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Etape 02 - Safranbolu / Ankara
Petit kilométrage, belle journée, zéro panne ou presque. De la babiole qui ne mérite même pas qu'on y consacre une ligne. Par contre, de jolies et belles rencontres. Tandis que ces dames faisaient un tour dans les boutiques de Safranbolu, nous avons décidé de visiter les marchands d'accessoires autos. Dès le premier, le ton est donné. Nous allons prendre notre pied, le thé et le droit d'aller dans l'arrière-boutique pour ouvrir les tiroirs, fouiller, faire sortir des trésors enfouis. Ici, on peut reconstruire une R12 de A à Z, tout en pièces d'origine ou en adaptable (il y a deux prix). Yves est d'ailleurs reparti avec deux ailes et un capot AR pour 260 lires turques, environ 130 euros. Nous avons acheté des bobines à 10 euros pièce, du fil électrique coton à 1 lire le mètre, de la durit renforcée pour dépression à 1 lire le mètre, de la cosse à souder, de la tuyauterie de frein, de la boulonnerie, une véritable orgie pour une bouchée de pain par rapport aux prix pratiqués chez nous. Pas de doute, il faut qu'on ouvre une succursale Savane Aventure dans le coin, pour faire de l'import export, il y a une fortune à se faire tout en pratiquant des prix raisonnables. Au-delà du côté mercantile, c'est surtout la gentillesse et l'accueil que nous retiendrons, fantastique, simple, direct, sans arrière-pensée. Un pur bonheur.
Dans la foulée, nous avons assisté à une scène que nous ne voyons plus dans nos écoles : un discours, un cours de morale, fait par un édile local à toute une école avec des élèves écoutant avec respect et en silence ce qu'on leur dit. Avant le lâcher de ces gamins de 6 à 11 ans qui, ensuite, ont eu le droit de se détendre, façon gros délire. Mais toujours dans un strict respect de règles finalement peu contraignantes à les voir sourire et poser pour une séance photos que je ne suis pas prêt d'oublier.
Turca
 
C'est notre équipage féminin, Wanda-Guéguette qui a également profité de l'accueil exceptionnel des Turcs (quatrième épisode de leurs aventures). En se rendant à Sakaeli, un superbe petit village en dehors de toute route touristique et que nous avions découvert l'an passé, elles ont garé leur voiture sur la grand place, sous une suite de cinq panneaux d'interdiction de stationner. Dans la seconde a surgi un policier qui a poliment soulevé sa casquette pour les saluer avant d'aviser le gros autocollant sur la portière et l'énorme appareil photo de Guéguette. « Presse ? » a-t-il demandé. Guéguette, avec son aplomb habituel a fait : « Oui, da da (elle confond le russe et le turc, on doit dire évet, ma Guéguette pas dada), photos, pictures, camera, boum boum, clic-clac. » Le policier a souri et fait comprendre qu'il n'y avait pas de problème, qu'il allait surveiller la voiture le temps qu'il faudra. « Vingt minutes » a promis Wanda. Elles reviendront en fait ¾ d'heure plus tard, pour le retrouver au pied de leur Visa, toujours aussi souriant malgré le soleil qui tapait dur. Pour le récompenser nos deux héroïnes n'ont pas osé l'embrasser comme elles en ont pourtant pris l'habitude, mais elles lui ont offert une casquette rouge Savane Aventure qu'il s'est empressé de mettre à la place de sa casquette habituelle, les saluant respectueusement avant de leur souhaiter un agréable séjour en Turquie. Si ça n'est pas du savoir-vivre, ça...
Les trois équipages en 203 ont eu droit, eux, à un autre type de surprise. L'an passé, lors des reconnaissances, nous avions rencontré le sous-préfet de région basé à Orta, et nous avions promis de revenir en mai. Le 11. Il s'en est souvenu et nos trois autos ont eu la surprise de se voir interpeller sur le bord de la route, avant d'être amenés devant lui pour une petite collation, une photo souvenir (voir ses photos sur le site www.orta.gov.tr) qui paraîtra dans la presse locale, et de recevoir plein de cadeaux. Ce soir, nous goûterons d'ailleurs aux gateaux qu'il a fait préparer à notre intention. Incroyable, non ?
Des témoignages de cette qualité-là, on en a eu énormément aujourd'hui. Thierry et Dyane Santorin, par exemple. Ils avaient décidé de prendre une autre route que celle prévue par le road-book, aussi, lorsqu'ils sont tombés en panne d'essence, ils ont préféré ne pas appeler l'assistance pour ne pas que nous nous moquions. En fait, je pense qu'ils voulaient se faire tout petits pour que je ne l'apprenne pas, mais ils devraient savoir que j'ai des yeux partout. Bref, les voilà arrêtés alors qu'il fait 30 °C à l'ombre, et qu'il n'y a pas d'ombre. Les voitures sont aussi rares que les cheveux sur la tête d'un schtroumpf, une toutes les vingt minutes. Mais c'est la première qui va s'arrêter. Quatre hommes en descendent, avec de grands sourires. Quelques secondes plus tard, une deuxième voiture stoppe à leur niveau. Palabres avec les mains, compréhension immédiate, le chauffeur de la deuxième voiture, un homme d'une soixantaine d'années, se propose de rallier la prochaine station et de leur ramener le précieux liquide. Thierry lui donne 50 lires, il part. Les quatre autres prennent leur numéro de plaque. « Au cas où, font-ils comprendre. Autrement, on appelle la police. Et s'il ne revient pas, on lui coupe le kiki ! » Ils se marrent en disant ça, mais ils ont l'air sérieux. Ils sortent un tapis et proposent aux Santorin de s'asseoir à l'ombre des autos. Et ça discute, ça cause avec les mains, les sourires, ça se marre. Le temps passe. Un participant égaré sur cette route-là s'arrête alors. Explose de rire et propose son bidon d'essence avant de repartir dans un éclat de rire qui résonne encore entre les montagnes. « Tant pis, on voulait faire discret ! » soupire Thierry. « On va se faire pourrir au briefing ce soir... » assure Dyane. Gagné ! Le gars se faisant attendre, ils proposent aux quatre gars de les laisser. Ils ont 10 litres, ils peuvent repartir. « Non, non, on l'attend ! » insistent-ils. Et enfin, le gars revient avec le carburant et la... monnaie ! Il refusera le moindre dédommagement pour sa peine alors qu'il a fait 20 km dans un sens et autant dans l'autre pour leur rendre service. Je vous le dis, ces gens-là, monsieur, ils vous réconcilieraient avec l'humanité toute entière.

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