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Bulgaroumania - J09 : Sovata
Après les intempéries de la nuit (toute la région a été victime de violents orages, d'éboulements de terrain et d'inondations), le ciel gris avait pris une teinte plus doucereuse pour nous accueillir. Comme une gigantesque accalmie après le déchaînement des éléments. Pas de grand soleil, mais une absence de pluie et de vent. C'est déjà ça. D'autant que le parcours de la journée sillonnait entre montagnes et vallées, dans une campagne bucolique et animée, colorée, gaie, pétillante et, dans le même temps, reposante. Du coup, nous avons pris notre temps, pour goûter chacun de ces instants, improvisant même un apéro remorque sur la route, apprécié par les... locaux qui ont trinqué avec nous et évoqué leur vie. Pas facile. Lorsque le communisme s'est effondré et que les Ceaucescu ont été rayés de la carte, le pays s'est retrouvé avec une économie exsangue et les pratiques d'hier ont totalement disparu. Les Tziganes (qui s'appellent eux-mêmes les Rom) se louaient, à l'époque, pour accomplir des tâches quotidiennes qui, parfois, n'avaient aucune utilité. Avec la chute du système, ils sont devenus chômeurs pour la plupart. Des parasites pour le reste de la communauté roumaine qui, elle, a retroussé ses manches pour essayer de bâtir quelque chose de potable. Beaucoup de Roms ont ainsi migré à travers l'Europe, traînant avec eux une réputation de mendicité qui, aujourd'hui, se retrouve également en Roumanie. Tragique situation qui ne semble plus pouvoir être inversée, toutes les autres communautés les rejetant.
sovata
Anna, meneuse de bande...
sovata
Quelques beaux paysages, malgré la grisaille.
sovata
Les roumains sont les rois des meules.
sovata

Si, dans les campagnes, on s'en sort à peu près bien, l'entraide entre familles, voisins et amis n'étant pas un vain mot, il en va différemment en ville. Beaucoup ont deux, trois, voire quatre boulots pour arriver péniblement à un salaire net de 400 euros par mois. Loin de ce qui se pratique dans les grandes villes et dans quelques grosses industries, comme Renault par exemple où le salaire moyen est nettement plus élevé. Nous avons ainsi discuté avec une serveuse de l'hôtel qui parlait un excellent français pour avoir fait des études jusqu'à obtenir l'équivalent de notre master et qui cumule quatre activités : serveuse le midi et le soir dans l'hôtel, vendeuse de chaussures l'après-midi dans une boutique, femme de ménage très tôt le matin dans une entreprise et, quand il lui reste un peu de temps, elle fait de la broderie qu'elle vend. Tout ça pour moins de 400 euros par mois. Tout juste de quoi joindre les deux bouts, son mari gagnant à peine plus à l'hôpital où il travaille six jours par semaine, parfois sept ! Les vacances ? Ça la fait sourire. « Dans dix ou vingt ans, peut-être que nous prendrons une semaine pour aller en France. J'aimerais tellement visiter Paris... » Et pourtant, personne, ici, ne se plaint de son sort. Chacun se montre généreux avec son prochain, on se sourit, on n'est pas envieux de la réussite des autres, on les félicite. C'est comme ça que le pays progresse bien plus vite que ses voisins. En dix ans, le salaire moyen a plus que doublé. La vie a, certes, augmenté, mais le travail se développe. « Parce qu'on n'attend rien qui vienne du ciel. Si tu comptes sur l'autre, que tu ne fais rien pour t'en sortir, tu ne vaux pas mieux que ces Roms qui tendent la main qu'ils ne prennent même pas la peine de laver. »
sovata
Laurent, notre Belge (on ne peut plus dire "préféré", on les aime tous !).
sovata
Belle vue...
sovata
Les femmes travaillent semble-t-il plus que les hommes.
sovata
Ce n'est pas le grand luxe, mais on a quand même les paraboles...

Il y a également quelque chose de frappant à discuter ainsi avec tous ceux que nous rencontrons et qui adorent sortir deux mots de français après que l'on ait pris la peine d'en dire deux en roumain : on sent bien qu'il n'y a pas une entité roumaine, tout juste une citoyenneté, une appartenance administrative à un pays. Chaque région revendique sa singularité. On est hongrois ou allemand avant d'être roumain, par exemple. Il suffit d'entendre les différents idiomes pour s'en convaincre, et de lire les menus écrits en plusieurs langues, et pas toujours en roumain. Le mélange culturel a, de tous temps, été la règle dans une contrée tellement de fois envahie qu'elle a appris à composer avec les étrangers et les coutumes des autres, s'appropriant ce qui peut lui servir, et se montrant d'une incroyable tolérance. Sauf, vous l'aurez compris, envers les Roms qui ne font pas l'effort de s'intégrer... Jour après jour, cette ouverture d'une rare humanité nous fait un bien fou. Encore deux ou trois jours, et nos petits, misérables, égoïstes problèmes de nantis nous sembleront aussi dérisoires qu'ils ont du mal à même les imaginer ! La revedere, comme on dit ici...
sovata
Meules de foin...
sovata
Une Frégate dans les années 50 ?
sovata
Voilà comment je vous envoie des nouvelles chaque jour.
sovata




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