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PISTE - Etape 6 : DOUZ / TENBAINE
Et bien, nous l'avons fait ! Nous sommes à Tenbaïne qu'on écrit aussi Timbaïne, ça dépend des jours et de l'humeur de celui qui en parle, avec le plus souvent des trémolos dans la voix. Les blasés disent plutôt Tin, façon de dire que ce n'est pas plus compliqué d'arriver là que de faire le tour de la Place de l'Etoile à une heure de pointe. Mais ils sont finalement peu nombreux à pouvoir dire qu'ils ont rallié ce plateau au milieu de rien, surmonté par deux concressions de roches attaquées de tout côté par le sable. Les 4x4 de touristes locaux, trimbalés dans de gros Toy survitaminés et les vrais 4x4treux qui n'hésitent pas à emprunter la piste de l'est, plus dure que celle que nous avons prise. Et qui est déjà coton.






Mais reprenons depuis le début. Comme je vous le disais hier, le départ était prévu à 6h du matin. Problème, mon réveil n'a pas sonné. Et lorsque j'ai ouvert un œil, il était déjà 6h10. Panique à bord. La toilette sur le pouce, et zou sur le parking, l'œil embrumé, le tif de travers, le chèche pendouillant sur l'épaule, la lippe molle pas même humectée par un café berbère, le poil hérissé... Personne. Juste le cul du Merca de Daniel qui part dans un grand pet gasoilisé ! Bon sang de bonsoir, m'ont oublié les copains ! Et paf, v'là le responsable des clés qui se précipite. « Manque la 147, il est où ? » Ben, je sais pas. Tout le monde est parti. « Tu peux pas partir s'il me manque une clé ! » Ah, ben tant pis, je reste, m'ont oublié de toute façon... Non, je rigole. On essaye de téléphoner au soi-disant coupable qui n'est évidemment pas celui qui a la chambre incriminée, vu qu'il y a eu un jeu de chaises musicales hier au soir. Auquel nous n'avons pas tout compris d'ailleurs. Mais du coup, la chambre est encore occupée par Jack qui ne part que deux heures plus tard. Ouf, nous sommes libérés et nous pouvons partir.
Départ sur les chapeaux de roues, soleil rasant dans la tronche, poussière façon brouillard londonien. La piste est comme un long ruban qui semble disparaître dans le grand rien. Elle se dévoile au dernier moment, montre ses pièges lorsqu'il est trop tard. Pas grave. Je roule à fond, nous jouons à saute mouton de bosse en bosse, avalons les sablons comme s'ils n'existaient pas. Nous avons déjà fait cette piste deux fois, dans l'autre sens. On sait qu'elle n'est pas trop piégeuse, alors c'est gaz, gaz, gaz... L'Iltis se laisse faire, nous serrons les fesses, nous accrochons où nous pouvons et c'est, secoués comme des pruniers, que nous rattrapons les derniers avant de remonter la colonne pour en prendre la tête et arriver bon premiers au café du parc pour, enfin, prendre un thé à la menthe, et faire retomber la pression en attendant les... retardataires.






Les 80 premiers kilomètres sont heureusement faciles. De la caillasse, du sablon, des dunettes que nous maîtrisons désormais sans même les remarquer. C'est dingue comme on s'habitue vite au sable. Et comme nous sommes devant, ça va bien, ça fonce... Jusqu'au regroupement où, 20 km avant l'arrivée, il faut déglonfler avant d'affronter les trois cordons de dune qui nous attendent. Comme on s'en doutait, lorsque ça repart, les indisciplinés se jettent dans la trace de ceux qui les précédent. Façon poussins se refusant à quitter les jupes de leur maman poule. La trouille au ventre. Pourtant, nous les prévenons depuis le début : il faut laisser de l'espace entre les voitures et laisser passer d'abord les deux roues motrices ou assimilées. Mais non, rien n'y fait, ça caquète, ça s'affole, ça fait n'importe quoi et ça se... tanque. Magistral. Un bouchon sur la piste. Bien fait pour ceux qui sont dans la mouise. Mais moins bien pour les pauvres deux-roues qui n'avaient rien demandé et subissent l'imbécilité de ceux qui n'écoutent pas, mais sont les premiers à critiquer. Passons, ça énerve mais il faut avancer. Alors, c'est désormais arrêt pour tout le monde, et on ne part que sur ordre. Et ceux qui tentent de forcer le passage (c'est dingue !) sont rappelés à plus de patience avec virulence. Sont pas contents maintenant. Tant pis, ça leur passera. En attendant, la méthode a du bon et ils devront convenir qu'à partir du moment où nous avons pris les choses en main, ça c'est super bien passé. Il aura juste fallu attendre que tout le monde ait franchi les trois passes successives pour pouvoir tirer Rommel et son VW 181 de sa mauvaise posture, mais tout le monde a pu arriver au Camp de Mars à Tenbaïne. Sans casse.
Enfin presque. Une roue crevée, une des miennes. Le chat noir. J'y ai normalement droit à chaque rallye. C'est fait ! J'espère qu'on n'y reviendra plus.
Par ailleurs, Patrick Pauchet, après être tombé trois fois, a décidé qu'il valait mieux finir l'étape dans le Merca et de monter la moto dans le camion. La 125 ne passe pas. Lui aurait bien aimé, et il est le premier déçu. Mais comme il n'y a pas de bobo, tout va bien. Ce n'est pas tout à fait le cas pour Jean-Mi qui a joué cavalier seul aujourd'hui, avec son gros Mercedes, partant avant tout le monde, sans attendre personne, juste histoire de montrer à Daniel que la piste n'avait rien de difficile. Se sont montés le bourrichon les deux. Se cherchent depuis deux trois jours et ils ont fini par se trouver. Bon, je vous rassure, les deux ont du caractère, mais une fois qu'ils sont passés en zone rouge, ils descendent ensuite très rapidement. Vont se réconcilier avant le bateau, je vous en fiche mon billet...
Ça n'a pas plombé l'ambiance, nos habituels amuseurs ont vite remis toute l'équipe dans le bon sens. Nous ne gardons que le meilleur. Et, confidence, nous sommes à Tenbaïne ! Oui, nous l'avons fait !


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