Sabotage ! Yffick était vert de rage. N'était pas le seul. Devant la brasserie Guinness, cinq voitures du groupe s'étaient sagement rangées les unes derrière les autres, ayant consciencieusement acquis leur ticket de stationnement. Mais n'avaient pas regardé le marquage au sol. Il était écrit “Coach”, ce qui signifie que les emplacements qu'ils avaient choisis étaient réservés aux... autobus. Ça n'a pas traîné. Ils étaient sans doute encore en train de payer leur entrée pour visiter la brasserie qu'ils avaient un joli sabot jaune autour de la roue AV gauche. Le premier à s'en apercevoir, deux heures plus tard, ce sera Christian Sirier qui, affolé, nous demande quoi faire ! Nous sommes déjà loin, mais nous comprenons vite l'urgence de la situation parce qu'il y a un bateau à prendre et l'expérience montre qu'il ne faut pas traîner pour régler ce genre de problème. En quelques minutes, nous trouvons la procédure pour régler l'amende (un numéro de téléphone, une carte bleue et 80 euros plus tard, l'affaire est faite), mais il reste à prévenir le quidam qui enlève le sabot qu'il a mis. Pour Yffick et Christian, la chance veut qu'il maraude dans le coin. Petit sourire sardonique sur les lèvres, c'est en sifflotant qu'il déverrouille les deux premiers sabots. Il en reste trois. Mais nous mettons du temps à joindre nos spiteux et le Pontiacman. Le temps qu'ils arrivent à leur tour, qu'ils règlent l'amende, et notre bonhomme a pris la poudre d'escampette. Sans doute pour aller boire une pinte de Guinness à la bonne santé des touristes qui alimentent aussi facilement les caisses de la commune. Il faudra l'intervention d'une guide de Guinness pour faire accélérer le mouvement, mais ils ne seront libérés qu'autour de 15h. Sans avoir mangé, bouillant à l'intérieur mais finalement soulagés de pouvoir repartir et arriver à temps pour embarquer.

Pour un peu, cependant, ce n'est pas eux qui auraient été les vedettes de la journée. Francis a failli nous faire la panne du rallye. Figurez-vous qu'il ne surveille pas les niveaux d'huile de sa Panhard depuis le début du rallye ! Pire, il se moquait de tous ceux qui le faisaient au petit matin, machinalement. « Moi, j'ai fait la vidange avant de partir ! » nous balançait-il, sûr de lui. Sauf qu'à Avoca, alors que nous visitions l'une des plus anciennes filatures au monde, nous l'avons vu capot ouvert, la mine inquiète. « J'ai le voyant d'huile qui s'est allumé ! » Et pour cause, il manquait près d'un litre ! Pour un peu, il nous pétait son vilebrequin le Francis. Heureusement, tout est bien qui finit bien. Tout le monde est monté à bord, la mer est d'huile et c'est avec nostalgie, des souvenirs plein la tête et des amitiés nouvelles que nous rentrons dans nos foyers. So long Ireland, we'll come back!