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Jour 08 - Cordoue / Grenade

Petite séance de rattrapage parce qu'il s'est passé des choses depuis la publication du précédent post. Et de belles qu'on pensait pouvoir me cacher. Mais c'était sans compter sur toutes les langues de p... qui n'ont pas leur smartphone dans leur poche et dégainent dès qu'ils sentent la bonne histoire. Tout a commencé avec le trio infernal, Michel Le Bail/Philippe Sauvat et Jean-Louis Loubet, les inséparables. Ces trois-là avaient décidé d'aller faire quelques courses, histoire de réapprovisionner la remorque en petites douceurs pour l'apéro du soir. Et ils ont choisi la seule auto du groupe capable d'accueillir plus de deux passagers, la Samba de Michel. Si vous vous souvenez, cette auto multiplie les petits problèmes électriques depuis quelques jours et nos petits camarades sont plus souvent sous le capot qu'au bar, ce qui est d'ailleurs assez surprenant quand on connaît leur appétit pour tout ce qui est liquide. Mais bon, passons. Sur la route du retour, la Samba s'est soudain mise à ratatouiller avant de décider de s'arrêter sur un beau zebra, quasiment sur l'autoroute ! Capot levé, nos gaillards ont commencé à rechercher tranquillement l'origine de la panne lorsqu'une voiture blanche s'est garée devant eux, laissant descendre une accorte jeune femme blonde aux formes généreuses dont la profession ne laissait planer aucun doute. Fifi et Michel ont plongé le nez un peu plus sous le capot, intimant à Jean-Louis de « gérer la dame » que nos énergumènes gênaient manifestement dans l'exercice de son sacerdoce. Lequel Jean-Louis s'est empressé de filer à... l'opposé, manière élégante de se défiler. La jeune femme a hésité, se posant manifestement la question de savoir si elle pouvait réussir un beau tir groupé, avant de faire la moue devant le peu d'empressement marqué par nos énergumènes. Car, même si elle admirait en connaisseuse le bel arrondi de leurs croupes penchées sur la Samba, elle a vite compris qu'elle ne pourrait pas consommer. Poussant un soupir de dépit et leur lançant une œillade égrillarde qui les laisse encore tout émoustillés, elle a tortillé des fesses pour trottiner menu quelques mètres plus loin et y trouver rapidement son premier client de la soirée.

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Fifi et Michel mettent le nez sous le capot de la Samba. Ce n'est pas bon signe !

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Soudain, une voiture blanche se gare à côté de la Samba et une accorte escort en sort, toute frétillante !

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Bon, ben voilà, on revenait du ravitaillement, et blablabla, blablabla...

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Le connecteur fautif, celui qui a causé les probèmes électriques de la Samba...

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L'équipe d'assistance devant la Samba...

Nos trois amis ont vite recouvré leurs esprits, trouvant au passage la source de la panne qui était bêtement électrique. Une connectique qui, ils le constateront un peu plus tard dans la soirée, laissait à désirer. Par la même occasion, ils ont trouvé le pourquoi du comment du refus de sauter l'obstacle de la pompe à essence. Celle-ci marche en fait très bien, mais elle était victime d'un contact erratique dû à ce connecteur défectueux. Bref, quelques kilomètres de fils plus loin et quelques centaines de cosses resserties plus tard, Michel est reparti ce matin un peu plus confiant en son auto. D'autant qu'il en a profité pour remplacer une durit d'essence qui pouvait, également, concourir à cette panouille à répétition.

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Aïe, une vitre éclatée par un caillou... Pas de chance Michel.

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Aspire mon Didier, aspire ! C'est qu'il y en a des morceaux de verre !

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Pendant ce temps, Yannick démonte l'autre vitre qui va nous servir de modèle.

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Découpe au lapidaire, un coup de lime et zou, une vitre neuve !

Parallèlement, Michel (tiens, encore un Michel, y aurait-il une malédiction liée à ce prénom ?) Perroux a découvert que sa Mercedes avait été agressée par un caillou, jeté avec violence par une tondeuse à gazon. Résultat : une vitre latérale en un petit millier de morceaux. Par chance, nous avons toujours un bout de Lexan dans la remorque-atelier, et nous avons découpé une autre vitre pour qu'il puisse poursuivre le rallye. Il n'a décidément pas de chance notre Michel, en trois jours il nous a changé une batterie, a crevé une roue et maintenant on lui envoie une vitre ad patres ! Espérons qu'il aura fait le tour des misères car il reste encore plus de 2.000 km à faire avant de rentrer à la maison !

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Mais que vous est-il arrivé ? Votre voiture est toute sale ! « M'en parle pas, des piafs lui ont ch... dessus toute la nuit ! Et c'est du gros ! »

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Dernières recommandations pour l'arrivée à l'hôtel du soir. Nous avons reçu des instructions très précises pour garer nos autos en toute tranquillité. Les Cressant sont tout ouïes et c'est, pour nous, l'occasion de faire un bisou à Solène, leur fille, qui a déjà fait un rallye avec nous.

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Le malade d'hier va bien. La voiture, hein, parce que le conducteur, lui, il se porte toujours bien !

Voilà pour la séance de rattrapage. Place à la route du jour. Pas très longue, moins de 200 km, toujours sous une intense chaleur avec, cependant, quelques nuages qui nous ont offert un peu de pluie sur le parcours, mais pas assez pour nous rafraîchir. Il faut encore descendre pas mal de bières pour maintenir nos corps en dessous de la zone rouge !

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La fabrique d'huile d'olive Nuñez de Prado.

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A gauche une presse, en face un filtre...

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L'une des meules qui broient les olives pour obtenir une pâte.

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Cela fait plus de 70 ans que ces amphores ne sont plus utilisées pour stocker l'huile, mais on les a conservées pour leur beauté.

Premier arrêt : Baena, village qui, dit-on, produit la meilleure huile d'olive d'Espagne. Voire même du monde ! On n'a pas peur d'être dans l'excès quand on aime, non ? Les plus malins auront fini par atterrir en plein centre, chez Nuñez de Prado, où l'on fabrique de l'huile d'olive depuis le XVIIIe siècle. A cette époque, il n'y avait même aucune habitation sur place, en dehors du moulin qui se transmet de génération en génération jusqu'au Francisco Nuñez d'aujourd'hui qui, il y a dix ans, est passé au bio. Le village s'est petit à petit construit autour du moulin qui ne ressemble pas à un moulin, mais plutôt à une usine à taille humaine où se mêlent machines et êtres humains, dans un process qui nécessite encore pas mal de main d'œuvre. Nous avons eu la chance de le visiter dans une période calme, la récolte se faisant durant le mois d'octobre. Et avec un employé de l'usine passionné par son métier. Nous avons ainsi appris qu'ici on ne pressait pas les olives mais qu'on commençait par les écraser avec leurs noyaux, leurs queues, voire des feuilles, entre des meules de granit, afin d'obtenir une sorte de pâte qui est envoyée dans un filtre où elle est gentiment malaxée, laissant couler un premier jus, celui qu'on appelle la fleur d'olive. Ce liquide est envoyé dans des cuves de décantation pour séparer l'eau de l'huile et, progressivement, ne conserver que l'huile. Ce long process s'achève ensuite dans des cuves en inox où l'on stocke ce nectar avant de le mettre en bouteille. C'est ce qu'on appelle une première pression, même si ici il n'est pas question de pression comme on l'a vu, et ce jus est très arômatique et très goûteux. On s'en sert exclusivement pour le boire nature ou pour assaisonner, par exemple, les salades. Pas en cuisine, parce qu'il noircit à la chaleur.

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Désormais, l'huile est stockée dans de grandes cuves en inox.

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Notre guide explique l'étiquetage et notamment la traçabilité de cette première pression qu'on peut considérer comme un cru...

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L'étiquetage se fait toujours à la main !

La pâte qui reste dans le filtre est, elle, étalée sur de grands  “scroutins” (paniers plats) ronds en matière plastique (avant, ils étaient tressés avec de la corde, mais celle-ci donnait un goût et un arôme qui étaient assez forts), entassés les uns sur les autres (50 couches) avant d'être pressés par de grandes presses hydrauliques. Le jus qui en sort est ensuite décanté comme pour la fleur d'olive, c'est ce qu'on appelle la seconde pression à froid. On retrouve, dans cette huile, les marqueurs de la première, mais moins prononcés, plus atténués. On peut s'en servir pour assaisonner à froid, mais plus sûrement pour cuisiner à chaud, parce qu'elle résiste bien aux températures de cuisson. Inutile de vous dire que nous avons fait le plein de cette huile au goût très prononcé que l'on reconnaît entre mille.

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Des oliviers, des oliviers, des alignements d'oliviers sur des dizaines et des dizaines de kilomètres et à perte de vue !

On passait ensuite par Zuheros pour se balader dans ses ruelles pentues et admirer les ruines de son castillo daté du IXe siècle dont il ne subsiste qu'une infime partie, suffisamment imposante pour imaginer ce qu'il fut du temps de sa splendeur. On passait ensuite par Priego de Cordoba, village à l'architecture baroque, puis par Alcalá-la-Real pour y admirer la forteresse de La Mota qui écrase la ville de sa masse gigantesque. Le tout dans un paysage vallonné, planté de millions d'oliviers qui occupent le plus petit bout de terrain de toute cette région, jusqu'aux premières maisons de Grenade, terme de notre huitième journée !

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Du château de Zuheros, il ne reste que quelques ruines imposantes.

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La forteresse de La Mota qui domine Alcalá-la-Real.


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