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J2 - Tétouan / Meknès

Ce n'était pas jour de marché à Chefchouaen (le souk se tient seulement les lundi et jeudi). Dommage pour l'ambiance colorée apportée par les dizaines de femmes berbères (les Jebli) descendues du Rif pour apporter leur production potagère, fèves, herbes aromatiques, pommes de terre, oignons rouges, carottes ou tomates. Chapeautées et vêtues d'atours bariolés, elles investissent le Bâb Souk, en bord de Médina, dévalant ensuite les escarpements qui plongent vers la ville moderne, installée plus bas. A leur suite, un babillement permanent accompagne le touriste, alpagué dans un mélange d'espagnol et de berbère rappelant les origines de cette ville à nulle autre pareille. Aujourd'hui, c'était bien plus calme pour profiter de ce trésor d'architecture dans laquelle on retrouve les influences andalouses des fondateurs du lieu, des mauresques (1471) et des juifs chassés d'Espagne par le décret de l'Alhambra (1492). Interdite à cette époque aux chrétiens (mesure compréhensible dans la mesure où ce sont eux qui les persécutaient en Andalousie et les massacraient par milliers, sauf à accepter une conversion forcée), et semble-t-il peinte alors en vert, couleur sacrée de l'islam, Chefchaouen (littéralement “Regarde les cornes”, en référence aux sommets montagneux qui l'entourent) est, par un de ces retournements de l'histoire qui en font tout le sel, entrée dans le giron de l'Espagne de 1920 à 1956. Ce qui explique qu'on y parle toujours le castillan, et quasiment pas le français.

Considérée aujourd'hui comme l'une des plus belles cités du monde, Chefchaouen est une ville en espaliers, faite de ruelles, d'escaliers interminables, de portes colorées (on murmure que celles qui sont peintes en marron abritent des juifs, en vert des berbères et en bleu des mauresques) de passages ombragés où se mêlent des camaïeux de bleu, teinte dont on ne sait pas trop pour quelle raison elle recouvre l'essentiel de la Medina. Certains prétendent que c'est pour chasser les fourmis, mouches et moustiques qui auraient une peur... bleue de cette couleur (!). D'autres affirment que ce sont les juifs chassés par les pogroms, au milieu des années 30, qui auraient commencé à peindre leurs maisons pour attirer les bonnes grâces du ciel. On murmure également que le bleu aurait plus prosaïquement été choisi pour atténuer la lumière du soleil, surtout en été. Peu importe que l'une ou l'autre de ces explications soit avérée, le lieu impose un calme et une douceur à nuls autre pareils. Les habitants y sont plus détendus qu'ailleurs, rarement pressés. Sans doute moins stressés par la consommation de l'autre richesse locale, le cannabis que l'on consomme aux terrasses de café ou que l'on vous propose, à voix chuchotée, au détour d'une ruelle. Mais attention, si le kif a ici droit de cité, c'est une tolérance plus proche du droit coutumier que du droit pénal, et si vous êtes pris en train de fumer ou en possession de cannabis, la sanction est lourde. Il vaut mieux goûter la spécialité locale, le fromage de chèvre, que l'on trouve sous toutes ses formes, parfois même peu banale, à l'image du gouda de chèvre ! Et savourer une nourriture saine qui lui a valu le titre de Communauté Emblématique de la Diète Méditerranéenne, liée à des pratiques et une alimentation basée sur l'huile d'olive, les céréales, les fruits et légumes frais ou séchés, les produits laitiers, de la viande et du poisson en petites quantités et les épices.

Rares sont ceux qui ont échappé à la nonchalance du lieu, prenant leur temps pour déjeuner en terrasses de keftas aux œufs, de tajines de poulet au citron ou de salades goûteuses. Comme une parenthèse avant la longue route qui serpentait dans les contreforts du Rif pour descendre sur Meknès, très contrôlée par les forces de l'ordre qui surveillent aussi bien le trafic de kif que les excès de vitesse. Quelques-uns se sont fait sermonner (n'est-ce pas Amédée) mais sans plus de dommages, les autorités veillant à être plus tolérantes pour les touristes que pour le reste de la population. Ce qui ne doit cependant pas occulter le respect d'un code de la route pourtant souvent mis à mal par les locaux qui conduisent parfois à tombeau ouvert sur ces routes sinueuses empruntées par des camions surchargés de paille ou de denrées qui peinent à 25 km/h dans les longues montées.

Journée tranquille, paisible même dirons-nous, à peine entachée par la panne récurrente d'un Iltis qui faisait des caprices d'allumage, la faute à un transfo qui, compte tenu de la température ambiante (plus de 30 °C), se mettait en surchauffe. Nous avons mis du temps à identifier le problème, mais c'est fait et le problème va être résolu dès ce soir pour que Gérard et Mary repartent demain sans crainte. Nous passerons sous silence le road-book qui, par une de ses fantaisies habituelles, avait zappé une quinzaine de kilomètres dans et autour de Meknès, ce qui a occasionné quelques jolis jardinages avant l'arrivée à l'hôtel. Mais tout le monde est arrivé et l'ambiance est zen, portée par la magie de Chefchaouen qui plane encore dans l'arrivée et brille dans tous les yeux...

Maroc Revival

Nous avions pourtant dit aux participants de ne pas trop se surcharger !

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Départ au petit matin pour la plupart des raideurs, Pierre Bourdon et sa Rodéo en tête.

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La magie de Chefchaouen. Une ville bleue sur fond bleu !

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Chefchaouen et ses ruelles, un enchantement à chaque pas.

Maroc RevivalMaroc Revival 

Les portes de Chefchaouen mériteraient, à elles seules, un album photographique !

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Les pigments avec lesquels on peint les murs mais également les éléments décoratifs.

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Des femmes du Rif étaient descendues de leur montagne pour profiter des douceurs de la cascade de Chefchaouen, vêtues de leurs plus beaux atours.

Maroc Revival

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La panne récurrente du jour : l'allumage de l'Iltis...

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Une panouille peu banale : levier de vitesse cassé sur la Colorale de Thierry qui en a improvisé un autre avec les moyens du bord.

 

 

 


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