Etape de transition. Dans tous les sens du terme. Nous avons quitté la France sous des nuages grisonnants, les montagnes couvertes de neige, les cols fermés, les chasse-neige au travail, la DDE à hue-et-à-dia, l'humidité dans les autos pas encore chassée pour arriver en Italie et crever de chaleur ! Ce ne sont pas un ou cinq degrés que nous avons pris, mais près d'une vingtaine à 400 km de distance... Un changement radical qui fait du bien et pousse à enlever quelques peaux devenues inutiles. Et pourtant, les kilomètres n'étaient pas bien passionnants. Contraints d'emprunter le tunnel du Fréjus, la plupart des cols étant enneigés et impropres à la circulation, nous n'avons fait que de l'autoroute ou presque. Un ruban de bitume sans le moindre intérêt même si, de temps à autre, on apercevait la plaine du Pô et ses rizières.

Du coup, tout le monde a tracé et c'est en début d'après-midi que nous avons rallié le terme de notre première étape de liaison, au sud de Bergame. Un endroit calme, ombragé, où nous sommes accueillis comme des coqs en pâte. Vous nous direz que c'est normal pour des Français, mais tout de même, ça fait plaisir. Les autos en ont profité pour se faire sticker de tous les côtés et revêtir leurs atours de rallye. Elles ont bien meilleure allure, je vous le garantis.

Seule ombre au tableau, l'absence de nos amis Laurent Mouchère et Cath Mamicha. Leur break Renault 12 a rendu l'âme en arrivant à Aix-les-Bains. Les compressions passaient dans le circuit de refroidissement, les spécialistes apprécieront. Du coup, faute d'avoir pu louer une voiture capable de franchir les frontières (il paraît que Hertz et Avis n'assurent pas la Croatie, on se demande pourquoi, sans doute parce qu'il paraît que bon nombre de conducteurs roulent là-bas sans assurance, mais n'est-ce pas déjà le cas par chez nous ?), ils ont sauté à bord d'une auto moderne pour retourner chez eux (du côté d'Evreux, en Normandie), et redescendre avec une autre voiture pour nous rejoindre demain soir ou, au plus tard, lundi dans la journée à Venise ! Un sacré périple : 1.800 km... Ils ne vont pas chômer, mais Cath a été ferme : « J'ai fait trop de sacrifices ces derniers mois pour renoncer si près du but. On a dit qu'on allait en Croatie, on ira. A pied, à cheval, en voiture, à dos d'âne, en roller, en skate-board, en BMX, à cloche-pied, à trottinette, accrochés au pare-chocs d'une autre voiture, en passager clandestin dans l'essieu d'un camion ou en détournant un avion, mais on ira ! » Avec une telle volonté, nous voilà rassurés. D'autant qu'aux dernières nouvelles, ils sont déjà arrivés à Evreux et qu'ils chargent les bagages dans leur auto...