Les meilleures choses ont une fin, dit-on. C'est bien vrai, ma pauvre Lucette. Hier, il a bien fallu se rendre à l'évidence, le rallye touchait au but. Quelques kilomètres encore pour rallier Igoumenitsa et son port afin d'embarquer à bord du ferry qui nous ramène en Italie. Des kilomètres vite avalés, parce qu'il fallait être sur le port avant 14h pour l'enregistrement. Alors, personne n'a traîné, malgré la tristesse de ce qui ressemblait à un premier adieu à cette superbe édition, marquée certes par de beaux paysages, des sites de toute beauté, mais aussi par quelques incidents mécaniques heureusement sans conséquence pour les équipages, et surtout par la gentillesse des gens que nous avons rencontrés. Avec une mention spéciale pour les Albanais, souriants, enthousiastes, heureux de voir des touristes un peu frappadingues débouler avec des automobiles dont ils ne soupçonnaient même pas l'existence, le pays ne comptant qu'une centaine de voitures lorsque leur fada national, leur dictateur paranoïaque Enver Hoxha, est décédé dans les années 1990. Pour beaucoup, ce fut une découverte qui a balayé les stupides rumeurs qui circulent sur ce pays et ses habitants. Pour nous, la confirmation qu'il fallait vraiment venir une nouvelle fois pour partager ce qui, pour moi, fut un coup de cœur dès les premiers hectomètres en 2019.
Départ de Ioannina, sous le soleil qui a fini par déchirer une brume matinale qui tenait du brouillard londonien.
Laurent a eu droit au bizutage, made in Gégé. "T'as un bruit !"
Image étrange. Sur le port d'Igoumenitsa, les autos ont perdu leurs passagers !
Le passage en ferry est toujours assez sportif et folklorique. Les règles changent tout le temps, suivant l'humeur du moment sans doute ou juste parce que le chef s'est levé du pied gauche, qu'il n'a pas très beau, soit dit en passant (un jeu de mot à la Paumi qui en rappellera bien d'autres aux anciens). Cette fois, si nous n'avons eu que quelques passeports et cartes grises mélangées, ce qui permettait de créer de nouveaux couples (...), le régulateur avait décidé que seuls les conducteurs pouvaient passer avec leur véhicule et monter à bord. Les passagers et passagères devant s'y rendre à pied. Une lubie ? En tout cas, une grande première en vingt années de bourlingue sur des ferries. Au final, ça s'est arrangé un peu à la va-comme-je-te-pousse-parce-que-moi-je-fais-ce-que-je-veux, certains sont montés en couple à bord de leur voiture, d'autres se sont fait refouler sans ménagement, à grands renforts de borborygmes aboyés par un mastard peu amène, "gralogolou atrougalos fissa fissa" ou un truc du genre qui voulait dire, admirez la qualité du Google maison, "va voir ta grand-mère et plus vite que ça !". Y'avait pas moyen de désobéir à une telle injonction et c'est, tête basse, mais en n'en pensant pas moins, que nous sommes montés à bord, en continuant à se faire enguirlander parce que nous traînions des pieds ! Pfff !
Une mer d'huile pour une croisière paisible.
L'arrivée à Ancône.
Mais bon, la traversée s'est bien passée et c'était bien là l'essentiel. Vous imaginez bien que la descente a été du même tonneau, avec les passagers d'un côté, les conducteurs de l'autre, le tout se mélangeant parfois. Ce qui a donné quelques scènes cocasses, avec des dizaines de personnes alignées sur le côté, attendant que leurs compagnons arrivent avec leur carrosse, tandis que les hommes en jaune chargés de fluidifier la circulation en perdaient leur latin, ne comprenant pas très bien la situation, avec toutes ces femmes hurlant lorsqu'elles voyaient poindre le bout d'une calandre connue. "Chantal, c'est pour toi !" "Où ça ?" "Là, derrière la noire !", "Laquelle, elles sont toutes noires ? Ah, ça y est je la vois, mais je fais comment ? Je monte en marche ?" "Ben oui, essaye !" Avec un sac en bandoulière, ce n'est pas chose aisée, mais au troisième essai, l'affaire est dite, Chantal était dans l'auto !
Les passagers et passagères attendent leur chauffeur !
Dans la bonne humeur comme vous pouvez le constater.
Allez, Chantal, prends-la au vol la voiture !
Avant de monter sur le ferry, la Mercedes d'Eric avait fait un petit caprice. Une histoire de vis platinées charbonnées. Ce matin, elle est partie, tout contente finalement, de retrouver le bon air italien qu'elle aime bien, même si elle est allemande...
Le reste est anecdotique. Il fallait s'extraire du port, ce qui n'est jamais chose aisée, le quai excentré qui nous accueillait étant aussi étroit qu'un pantalon slim passé en machine à 100 °C. Puis trouver l'autoroute pour quitter Ancône et enfin tracer pour rallier Parme. Certains en ont profité pour faire un petit détour pour déjeuner en bord de mer, ou pour rendre hommage à Ayrton Senna sur le circuit d'Imola, ou pour tenter de se faire embaucher chez Ferrari (qui ne tente rien n'a rien, pas vrai ?), d'autres ont préféré poursuivre leur route pour rallier Nice avant la nuit ou leur maison près d'Ancône, ce qui, vous l'avouerez, était le plus facile.
Tiens, la Lotus Elan des Lefert qui fait le plein, du 100 pour ce moteur "pointu" !
Phiphi semble vouloir postuler chez un célèbre constructeur italien... Sauf qu'il me semble s'être un peu trompé. C'est bien un Ferrari, mais prénommé Alfredo...
L'entrée du circuit d'Imola ne laisse guère planer le doute. Ici, on ne jure que par Ferrari.
Beaucoup ont choisi le bord de mer pour un dernier vrai repas en Italie...
Voilà, ce 36e ou 37e rallye (j'ai peur d'en avoir perdu le compte exact) s'achève avec, comme toujours, un gros coup de blues, mais sur la promesse que, comme d'habitude, on se reverra bientôt. Bises à tous ceux et toutes celles qui nous ont suivis et à très vite pour de nouvelles Savane Aventures...