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Etape 04 - ANCONE / IGOUMENITSA
Nous voici à bord de l'Olympia Palace, direction Igoumenitsa, sous un soleil de feu et un ciel de plomb. 27° à l'ombre, pas un souffle de vent, mer calme. Passengers on board, comme on dit dans la Croisière s'amuse. Pendules déjà mises à l'heure grecque, GMT + 2.. Pas beaucoup de route ce matin, juste vingt kilomètres pour se rendre de l'hôtel au port. Et pas de panne. Enfin, presque. Quelques réglages de dernière minute comme on dit pudiquement. Prenez François Bignon. Il roule dans une magnifique Jaguar, le type MkII, la XK du pauvre diront les mauvaises langues. Blanche immaculée dessous, rosso nero dessous, un zeste rouillée si vous préférez. En délicatesse avec un frein à main qui agit sur les disques AR grâce à un complexe système de palonnier, avec tige coulissante et plaquettes à part. Faut être anglais pour comprendre un tel système. En tout cas, le frein reste bloqué en permanence. Sauf quand on en a besoin. Faut faire quelque chose. Sure isn'it ? Yes but what ? Comme personne ne sait (c'est anglais, je vous le rappelle), on démonte, on regarde, et après mûre réflexion, on décide de déconnecter le frein à main. Plus simple. Les plaquettes ne frotteront plus. Ouais, sauf qu'il manquait déjà une plaquette, alors ça ou rien, c'est pareil. Bref, sans frein à main, on en connaît une qui va devoir aider aux démarrages en côte !
Tandis que François bricolat avec Philippe, Michel s'était collé aux derniers contrôles techniques. Michel, il faut que je vous le présente. C'est un Peugeotiste invétéré. Il ne jure que par les 203, ça frise même l'ostracisme à ce niveau de passion. Il connaît la lionne sur le bout des doigts, au point d'affirmer que c'est la meilleure affaire du monde. Ce matin, il s'est donc jeté comme un mort de faim sur le coupé 504 des de Gail, arrivé trop tard la veille pour avoir été inspecté sous tous les angles. Mais voilà qu'au lieu de s'avancer vers le coupé, il s'est planté devant la Béhème des Vidrequin. Et quand on a commencé à le lui faire remarquer, il a brandi son tee-shirt Peugeot comme un diplôme ! « Pour qui me prenez-vous, je sais reconnaître une Peugeot tout de même ! » Mouais, sauf que c'est pas le même logo sur le capot si tu regardes bien ! « Meuh non ! Oh flûte (il a été bien élevé Michel, il ne jure pas, il flutte entre les lèvres avec une discrétion savante), je m'a trompé ! » Le tout dans un éclat de rire que toutes ses explications ne pourront jamais rattraper. S'est gourré le bougre, fatigué pas fatigué, s'est gourré !
A propos d'erreurs, je dois signaler une bêtise, un fourchage de langue serais-je tenté d'avancer comme excuse : en parlant de nos amis Panhardistes, j'ai évoqué un certain Marcel Latruffe ! Pff, la truffe, c'est moi. C'est pas Marcel, bien sûr, mais son frère Martial ! Ses amis auront rectifié, mais les autres méritaient cette plate excuse. A ma décharge, il faut dire que les concurrents font rien qu'à m'embrouiller. Figurez-vous que son épouse s'appelle, pour l'état-civil, Yvette. Mais elle n'a jamais aimé ce prénom que le curé a imposé à l'époque de son baptême. C'est Chantal qu'elle veut se faire appeler. Elle a même réussi à obtenir un papier officiel lui permettant de revendiquer ce prénom. Alors Yvette c'est Chantal. Comme Maryse Barland demande à être appelée Claudine. Me mélangent la comprenette avec leurs prénoms qu'elles changent par coquetterie...
Dans un tout autre genre, les étourdis sont légion. Je ne vous parle pas de ceux qui oublient leur étui à lunette (c'est déjà fait, n'est-ce pas Anne-Marie ?), se trompent de jour (Astérix et Obélix voulaient embarquer dès hier !), laissent leur passeport à l'hôtel et omettent de rendre leur clé, non je vous parle de ceux qui perdent carrément leur billet d'embarquement sur le quai. Le pauvre Jean-Pierre a, il est vrai, dû changer une vitre sur le port et le papier a dû s'envoler. Pas grave ? On voit bien que vous ne connaissez pas le règlement et les consignes reçues par le personnel qui filtre les entrées. La jolie blonde aux lunettes de soleil plus grandes que son visage et au baudrier trop grand pour elle se mettait en colère. Toute rouge qu'elle était. Expliquant en Italien avec un fort accent grec à Jean-Pierre qu'il ne pouvait pas, dans ces conditions, monter à bord. Devait rester à quai le bougre. Vous me connaissez, je ne peux résister au plaisir de battre en brèche le sacro-saint principe d'une règle est une règle. IL faut qu'il y en ait mais de là à les appliquer bêtement, il y a une marge, je préfère l'esprit à la lettre. Un zeste d'éducation cistercienne sans doute, ou des réminicences de jésuitisme. J'arrive, comprend le problème et entreprend d'expliquer à la blonde hirsute et soudain boudeuse, fermée comme une huitre que, pas question, montera pas sur le bateau, na ! Je tente d'expliquer en mélangeant anglais, italien et grec que nous sommes un groupe, qu'il en fait partie, que tout est pré-payé, elle ne veut rien entendre. Se bute, la blonde. J'avise alors son chef, alerté par le ton. Je parlemente, argumente, et finit par le convaincre qu'après tout, il ne risque rien. Il a la liste complète, les billets, il ne peut pas y avoir resquille. Il établit un billet factice et zou, Jean-Pierre embarque... Ouf ! Déjà qu'au port, il avait fallu batailler pour éviter de repasser deux fois par la case départ pour cause d'incompréhension entre fonctionnaires, ça aurait fait désordre.
Vous l'aurez compris, nous sommes au complet. La mer est d'huile. La nuit est tombée, le briefing est terminé, la bière est fraîche... Buena notte... Euh pardon, Kalinichta. Demain, nous débarquons à Igoumenitsa...
PS : petit message amical aux Lascombes, contraints de rentrer précipitamment. Nous pensons très forts à vous.

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