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Jour 3 - Abbadia

Le dimanche c'est, en principe, le jour du Seigneur. Un jour de repos pour se ressourcer. C'est du moins ce qu'on nous a appris durant notre jeunesse placée sous le signe de la catéchèse et de toutes les bondieuseries qui vont avec. Avec nous, le dimanche d'une AG rime plutôt avec cadences infernales et programme chargé ! Que voulez-vous, on aime tellement vous retrouver qu'on a un peu tendance à en rajouter. Et c'est vrai que, ce matin, l'assemblée générale avait un petit air d'animation au Club Méd, version Ehpad, cependant. Car, après les traditionnels bla-bla-bla sur ce qu'on a pu faire l'an passé, le rapport moral du président dont on sait très bien qu'il fait un copier-coller de l'assemblée précédente depuis 18 ans, celui, beaucoup plus sérieux, de notre chère trésorière sur les comptes de l'association, dans le positif après deux années négatives pour cause de Covid, et après avoir décidé que la prochaine AG aurait lieu à Evian (qui se trouve en Haute-Savoie pour ceux qui l'ignoreraient encore et non pas à l'Ouest ou dans le Centre, encore moins dans le Jura comme on a pu l'entendre !), nous avons lâché les chiens. Ou, plus exactement, notre président et son complice en bêtises patentées qui nous ont annoncé changer de catégorie pour leur prochaine saison de compétition, la précédente ayant marqué un sacré bémol dans leur progression. Ils sont donc arrivés, harnachés comme en Formule 1, mais portant une couche-culotte et au...guidon de déambulateurs pour une course effrénée dans les travées, marquées par de nombreux têtes-à-queue et incidents mécaniques puisqu'ils ont dû passer par les stands pour remplacer leurs quatre roues. Inutile de vous dire que cette assemblée s'est terminée sous les fous-rires et dans un charivari indescriptible avant la remise des coupes aux deux vainqueurs, un pot de compote chacun, car compte tenu de leur âge, ils n'ont plus guère de dents pour mâcher ! Depuis, je vous rassure, nous les avons remis à l'Ehpad et nous ne les ressortirons que l'année prochaine !

AG Hendaye

Jean-Pierre nous a ressorti une autre de ses Simca, un superbe Coupé Plein-Ciel de 1957.

Le reste de la journée était consacré à la visite du château d'Antoine Abbadia, construit entre 1864 et 1884 sur des plans de Violet-le-Duc, celui qui signait le Hibou ou se représentait dans les monuments ou maisons qu'il imaginait. Le maître des lieux était un sacré personnage, un scientifique comme on ne peut plus en faire, riche et heureusement, mais aussi profondément humaniste. Il avait deux passions, l'astronomie (et les sciences en général) qui lui ont fait construire cet immense observatoire avec sa lunette méridienne qui était encore fonctionnelle dans les années 1970, mais également pour l'Ethiopie, pays dans lequel il a longuement séjourné et pour lequel il vouait un amour sans bornes, au point d'en avoir appris deux des langues, celle que l'on utilisait pour la liturgie et les sciences (une sorte de latin local) et celle parlée par la population du nord. Il en a même écrit un dictionnaire... tout en affranchissant un esclave qu'on lui avait donné et dont on retrouve une sculpture dans le château, tenant un flambeau qui éclaire d'immenses fresques consacrées à sa vie en Ethiopie. 

AG Hendaye

Arrivée sur le château d'Abbadia.

AG Hendaye

Notre guide, Eugénie, raconte l'étonnant personnage qu'a été Antoine Abbadie...

AG Hendaye

La salle de travail où sont regroupés les instruments scientifiques.

AG Hendaye

La fameuse lunette astronomique dite méridienne qui se manipulait à trois personnes.

Il y aurait tellement à dire sur la vie de cet homme et de son épouse Virginie de Saint-Bonnet que je préfère vous renvoyer à ses publications sur l'ethnologie, la langue basque qu'il a largement contribué à réhabiliter, le droit, l'Ethiopie, les sciences physiques, l'astronomie, etc. Sans oublier les 17 ou 18 tomes que constituent ses Carnets de Voyage, ainsi qu'aux nombreux ouvrages qui évoquent sa vie et son œuvre.

 

AG Hendaye

La bibliothèque et ses milliers d'ouvrages, pour la plupart scientifiques.

AG Hendaye

L'une des fresques qui racontent l'histoire de l'Ethiopie et les rites de l'église chrétienne protestante qui dominait.

Le château qu'il s'est ainsi fait construire témoigne de sa vie foisonnante, de son amour pour les cultures et pour la culture, pour les sciences qu'elles soient physiques, astronomiques ou humanistes et de son éternelle curiosité. Pensez qu'il a fait bâtir ce bâtiment en forme de Y pour une raison étonnante : en imaginant tout un système de lentilles et de conduits percés dans les murs pour pouvoir observer la Rhune, le plus haut sommet du Pays-Basque vers lequel l'entrée du château est orientée. Sans succès, parce que, malgré tous ses efforts, il n'a jamais pu atteindre son objectif, d'abord parce que le sommet était trop près, ensuite parce qu'il aurait fallu que toutes les lentilles soient à la même température pour éviter toute diffraction de la lumière, ce qui était impossible. Mais avouez que le bonhomme avait de l'idée !

AG Hendaye

L'architectue de Violet-le-Duc joue souvent sur le trompe l'œil comme cet escalier sans fin...

AG Hendaye

Dans la chapelle, des paroissiens bien attentifs !

Comme vous le voyez, notre journée à nous a également été variée, sérieuse, potache puis finalement éducative. Ce soir, nous nous coucherons moins bêtes, sans doute, mais surtout avec la sensation de s'être bien marrés, ce qui reste, vous en conviendrez, le but de telles rencontres...


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