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Jour 04 - Meknès / Erfoud

Charité bien ordonnée commence par soi-même. Autant vous le dire tout de suite (les délateurs sont si nombreux sur ce rallye, vous n'imaginez même pas à quel point !) : j'ai eu droit à ma panouille, et j'ai terminé sur le plateau avec mon Iltis. Le truc tout bête, une pompe à essence électrique qui a décidé de refuser tout service après l'heure du déjeuner. N'avait pas eu sa dose de Ricard ou de Scotch, la bougresse. Et a stoppé net son boulot. Sur le coup, ça énerve. D'autant qu'on n'identifie pas tout de suite le problème. Les copains autour s'empressent de rappeler de sombres heures qui m'ont valu le surnom de « Chat noir » lors du premier Rallye. « Tu aurais mieux fait de prendre ta Simca ! » « Voilà ce que c'est, môssieur veut faire le kakou sur la piste avec un quatre-quatre, et bien non, il fera tintin ! » Des douceurs qui font toujours plaisir. Au départ, on pense à un bête problème d'amorçage. Huguette s'empresse de proposer de me tirer avec son Iltis. Je me laisse faire, ça lui fait tellement plaisir. Mais si le moteur démarre en seconde, il cale aussi sec. Trois tentatives, autant d'échecs. Arrive alors Saint Berliet, Daniel et Didier qui se précipitent. Jean-Claude met son grain de sel et en moins d'une minute, arrivent à la conclusion que la pompe électrique ne fonctionne plus. Le fusible est ok. Y aurait-il un souci de connexion ? Daniel se jette sous la voiture, débranche, vérifie que le courant arrive bien et rebranche. Miracle ça repart. On s'est alors dit que c'était gagné. Mais 120 km plus loin, alors que nous avions fait un arrêt-thé chez notre ami Zaïd au Jurassique, rebelote. Plus moyen de repartir. J'ai donc fini sur le plateau, ce qui était un moindre mal, l'étape étant très longue et très fatiguante. Certains ont même dit que je l'avais fait exprès pour me la couler douce. Je n'irai pas jusque-là, mais enfin... Bref, à l'étape, Pascal, Michel, Christian et Jean-Pierre se sont occupés de la pompe à essence. La coupable a fini dans la caisse à outils, sans ménagement. Remplacée par une toute neuve, emmenée par précaution. Comme quoi, mieux vaut prévenir que guérir.

A côté, ça mécanique pas mal d'ailleurs. Martial Latruffe, en délicatesse avec ses freins AV, avait fini par les décoincer dans la matinée, mais ce soir, en démontant le tambour, il a compris que le roulement intérieur avait sacrément morflé. Il va devoir être changé. On verra ça demain, un roulement de 404 étant très courant dans le coin. Plus loin, la Cadillac des Hubert fait grise mine. L'écrou de moyeu de roue qui tient le cardan (ben oui, c'est un traction-avant, pour une Américaine, je vous le concède, c'est peu banal à l'époque) bagotte. Et pour cause, le filet est arraché ! Plus rien ne tient, évidemment, et surtout pas la roue. Va falloir trouver une solution, mais elle n'est pas évidente... A quelques mètres de là, les Zupancic sont le nez sous le capot, soi-disant pour quelques niveaux... A d'autres. Ils ont demandé leur cantine de pièces. Je vais surveiller ça de plus près, mais comme je ne peux pas être partout à la fois, j'ai dépêché deux zélés délateurs pour les espionner. La Renault 4 du père Gachon a, elle, encore fait parler la poudre ! A peine 500 mètres après le départ. Coupures électriques qu'il disait lorsque je l'ai surpris. Il a d'abord accusé son épouse Martine d'avoir arraché le coupe-circuit avec son sac à main (c'est pas beau, hein ?). Il ne s'est pas vanté d'avoir laissé le starter, mais c'est surtout son allumage électronique qui est apparemment dans le sac. Il a été remplacé par une bonne vieille cassette. « C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures ! »

D'autres incidents ont moins prêté à conséquence. Mais on a parfois échappé au pire. Prenez Philippe Marraud et son Land couleur aluminium. Nous avons failli le perdre. Il était pourtant sagement garé à l'ombre, mais sans le... frein à main. Pente légère, un petit zef coquin et zou, le voilà qui prend la poudre d'escampette, évite de justesse la 2CV des Grandjean pour finir sa course, par bonheur, au milieu de la route ! Il l'a échappé belle. Mais il nous en fait une autre dans la journée. Une belle panne d'essence. Avec le jerrycan sous quinze tonnes de bagages qu'il a fallu déposer sur le bord de la route pour y accéder. Les Socha et leur Lotus ont dû également apprécier moyennement de se faire enfumer (au sens propre du terme) par le Land Rover de Jean-Claude Feuvrier qui fume vraiment beaucoup, et noir ! Mais, globalement, tout s'est bien passé, sur une route balisée pour le roi du Maroc, en visite dans la région d'Errachidia avec sa cour (il ne se déplace jamais seul, mais avec au bas mot 2.000 personnes). Drapeaux rouges et verts, bas-côtés repeints en rouge et blanc, grandes photos du souverain, des forces de police à tous les carrefours qui nous indiquaient d'ailleurs gentiment le chemin, prévenus de notre présence... La couleur rouge étant la même que celle choisie pour notre association, certains ont pensé que c'était nous qui avions réalisé ce balisage. Je vous avoue que nous ne les avons pas détrompés. Ca fait trop classe !
Malgré la longueur de l'étape et l'arrivée nocturne quasi inévitable, ce n'est que du bonheur ce soir. Les paysages traversés, changeant, colorés, métissés, dans ce moyen Atlas d'une fulgurante beauté sont parmi les plus beaux du pays. Nous les traversons sans doute un peu vite, mais c'est le prix à payer pour arriver enfin aux portes du Grand Sud Marocain que nous découvrirons demain. Pour certains par la route, pour d'autres par la piste. Une piste que nous avons finalement décidé de durcir, en rajoutant une boucle non prévue au programme, mais qui va permettre à quelques équipages route de faire de l'initiation. Et demain soir, alors que la route couchera à Dadès, dans un hôtel super grand luxe, les pistards se poseront là où la nuit les surprendra pour sortir la tente et se préparer leur tambouille... Vivement demain...

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