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Etape 12 - Çanakkale / Istanbul

Cette fois, c'en est bien fini. C'était la dernière étape, celle qui marque la fin d'un périple de plus de 3.600 km à travers ce merveilleux pays qu'est la Turquie, bien loin de l'image que nous renvoient les médias et les politiques qui devraient apprendre à voyager avant de raconter des inepties. C'est un pays accueillant, qui pratique un sens aigu du partage, respecte des valeurs que nos civilisations occidentales ont oubliées depuis trop longtemps : l'entraide, l'amour du travail bien fait, le sens du service, l'amitié et, par dessus tout, le simple bonheur d'un sourire ou d'un signe de tête. Nous avons fait des rencontres d'une chaleur humaine exceptionnelle que nous ne sommes pas prêts d'oublier, et tant pis si, ici ou là, on entend dire que l'intégrisme de certains commence à pervertir cet état d'esprit. Nous ne l'avons jamais ressenti. Il suffisait d'un mot en turc, d'un sourire, d'un petit signe pour déclencher, immédiatement, un échange. Parfois limité parce que la barrière de la langue existe, mais toujours enrichissant car sincère et total, sans la moindre arrière-pensée. Certains ont mangé chez l'habitant, beaucoup ont partagé le thé (çay), tous ont pu apprécier ce sens de l'hospitalité que nous avions vanté.

Le retour s'est fait par le détroit des Dardanelles, tristement célèbre en Europe pour une défaite historique des anglais et français, en mars 1915, alors qu'ils tentaient de briser l'alliance entre allemands et turcs. 150.000 morts, dont 15.000 soldats français, sacrifiés sur l'autel d'une politique d'irresponsables. Une défaite qui a scellé l'unité de la Turquie. Comme pour rappeler à tous la tragédie qui s'est jouée là, le ciel était plombé, et quelques gouttes de pluie ont accompagné la traversée entre Çanakkale et Eceabat, sur la rive européenne. Une grisaille qui s'est perpétuée quasiment toute la journée, sur la quatre voies qui nous ramenait à Istanbul. Vite, trop vite.

Comme pour faire durer ces derniers instants en Turquie, une jolie surprise nous attendait à l'arrivée. Une Cadillac 1957 rutilante, conduite par Necari Koçak, un collectionneur qui regrettait que le grand rallye de régularité qui a eu lieu la veille ait contraint la plupart de ses collèges à préférer se reposer. Lui n'aurait voulu manquer pour rien au monde notre passage, et nous avons encore passé un agréable moment à échanger nos impressions qui ne sont pas si différentes. Et à ceux qui se plaignent en permanence des difficultés que l'on peut nous faire, il nous a appris que les taxes sur voitures anciennes étaient ici terriblement élevées, et qu'on ne pouvait importer de voiture postérieure à 1975. Quant au prix des pièces, il est astronomique quand on en trouve, et chaque restauration est un véritable parcours du combattant. Le plus important club du pays, le Klasik Otomobil Kulübü ne compte ainsi que 380 adhérents, et il est le seul à être habilité par la FIVA. Il organise trois rallyes de régularité dans l'année, le 23 avril (journée nationale de la jeunesse), le 19 mai (journée de l'indépendance) et le 29 octobre (troisième et dernier jour férié de l'année). Il a promis de nous rendre visite en France (son épouse y a fait ses études et y a vécu quelques années, et ils y viennent régulièrement), au siège du magazine. Il est le bienvenu, comme le seront désormais tous les collectionneurs qui voudront s'inscrire à l'un de ces rallyes de régularité turcs qui pêchent par l'absence d'étrangers, ou simplement visiter le pays avec leur auto ancienne. Le contact est désormais établi, faisons en sorte qu'il ne se rompe jamais. Ici à Istanbul, là à Konya (hello Habi, hello Enis), là encore en Cappadoce... Partout où nous sommes passés, nous avons reçu de tels messages d'amitié qu'il nous faut rendre la pareille. La presse locale s'est, de plus, tellement faite l'écho de nos aventures qu'il serait dommage que d'autres organisateurs ne se prennent pas par la main pour, à leur tour, venir explorer ces contrées et prendre, comme une grande claque en pleine figure, la gentillesse d'un peuple. Güle güle, je resterais bien ici finalement...

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