On nous annonçait une météo détestable sur Hendaye. Ça tombait bien, nous quittions notre village de vacances pour nous enfoncer dans la montagne et serpenter sur de petites routes tournant autour de la vallée de Baztan. Et vous allez rire, mais des gouttes de pluie, nous n'en avons eues qu'au retour, ce qui ne nous gênait pas plus que ça, la partie la plus belle se déroulant en matinée. Nous avons donc profité, et bien profité. Il suffit de voir les mines réjouies des participants pour s'en convaincre car la journée fut magique, avec en point d'orgue des agapes dignes d'une orgie romaine d'antan.

Le ciel avait beau être nuageux et menaçant, il nous a laissé tranquille toute la matinée.

Et heureusement, parce que ça permettait des haltes pour faire de jolies photos, pas vrai Hubert ?

Les premiers kilomètres n'étaient pas inédits. Nous commençons même bien à les connaître puisque nous sommes déjà passés par là pour revenir de Cambo-les-Bains le premier jour et hier en revenant de Saint-Jean-Pied-de-Porc. Mais, passé Ascain, nous avons dévié pour nous introduire subrepticement en Espagne afin de nous arrêter à Zuggaramurdi, le village aux Sorcières. C'est là qu'en 1610 eut lieu un célèbre procès qui a envoyé brûler sur le bûcher onze sorcières accusées de copuler avec le diable et de jeter des sorts à la populace. Toutes ayant avoué, comme on s'en doute, sous la torture et parce qu'on leur promettait la vie sauve en cas de repentance. Mensonge, mensonge, mensonge, les bourreaux étant bien pires que les pauvres innocentes victimes désignées par la vindicte publique. Un musée raconte cette tragédie pour que les générations futures ne reproduisent pas ce genre de chasse aux... sorcières. A voir comment évolue le monde, pas sûr que la leçon ait été retenue...

L'église de Zuggaramurdi a vu ses fidèles faire une chasse aux sorcières de sinistre mémoire.

Pas question de décapoter aujourd'hui, pas vrai Eric ?

Nous longions ensuite le flanc est de la vallée de Baztan pour passer par Goizamendi, Bozate, le col d'Ispeguy et ses multiples virolos avant de revenir en France par Saint-Etienne-de-Baïgorri, porte de la vallée des Aldudes. De là, nous avons de nouveau grimpé, d'abord pour marquer une halte à Banca dans un élevage de truites saumonées, mais surtout pour nous rendre chez Pierre Oteiza, un éleveur qui a réhabilité dans la région une race de cochon endémique, le Kintoa, énorme bestiau à la robe blanche et noire élevé en liberté, et qui fournit une chair goûteuse, bien persillée, son jambon étant aussi réputé que le Pata Negra espagnol. Certains vous diront même que c'est le caviar du jambon. C'est une évidence lorsqu'on le goûte et qu'on le compare au "classique" Bayonne, même l'affiné de deux ans. 

On se croise, on se décroise, on se recroise...

L'élevage des truites à Banca.

De beaux bestiaux en attente d'être... mangés !

Nous y avons été accueillis par le maître des lieux, son épouse et tout son personnel, aux petits soins, pour une dégustation des produits fabriqués sur place : ventrèche roulée, saucisson, saucisse sèche, chorizo, boudin noir, andouille bien relevée, rillettes, pâtés et autres douceurs arrosées d'un gouleyant Iroulegui. Pour terminer en beauté et radoucir le palais, on a enchaîné avec du fromage de chèvre et du brebis, accompagnés d'une confiture de cerise noire ou de coing, et avec un flan aux œufs d'une belle fraîcheur, sorte de rince-bouche pour apprécier encore plus le Paxaran de l'amitié. Des agapes inoubliables, ponctuées de chansons et de toasts en l'honneur de nos hôtes. Magique...

Si on ne le savait pas encore, c'est fait ! Nous rentrons dans le pays du Kintoa.

Oh, tu es bien jolie toi !

C'est Pierre Oteixa en personne qui sert l'apéro.

La table des cochonnailles.

L'ambiance monte d'un cran...

Le retour par le côté espagnol de la vallée de Baztan a été beaucoup plus paisible, d'autant que la pluie, très fine, nous a alors accompagné tout du long. Comme autant de larmes versées en hommage à ce Pays Basque si chaleureux et si accueillant que nous allons devoir bientôt quitter. A regrets...

Un grand merci à Pierre Oteiza, à son épouse et à tout le personnel pour leur accueil chaleureux et généreux ! Milesker comme on dit ici.