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Etape 10 - Kusadasi / Dikili

Quand il ne se passe rien, il se passe toujours quelque chose. L'étape devait être d'une tranquillité absolue. Après dix jours de rallye, c'était comme une respiration bienvenue. Des kilomètres, certes, mais avec de jolies routes en bord de mer pour goûter aux couleurs étonnantes de cette mer Egée qui a poussé tant de navigateurs à répondre au chant des sirènes pour conquérir les îles et pays environnants, ou simplement commercer d'un bord à l'autre de cette étendue d'un incroyable bleu. La lumière était d'autant plus magique qu'un grain est venu balayer l'atmosphère et le ciel, offrant une intensité inespérée aux teintes bleutées.

Il fallait, pour cela, passer Izmir, la troisième ville du pays. Industrieuse, immense, étalée sur plusieurs dizaines de kilomètres, comme posée en désordre sur les collines qui ceinturent la baie. Un véritable jeu de dominos, le passe-temps à la mode aujourd'hui, car c'est jour férié en Turquie. C'est à la fois la fête de la jeunesse et du sport et la commémoration de l'appel à l'unité lancé par Ataturk. Des drapeaux géants et le visage sérieux du leader charismatique de celui qui a rendu sa fierté au pays étaient présents partout sur notre passage. Mais qui dit jour férié, dit simplement administrations et écoles fermées. L'économie reste active. On poursuit la construction des routes, les magasins sont ouverts, les lokantas (auberges) aussi, bref rien d'essentiel n'est arrêté. Ce n'est pas comme dans certaines contrées où tout prétexte est bon à se la couler douce. Ici, comme nous le voyons depuis le début du périple, on travaille dur, et l'on s'efforce surtout de donner du boulot à tout le monde en partageant les tâches, même les plus insignifiantes, afin que chacun, du bas en haut de l'échelle, conserve sa dignité.

Au passage, nous nous cultivons. Nous avons ainsi appris l'origine du nom de Foça, une charmante petite cité en bord de mer. Elle doit son patronyme à une espèce très particulière de phoques qui niche dans la région. Jusque-là, me direz-vous, rien d'exceptionnel. Mais saviez-vous que ceux qui ont créé Marseille étaient des marins originaires de Foça, et qu'ils ont baptisé le lieu où ils ont accosté du même nom que leur village Foça. C'est devenu la cité des Focéens, Phocea du temps des grecs. Le monde est petit, et notre Marseillais, Jean-Pierre, en est tout ému. C'est comme s'il venait de retrouver ses ancêtres.

Plus amusant, notre Belge national, Laurent, a rencontré un autre propriétaire de 203. Un modèle de 1950 qui, et c'est épatant, roule toujours, mais au GPL et avec une boîte de vitesses modifiée pour monter un levier au plancher. A l'heure où je vous écris ces lignes, nos deux autres Peugeotistes sont partis la voir, car le propriétaire la vend 200 lires (un peu plus de 100 euros), mais comme nous ne pouvons sortir de voiture du pays, ils entendent négocier la boîte. Je vous donnerai le résultat des tractations demain. Je vous le disais, même quand il ne se passe rien, il arrive toujours quelque chose.

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