Journée de repos. Il fallait bien ça et ça permet de calmer nos petits nerfs, bien excités par l'esprit malin qui, parce qu'elle avait un mini pouvoir, en a abusé sans discernement. On va l'oublier et préférer retenir le bon côté de nos rallyes : la panouille mécanique. Hier, je vous avais annoncé que la 304 de nos amis bergeracois, les Villechanoux, avait encore fait des siennes. Mais, cette fois, c'était moins pire qu'en Irlande où son moteur l'avait lâchée sur le port de Rosslare. Au point que Sylvie avait voulu la brûler sur place. Pas sûr, d'ailleurs, qu'elle ne regrette pas aujourd'hui qu'on ne l'ait pas laissée faire. Cette foisd, c'est le câble d'embrayage qui a pété. D'où l'expression "péter un câble".

Une 304 sur plateau ? Ça ne saurait durer...

On mesure du câble chez Tharros Ricambi...

Un petit coup de filetage et l'affaire est (presque) dans le sac.

Figurez-vous que ça ne nous a pas affolé une seconde. Bien au contraire. Ça nous donnait une nouvelle occasion de faire les boutiques, entendez les magasins de pièces détachées, les auto ricambi comme on dit ici. Nous avons donc pris Christophe sous le bras (ce n'est pas facile, je vous l'accorde !), le câble "pété" et avec Daniel et Yannick, nous avons filé sur Oristano, la ville la plus proche. Nous avons rapidement trouvé notre bonheur chez Tharros. Pas un câble de 304, vous l'imaginez bien et à voir la tête des magasiniers, c'était un peu comme demander la lune. Trop vieux ! Mais comme ils étaient plutôt du genre à vouloir trouver avec nous une solution, ils ont fouillé dans leurs stock et sorti plusieurs câbles, jusqu'à ce que nous en trouvions un suffisamment long, mais qu'il allait falloir couper et fileter pour pouvoir le monter à la place de l'ancien. Cent mètres plus loin, c'est donc chez une entreprise de mécanique générale que nous avons atterri. Une maison aussi vieille que son patron, un petit pépère sec comme une trique, mais l'œil vif qui mène son personnel à la baguette. Si le petit jeune au comptoir semblait perdu sur ce que nous voulions faire, lui a compris immédiatement. Et il a expliqué à Marcello comment faire. Le tout pour une poignée de cacahouètes et avec le sourire. A voir les photos de l'atelier au début de l'autre siècle, on comprend qu'ici on travaille encore à l'ancienne, et il n'y a d'ailleurs pas une seule machine à commande numérique, encore moins de tous ces systèmes de sécurité qui rendent improbable toute activité digne de ce nom. Quand il faut faire, on fait, disait le papé. Ils ont fait et il ne nous restait plus qu'à dénicher un serre-câble pour fixer le tout sur la chape, ce que nous avons trouvé sans difficulté chez un marchand de pièces agricoles.

Et pendant ce temps-là, il y en a qui se la coulaient douce...

Par contre, nous n'avons rien pu faire pour le régulateur de la R8 Gordini de Guy Lefert. Là encore, nos autos sont trop vieilles pour qu'il reste encore des pièces. Encore que nous ne désespérions pas, car en traversant les villages sardes, ce serait bien le diable si nous ne tombions pas sur un vieux garage ou une officine couverte de poussière dans laquelle on pourrait trouver l'introuvable, vous savez ce qui ne se trouve pas dans un ordinateur ou sur internet mais sur l'étagère sans âge d'un gars qui, comme nous, ne jette rien et se moque de l'état de son stock sur lequel, en France, on paye des impôts puisqu'on paye sur tout, y compris sur ce qui ne se vend pas. Toute notre vie, et même après notre mort. Faudrait, un jour, qu'on s'amuse à calculer combien on aura donné à l'état tout au long de notre existence et qu'on compare ça à ce qu'il fait pour nous. Mais ceci est un autre débat...

Sacré Laurent. Il faut toujours qu'il se fasse remarquer par la maréchaussée !

Pour le reste, c'était donc tranquille. La grande majorité des participants a choisi de buller, profitant de la plage, d'une eau à 27 °C et des piscines pour se refaire la cerise. Bien peu ont osé affronter la chaleur (plus de 30 °C à l'ombre !) pour aller visiter le site de Su Nuraxi et ses nuraghe remontant à l'âge de bronze, des édifices de défense qui peuplent l'île mais que nous n'avons jamais réussi à trouver tellement ils sont inaccessibles, cachés dans une nature sauvage et peu décidée à livrer ses secrets. Ce site est l'un des rares à être facilement atteignable, mais nous ne le verrons pas encore cette fois. Laurent a voulu y aller lui, mais il s'est fait arrêter par la maréchaussée. Les versions divergent : certains prétendent qu'il a commis un excès de vitesse, d'autres que sa chemise ouverte sur sa bedaine constituait un délit d'exhibitionnisme, d'autres enfin qu'il voulait en fait les inviter à boire un coup. Ce que j'ai du mal à croire parce que, j'en suis témoin, il ne boit plus que de l'eau ! Demain, nous reprendrons la route, direction l'est de l'île et ses belles plages. Toujours sous la canicule... Mais qui s'en plaindrait ?

Et encore des murales...

Le site Nuraghe de Su Nuraxi.

Dernière minute : ça sert toujours de parler ! Figurez-vous que Jean-Marc Fluck avait un régulateur de secours dans sa voiture. En bon samaritain qu'il est, il l'a passé à Guy ! Elle est pas belle la vie ?