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ROUTE - Etape 5 : Douz / Tamerza
Je vous avais laissé avec une caravane tranquille, occupée à flâner dans les souks, à faire des emplètes, à se jeter dans les piscines, à se faire masser, bref à profiter de la chansonnette que nous lance tous les matins Pascal (« Tu fais quoi pour les vacances ? »). Plus de pannes à l'horizon, une assistance désœuvrée, plus rien à me mettre sous la dent que des dattes, du dromadaire grillé et autres douceurs accompagnées d'un thé à la menthe ou d'une bière. Parfois les deux en même temps.


Et puis, patatras, le sort s'est réveillé. Il porte un nom, Monique, la délicieuse épouse de Gérard, notre Fiat 500 scoumoune. Mais reprenons le fil de cette journée à rebondissements par le début. Hier au soir, pour être plus précis. Je vous le disais, l'assistance s'ennuyait. Et comme elle n'aime pas traîner la savatte ou profiter des plaisirs des hôtels qui nous hébergent, elle a décidé de se jeter sur le Mol qui a, depuis le début, un souci avec une biellette de direction. Le genre maousse costaud, à la taille démesurée du camion. Elle est tenue côté moyeu par quatre goujons qui cassent, la faute à des trous ovalisés qui les cisaillent. Avec l'aide des mécanos du coin (plus on est de fous, moins il y a de riz), ils ont donc démonté le demi-train AVG et entamé une réfection qui passe par un nouveau taraudage pour monter des goujons plus gros, matés par un point de soudure. Grosse partie de manivelle qui s'est achevée... ce matin. Ça, c'était pour la mise en bouche, et je dois vous confesser que Monique n'est pas encore impiquée dans l'affaire.


Ce matin, nous avions décidé d'offrir une petite initiation Iltis à douze volontaires. Tandis que certaines de leurs épouses en profitaient pour courir les magasins et dépenser des dinars qui coulent aussi vite que les oueds en crue, ces courageux se sont vu entraînés sur la petite piste qui mène au camp Méhari, un de nos classiques points de chute, là où nous avions passé le réveillon, début 2009. Dès le départ, il y a eu un léger changement de programme parce que certaines épouses ont préféré surveiller leurs hommes. Parmi elles, Monique. Oubliée par Gérard sur le parking et que Jean-Luc Lorente a récupérée alors qu'elle s'époumonait après son Gégé qui l'avait laissé en plan. Tu parles, lui était tellement excité à l'idée de se faire secouer dans un Iltis que plus rien ne comptait. Du coup, Jean-Luc nous a rejoint et décidé de nous accompagner comme quelques autres.


Las, tandis que Jérôme nous gratifiait d'une magnifique plantade dans un petit sablon grand comme mon poing, la 504 Dangel cassait sa boîte transfert. « C'est à cause de Monique, tout ça ! » soupirait Jean-Luc avec, malgré tout, le sourire. Par chance, nous avions prévu de quoi tracter et c'est donc sur le plateau qu'elle a fini. Enfin, finir, le mot est extraordinairement juste comme vous le verrez un peu plus tard.
Pendant le rapatriement, nous avons poursuivi notre séance initiatique avec d'autres jolis tanquages, un saut de l'ange magistralement réalisé par Rafael Kitza qui avait oublié qu'au sommet d'une dunette, il faut marquer un temps d'arrêt pour voir ce qui suit. Une deuxième dunette en l'occurrence. Il a sauté les deux dans une envolée lyrique sublime pour retomber des quatre roues, bien à plat, dans le sable mou et s'y enliser ! Wunderbach ! Je vous rassure, d'autres l'ont imité avec plus ou moins de réussite et ça nous a fait passer un très agréable moment, parce qu'on aime bien ça, taquins comme nous sommes.




Toutes ces agapes nous ayant pris la matinée, c'est donc sur le coup de midi que nous avons pris la route pour Tamerza, pique-niquant au passage d'une tomate fraîche et de quelques saladettes arrosées d'un petit bordeaux. Pour filer vers le Chott El-Jerid, en eau, et y admirer les statues de sel qui le parsèment, réalisées pour des boutiques où l'on vend de tout, où l'on peut boire le thé en se régalant du paysage. Et là, au bord de ce grand rien sur lequel se reflète le soleil, que voit-on ? La Fiat 500 de Gérard arrêtée, capot ouvert. Aïe, que se passe-t-il ? La poisse ! Monique fait celle qui n'y est pour rien. Quelques malintentionnés affirment qu'elle y est pour quelque chose. Mais non, c'est impossible ! Quel est donc le problème ? « Ça pue l'huile brûlée ! » Didier Goyard et Etienne Clech sont penchés sur le moteur. Découvrent une vis tenant l'échappement et dont le filetage débouche dans le carter d'huile. Voilà d'où vient la fuite. Le temps de la remonter à la pâte bleue et à la filasse et l'affaire est réglée. Mais Monique a gagné une réputation de scoumoune. Les méchants ! Moi, je dis juste que c'est la faute à pas de chance. Maintenant, je doute que beaucoup acceptent de la prendre dans leur voiture. Gérard, ne l'oublie plus sur un parking, il faudra la faire rapatrier par Mondial Assistance !
Nous reprenions la route lorsque, quelques kilomètres plus loin, au sortir d'un village, nous découvrons la 504 Dangel dans une drôle de posture. Figurez-vous qu'elle a sauté du plateau ! Elle a deux roues posées par terre et tient en équilibre par on ne sait quel miracle. Elle aurait pu carrément aller plus loin et descendre la pente pour s'écraser quelques centaines de mètres plus bas ! Pff, on l'a échappé belle. Et, vous voyez, Monique n'y est pour rien...



A l'heure qu'il est, nous sommes à Tamerza, face au vieux village qui a été détruit par une crue en 1972, faisant de nombreuses victimes. Dans un lieu paradisiaque. Mais l'assistance n'en profitera pas, elle s'est jeté sur la 504 Dangel pour changer la boîte transfert car Jean-Luc est un garçon prévoyant. Comme c'est le point faible de la voiture, il en avait prévu une en rechange. Ce soir, c'est partie de mécanique. Et l'assistance a retrouvé le sourire. Merci Monique, finalement tu nous portes chance...




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