Amesure que nous approchons du terme de cette édition italienne, les regrets s'accumulent. Les paysages traversés entre Marsala et Palerme ont constitué une forme d'apothéose de notre périple sicilien. On voudrait pouvoir rester et profiter de la douceur de vivre sous cette latitude et de cette campagne changeante, de ces vallées qui s'enchaînent sans jamais engendrer de lassitude, de ces petits villages gorgés de soleil où l'on s'assoie sur le trottoir pour regarder le temps passer et saluer les quelques rares touristes qui osent s'aventurer sur des routes dont on a compris pourquoi elles étaient en aussi mauvais état. Elles sont à l'image d'un pays où les rues sont si pentues qu'elles finissent par s'achever en escaliers. Les ingénieurs du cru font pareil avec les routes, elles débutent normalement, puis se déforment progressivement sur les côtés avant de dessiner des marches qu'il faut grimper une à une avec prudence et en prenant son temps. Au passage, quelques chiens tentent de vous faire comprendre que vous devez rejoindre le troupeau, des moutons traversent sans regarder, et les paysans saluent votre courage ou votre inconscience. Quelques villages abandonnés vous rappellent cependant que le pays est rude, secoué régulièrement par des tremblements de terre et que, si l'on fait deux récoltes par an, c'est au prix d'efforts parfois surhumains. Rien ne se fait simplement ici, c'est sans doute aussi ce qui explique l'accueil chaleureux que l'on reçoit partout dès que l'on fait l'effort de souligner d'un « Buon giorno » tonitruant notre entrée dans un bar ou une épicerie.
Après une traversée sans histoire entre Palerme et Naples, sur une mer d'huile, nous voici de retour au milieu de la botte. A une journée du terme. Déjà...