer comme on veut, quand on veut, sans prévenir, y compris au milieu de la route, est une tradition, il faudra plusieurs générations avant que cela ne change.

Des oasis trouent la montagne, suivant le cours d'un oued.


Un paysage minéral.



Pas le temps de traînasser ou de s’attarder chez les marchands de fossiles, nous avons tracé au plus vite pour rallier Tinhir et entrer dans les gorges du Todra. Je ne vous en montrerais guère de photos (juste la sortie), il y avait un monde fou. Se croiser tenait du miracle et c’est par centaines que touristes et locaux se pressaient sur les 400 mètres les plus spectaculaires, partageant l’espace avec les marchands du temple, les locaux n’hésitant pas à s’installer dans le lit de l’oued pour faire trempette, assis sur des chaises. Il en était même qui pique-niquaient à l’ombre d’un minuscule arbre. Ce n’était pas le jour pour y prendre son temps et profiter de la magie du lieu.



Mais que cherche Hervé sous sa Ford Escort ?
Heureusement, il y a le paysage. Minéral à souhait, juste traversé par endroits par de petits oueds, une retenue d’eau (un énorme barrage flambant neuf) et des oasis de verdure. La pierre joue toute la gamme des ocres et des roses, se gonflant pour mieux se déchirer ou se soulever en de multiples strates, témoignant de la violence qui s’est déchaînée lorsque les plaques continentales se sont heurtées il y a quelques millions d’années. L’érosion a fait le reste, dessinant d’étranges formes par endroits, comme ces doigts dressés ou ces gigantesques blocs qu’on dirait taillés par un géant. Calcaire, grès, sédiments de l’ancien récif corallien se mêlent en de savantes fresques murales se dévoilant à chaque tournant. C’est magique… à condition de ne pas tomber en panne d’essence. Il fallait d’ailleurs être très prévoyant en la matière parce qu’entre Tinhir et la sortie des gorges du Dadès, pas la moindre station à l’horizon. La DS de la Baronne n’y a pas résisté, à court de carburant à 20 km du but (un local a emmené Dany chercher de l’essence tandis que Josy attendait dans l’auto, à l’ombre heureusement). Le Dangel d’Arnaud a serré ses grosses fesses arrivant quasiment à sec à la première station. Ce sont les deux seuls incidents notables de la journée, si l’on veut bien excepter les angoisses d’Alain Bour, dont la R5 chauffe depuis le début du rallye. Chaque jour, il imagine avoir trouvé la solution. Apparemment pas encore la bonne. Dernier gri-gri : laisser le capot entrouvert. On verra ce qu’il en sera demain…

La DS en panne d'essence !


Moi, j'y vois des doigts et vous ?

Pas content, Alain. Il trouve que sa R5 chauffe anormalement.