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Mai - Jour 04 - Cangas del Narcea / Saint-Jacques-de-Compostelle

Pas de chance : le soleil n'a pas daigné se montrer. La pluie non plus d'ailleurs, ce qui était un moindre mal. Mais le ciel bas n'a pas permis de profiter des paysages magnifiques dans les montagnes qui séparent Cangas del Narcea de Lugo. Le plus souvent, c'est dans les nuages, tous feux allumés, que nous avons dû rouler. Avec une brève éclaircie du côté de Grandas de Salime et de son barrage. Un lieu grandiose, les mines et le village d'ouvriers abandonnés donnant au paysage des allures de fin du monde. Pour un peu, on s'attendrait à voir surgir Mad Max des profondeurs de la terre, au volant d'un improbable engin crachant le feu et la fureur. C'est pourtant là que nous avons rencontré un groupe de pèlerins français et notamment son doyen qui va fêter, dans quelques jours à Saint-Jacques de Compostelle, ses 70 ans. Il n'en est pas à sa première expérience car il a déjà parcouru la plupart des grands chemins qui mènent à Santiago. Celui-ci est cependant le plus pur, car il est le premier, celui qu'a emprunté Alphonse II, à partir d'Oviedo. L'un des plus difficiles également, puisqu'il ne cesse de monter et descendre. Il nous a raconté avoir cependant fait bien pire, 1200 km depuis Valencia, en traversant la Mancha (« deux semaines sur un chemin droit comme un i, au milieu d'un désert minéral, sans avoir jamais rencontré personne »). Il avoue que le sens du pèlerinage a bien évolué depuis son tout premier, un demi-siècle plus tôt. « Aujourd'hui, c'est un peu la course d'empoigne pour arriver aux albergues et prendre une chambre. Certains courent même pour être les premiers. C'est surtout vrai sur les autres itinéraires. Celui-ci est emprunté par les puristes et leur état d'esprit est resté, pour l'essentiel, inchangé. »

Iberica

La route appartient à tous, mais surtout aux vaches qui nous regardent passer, quand elles ne nous arrêtent pas pour voir de plus nos étranges montures !

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Grandas de Salime.

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Sur le bord de la route, nous avons croisé des centaines de petits groupes, vus des dizaines de nationalités marcher du même pas volontaire, animés par une foi qui les pousse à parcourir 20 à 25 km par jour, pendant deux, trois, quatre, cinq, voire six semaines. Tout ça pour arriver à Saint-Jacques de Compostelle et se recueillir sur le tombeau de l'apôtre Jacques le Majeur, situé dans la crypte de la cathédrale. Et, tout au long du parcours, faire tamponner son carnet. Ces dernières années, le pèlerinage de Saint-Jacques a retrouvé de la vigueur après des décennies de quasi abandon. Ils sont désormais près de 300.000 à l'accomplir chaque année, venant de tous les continents puisque notre "doyen" a croisé sur sa route des Africains du Sud, des Coréens, des Chinois, des Japonais, des Péruviens, des Américains, au milieu des hordes d'européens. Pas uniquement par religiosité, mais parce que se retrouver ainsi à marcher d'un même pas sert à faire le point sur sa propre vie, ses envies et ses priorités.

Iberica

Saint-Jacques-de-Compostelle.

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