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PISTE - Etape 3 : Matmata / Ksar Ghilane
Imaginez une oasis, construite autour de deux sources d'eau chaude, à des dizaines de kilomètres de ce que nous appelons pompeusement la civilisation. Une seule route y conduit, longeant le pipe-line qui monte vers le nord, balayée par le sable, fréquentée uniquement par les touristes et les Isizu locales, chargées de l'essentiel. Dessinez un point sur une carte, et faites un cercle d'environ 30 km de diamètre et n'y plantez que de la caillasse et du sable, quelques touffes d'herbe à chameau (je sais, ici on dit dromadaire parce qu'ils n'ont qu'une seule bosse, mais ça s'appelle comme ça, allez vous plaindre à l'Académie française...), érigez deux à trois casemates de bric et de broc, peignez-les en blanc pour que le soleil rebondisse dessus, l'intérieur étant pourtant à peine plus frais que l'extérieur, écrivez au pinceau, à la main, avec un bout de bois, Gasoline. Dressez quatre à cinq bidons bleus, rouges, verts, prévoyez une pompe à main et vous avez la sation-service locale. Plus chère, forcément car il faut l'amener ici l'essence ou le gas-oil. Bon, on ne vous cachera pas que l'essence est souvent coupée avec de l'eau, que la qualité du gas-oil sent bon le mélange entre fuel et huile de friture, mais faute de grives... Ajoutez à ce tableau un fort construit par les Français à une époque où l'on colonisait à tour de bras. Une ruine aujourd'hui, mais qui fait son petit effet. Et jetez-y de l'argent en pagaille, celui que les touristes sont prêts à verser parce qu'ils ont beau se prétendre aventuriers, il leur faut tout le confort le soir à l'étape. Bains d'eau chaude dans d'immenses piscines quasi naturelles, tentes mais sur sol cimenté et avec douche et climatisation, électricité, téléphone, et même internet depuis peu... Vous êtes à Ksar Ghilane, dernier relais avant l'inconnu. Le passage obligé pour qui veut aller d'est en ouest et inversement sans pour autant prendre de route.






Toutes les pistes, dit-on, mènent à Ksar Ghilane. C'est si vrai que si l'on peut se tromper, on finit toujours par croiser le mince ruban de goudron qui y mène. Normal, il partage quasiment la Tunisie en deux. Il suffit de choisir sa direction. Plein ouest pour nous. Et ensuite accepter d'affronter de la caillasse, raide comme un torticolis, de la tôle ondulée creusée par les rares pluies qui redessinent le paysage, parfois en quelques heures. Sur des dizaines de kilomètres, c'est un enfer pavé de mauvaises intentions. Tout est bon pour que vous creviez ou... perdez une roue. C'est d'ailleurs ce qui a failli arriver au Mol qui a vu sa roue AR gauche sortir brutalement de l'endroit où elle tourne d'habitude tout tranquillement pour tenter de doubler le camion ! L'arbre de roue se faisait la malle... Heureusement que Christian, qui le pilotait alors, jetait à ce moment-là un coup d'œil dans le rétro, sans quoi, il pouvait perdre roue et arbre d'un coup d'un seul. La réparation a pris une bonne heure et, ce soir, toute l'équipe d'assistance va se pencher sérieusement sur ce problème manifestement récurrent parce qu'il s'était déjà produit, mais sur une autre roue, peu avant le départ...






Des panouilles, il y en a eu quelques-unes aujourd'hui. Surtout électriques. Des batteries qui ne chargent plus (ça permet de faire connaissance, le courant passant mieux entre certains concurrents – celle-là, elle n'est pas de moi mais de Fabrice), des voyants qui s'allument à tort et à travers. Normal, avec toutes ces secousses ! Demain, ça devrait être plus tranquille. Nous n'avons eu droit qu'à un peu de sablon aujourd'hui. Suffisamment pour en voir quelques-uns se tanquer joyeusement, mais pas assez pour comprendre ce qui nous attend dans les prochains jours. Ce ne sera qu'une répétition générale... C'est sans doute en prévision des dures épreuves qui nous attendent que certains ont mis leur co-pilote au volant, pour qu'ils apprennent à maîtriser, eux aussi, leurs montures sauvages. Mais ils n'ont pas eu de chance, si on écoute les pilotes eux-mêmes, très caustiques. Le Toy de Jean-Philippe a ainsi réussi l'exploit de s'enliser dans un bac à sable grand comme un mouchoir de poche. Pas à moitié ! Bien comme il faut, et il a fallu le tracter. « Mais ce n'est pas moi qui conduisait ! » se défendait-il en sautillant sur place comme un gamin. Gentil camarade... Sur le Pajero, c'est lorsque Marie-Laure conduisait que la batterie a montré des signes de faiblesse. « Je porte la poisse ! » se marrait-elle en laissant le volant à son mari pourtant arrangeant. « Non non, ça déconnait déjà avant ! » Carméla a également goûté de l'Iltis, mais Arnaud ne lui a laissé les commandes que pour le goudron. C'est beau la confiance !





Vous l'aurez compris, l'ambiance est à la franche rigolade, ça se moque, ça met en cause le GPS lorsqu'on se trompe, ou le road-book (bon, je vous l'accorde, il manque une case qui, il y deux ans, avait déjà provoqué une jolie pagaille mais moi, je m'ai pas gourré... Je connaissais...). Mais on ne laisse personne dans la mouise. Se faire chambrer n'a jamais fait de mal à personne, pas vrai ? La preuve avec le Baja d'Eric et Fred. Mais quelle drôle de mouche les a piqués d'aller se jeter dans une dunette et, surtout, de faire un stop là où il ne fallait surtout pas. Résultat, une roue dans le vide, les trois autres bien plantées dans le sable, ou plus justement, bien enfoncées. Pour s'en sortir, il a fallu la jouer fine, et projeter de jolies gerbes. Mais il y est arrivé tout seul. Ce qui n'a pas été le cas du Pinzgauer qui a dû être tiré de son mauvais pas par le Mercedes de Teddy. De petits amuse-gueules, histoire de faire monter la pression pour demain...


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