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Italia Mai - Jour 03 - Salerno
Quelle journée ! Compliquée. Elle était open en fonction des désirs de chacun, car il était impossible de tout mener de front, sachant que nous revenons à Naples dans un peu plus d'une semaine et ce qu'on n'a pu voir lors de cette étape, on pourra toujours le rattraper au retour. On pouvait donc choisir de visiter Pompéi ou Herculanum, préférer swinguer sur la magnifique mais terriblement tournoyante cote amalfitaine ou prendre une route de montagne qui plonge sur Caserta et longe de superbes lacs enchâssés dans des paysages de rêve. Bref, chacun faisait comme il lui plaisait, avec pour seule contrainte de ne pas rester trop loin du parcours prévu sur le road-book.
Comme vous le voyez (ou plutôt comme vous ne le voyez pas), il n'y a pas de film pour cette étape. La raison ? Comment dire ? Un “incident” technique... majeur. Rien à voir avec la caméra, non. Ça aurait plutôt à voir avec la voiture du cameraman. Une 203 fourgonnette superbement préparée dont personne n'aurait imaginé qu'elle puisse connaître pareille mésaventure. Or, ne voilà-t-il pas que sur l'autoroute qui mène à Herculanum, elle s'est trouvée prise d'une énorme quinte de toux. Le genre à se faire dresser les cheveux sur la tête. Un barouf du tonnerre ! Comme si le pot d'échappement s'était fait la malle, entraînant avec lui bielles, pistons et autres douceurs qui composent un moteur. Puis plus rien. Peau de zobi. Niente. Plus moyen de redémarrer, ou alors sur un quart de cylindre et en émettant une fumée toute droit sortie du carbu. Blanche comme une élection papale. Puante comme un épandage un matin d'orage. Bref, notre cameraman n'a pas d'autre alternative que de se poser discrètement sur le bas-côté. Or, pour ceux qui l'ignoreraient, les autoroutes italiennes n'ont pas de bande d'arrêt d'urgence. La 203 n'a pas de warning, ça ne se faisait pas en ce temps-là.

Herculanum
Herculanum
Herculanum
Herculanum
Herculanum
Herculanum
Herculanum
Herculanum

Qu'a donc fait notre impétrant ? Il ne s'est pas démonté. A stoppé, revêtu un gilet jaune, une casquette rouge, fait la circulation et repéré, 200 m plus haut un panneau Travaux qu'il s'est empressé de récupérer pour neutraliser sa voie. Malin comme un singe le bougre. La chance (parce qu'il en a, à un point qu'on n'imagine même pas) a voulu qu'un quidam arrête son véhicule devant la 203. Sorte en souriant et explique moitié en italien, moitié en anglais, le reste dans un dialecte improbable mêlant mots de français et d'allemand (je sais, ça fait plus de deux moitiés, et alors ? Nous sommes en Italie, tout prend ici des allures de comedia dell'arte...). Bref, notre amoureux des anciennes, car c'en est un, s'avère également être propriétaire d'une compagnie d'assistance. Sacré Patrizio. Il sait y faire, il explique qu'il est impossible de se faire dépanner par une compagnie qui ne serait pas agréée. Notre cameraman lui fait gentiment comprendre qu'il a une assistance privée qui, prévenue, a chaussé dare-dare ses bottes de sept lieues et prétend faire Pompéi-Herculanum en moins de dix minutes. Il est joueur. Il prend les paris. Si son camion arrive avant celui de l'assistance du rallye, le cameraman paye le dépannage. Dans le cas contraire, c'est pour lui. Grandiose. La police arrive sur ses entrefaites. Notre cameraman comprend (il fait semblant de ne pas piper un mot d'italien, mais il cause toutes les langues, et pas seulement un verre à la main) que Patrizio négocie les termes du pari qui semble faire bien rigoler les pandores. Sourires, poignées de main, clins d'œil. Nous sommes en pleine comédie. Magnifique. A peine le temps de les voir s'éloigner que, ô surprise, un troisième personnage entre en scène. Le chauffeur du camion de l'assistance italienne que nous n'avons même pas vu arriver. Moins de cinq minutes. Gasp, le pari est perdu. Le cameraman est beau joueur. Il assiste à la montée de la 203 sur le plateau, mais négocie qu'on la dépose 500 mètres plus loin, à la première sortie. Coût de la bagatelle 101 euros. Vive les assurances... Elles paieront...

Herculanum
La 203 sur plateau ? Oui, pendant dix minutes...
Herculanum
La preuve, elle a rejoint ses deux copines pour poser avec elles. Spéciale dédicace à Bernard Azéma et aux Amoureux 203-403...
Porticci
Dans les rues animées de Porticci
Porticci
Toujours dans les rues de Porticci

Là-dessus, Daniel a fait demi-tour et la grise mine est de rigueur. On ne se moque pas d'un cameraman, il a des armes qui peuvent facilement se retourner contre vous. D'où vient le problème ? On envisage le pire. Une soupape... Mais on teste et en moins de 10 minutes, le problème est identifié. C'est ce bête allumage électronique qui a failli ! Il y avait un seul truc de moderne dans cette ancienne et il a foiré. Lamentablement. Par chance, c'est un allumage réversible. Il ne faut pas plus de cinq minutes pour le repasser en mécanique tout ce qu'il y a de plus classique et redémarrer sous les vivats des Italiens présents dans la station-service et qui faisaient cordon autour de l'auto pour la protéger du soleil. Viva Francia, criaient-ils, tout à la joie d'assister à une résurrection. Viva Italia, avons-nous ajouté, persuadés d'avoir été touchés par la grâce et d'avoir assisté à un miracle. C'est donc le cœur léger que notre cameraman a repris le chemin d'Herculanum où il s'est contenté de faire des photos que nous vous présentons. Avant de regagner le terme de l'étape et peaufiner un réglage d'allumage tout ce qu'il y a de plus classique. Sous le coup de l'émotion, racontant à qui le voulait sa mésaventure et sa rencontre avec ce qu'il croit être une divine providence, il en a oublié de filmer. Comment lui en vouloir ? Un mécréant qui retrouve la foi, c'est touchant...
Tout ça pour dire que tout va de mieux en mieux. Il fait beau, (presque) chaud, les autos se portent à merveille (juste quelques petits bobos de rien du tout pour s'occuper), et elles se réparent toutes seules ou presque. La vita e bella !

Peugeot 203
Et si on peaufinait l'allumage à l'ancienne ?...
Herculanum
No comment, c'est trop mignon...

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