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Etape 05 - Nevsehir / Konya

La magie des paysages a encore joué, du moins jusqu'à l'heure du déjeuner. Nous avions tracé une petite route bien sympathique qui serpentait en Cappadoce pour se terminer en apothéose à Belisirma, un endroit exceptionnel que les guides ne tarderont pas à inscrire en lettres d'or. Au bout de la vallée d'Ilhara, creusée dans un canyon qui rappelle à certains Monument Valley (en plus petit, en beaucoup plus petit), coule une rivière dans laquelle (j'ai bien dit « dans ») ont été installées des paillottes et des tables. On y mange donc les pieds dans l'eau ou, pour les moins courageux, sur des paillasses, tels des Romains affalés sur des coussins attendant qu'on les abreuve et qu'on les nourrisse. On y déguste le traditionnel plat de Cappadoce, le Çak tava (bœuf, tomates, oignons, poivrons et riz grillés et dont la cuisson s'achève à l'étouffée), mais également de succulentes truites pêchées dans la rivière elle-même. Difficile de faire plus frais.

Avant d'en arriver là, il fallait visiter la ville souterraine de Durinkuyu, neuf étages creusés dans la roche et qui abritaient des centaines d'habitants. Il ne faut pas être claustrophobe, ni craindre les crises de panique qui surprennent au fond de cet incroyable entrelacs d'escaliers et de pièces. C'est là que nous avons rencontré Osman Aytekan, journaliste du Derinkuyu Haber Gazetesi, le journal local qui ne pouvait mieux tomber pour discuter que Yvon Vidrequin (un Belge tranquille, ce qui est plutôt rare quand on voit les blagues que se font les Laurent et Jacques), qui se refuse à baragouiner plus de quatre mots d'anglais, sauf à y être contraint. Et comme Osman n'en parle guère plus de dix, le dialogue a été savoureux, mais au final, avec un carnet de route en main et de larges sourires, ils sont parvenus à se comprendre et lorsque je suis arrivé, je ne servais pus à rien. Sauf à faire une photo.

Le plus sympa, c'est à l'arrivée que cela se passait. Depuis deux jours, j'étais en contact avec Enis Simsek, un collectionneur de Konya qui nous suit sur le net depuis notre passage à Safranbou. Sur le site qui fédère les collectionneurs turcs, nous avons même droit à un post spécial sur le forum (klasikoto.net), avec plein de photos de nos autos. Après plusieurs contacts par mail et par téléphone, il avait finalement été décidé de nous rencontrer à notre hôtel pour une rencontre improvisée. Nous pensions voir quatre ou cinq collectionneurs débarquer. Ils étaient près d'une vingtaine, avec une grande majorité d'américaines, nous gratifiant au passage de quelques burns bien sentis. Le dialogue a très vite tourné à l'échange technique en une multitude de langues, même si Habib (dans le civil, il possède une boîte, Repro Parts, qui refabrique des pièces pour anciennes Ford, Volvo, Goggomobil, etc.) qui a vécu vingt ans en Allemagne et parle même quelques mots de français jouait les traducteurs, bien aidé par Enis. Les capots se sont soulevés comme par magie, tandis que les dames recevaient chacune une rose et les hommes un petit badge souvenir. Et leur plus grande surprise a été pour le bicylindre Panhard dont le son les a beaucoup amusé, mais lorsque Jacques Besnard leur a expliqué que ça gagnait Le Mans, le respect s'est installé. Certes, leurs américaines ont huit cylindres et trois à quatre fois plus de chevaux, mais gagner Le Mans, tout de même... Comme nous en avons désormais l'habitude, la chaleur de leur accueil dépasse tout ce que vous pouvez imaginer. Pensez, ils étaient prêts à ouvrir le garage de l'un des leurs et à travailler toute la nuit s'il le fallait pour remettre en état la voiture de Martial Latruffe. Tout ça pour le plaisir d'aider. Vous me direz qu'elle avait été réparée hier. Oui, mais le deuxième moteur est encore pire que le premier. A l'arrivée de l'étape, nous avons constaté un jeu latéral du vilebrequin de plus de cinq millimètres. Il y a comme un gros problème, comme diraient nos amis mécanos. De plus, l'embrayage n'a pas tenu pour une raison qui nous échappe encore puisque nous ne l'avons pas démonté. Au passage, je tiens à remercier chaleureusement Michel Verdier du Club 404 qui était prêt à nous faire parvenir un mécanisme et une butée par un de ses adhérents. Mais également Alain Cassina qui nous en avait également déniché un. Mais aussi à Denis Mahaud de Melun Rétro Passion qui, lui aussi, était prêt à nous en faire parvenir un, quitte à venir lui-même l'apporter ! Mais aussi aux collectionneurs turcs qui nous en ont déniché plusieurs dans tout le pays, neufs ou d'occasion... Bref, ça aurait pu être une soirée top moumoute si, au final, nous n'avions pas été obligés de rendre les armes. Le deuxième moteur étant rincé, nous avons, en effet, décidé de déculasser le premier pour voir dans quel état était le joint de culasse et si le bloc n'était pas entartré. Mein got comme on dit en chœur les mécanos turcs qui parlent mieux allemand qu'anglais. Das it kaput. Je confirme. Du tartre, des passages d'eau à moitié bouchés, un joint de culasse qui montre même des traces de colmatage, une culasse, pffff... Les mécanos turcs ont tous tourné le dos et dit, avec un grand sourire, « bay bay ». Inutile d'en rajouter. Nous avions bien compris que la 404 allait finir sur plateau. Dommage. Mais gardons le sourire, le voyage n'est pas terminé. Et la rencontre avec nos amis turcs, si elle avait parfois des allures de réunion Gazoline du troisième dimanche, était très très sympa. Et au rythme où la notoriété du rallye monte, je subodore qu'il y aura encore et toujours de ces jolis échange dans les jours qui viennent...

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