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Adriatica 2 - Etape 07 - Sibenik / Stari Grad

Petite journée tranquille entre amis. L'étape était courte en kilomètres, mais longue en temps. En cause, le bateau que nous devons prendre à Split pour nous rendre sur l'île de Hvar. Il ne part qu'à 14h30 mais il faudra impérativement y être arrivés avant 10h pour être certains de tous embarquer. Mais deux précautions valant mieux qu'une, nous avons cependant affrêté un bateau plus important. Nous avons donc fixé le départ à 8h, un départ sous banderolle pour que nous puissions prendre la photo souvenir désormais traditionnelle. Bizarrement, nous avons dû faire peur à tout le groupe parce qu'ils sont tous là dix minutes avant l'heure prévue. Tous ? Non, il fallait bien un retardataire et ce coup-ci, c'est Joël et Corinne Brunel qui se sont fait appeler Désirés. Un quart d'heure de retard à l'allumage ! Ah, ces Panhardistes, il faut toujours qu'ils se fassent remarquer. Pourvu qu'il ne crève pas, ce serait le comble...

Lors de l'homérique briefing d'hier au soir (un grand moment, ponctué de fous rires hystériques, un de ces happenings que nous aimons tant), Daniel avait tenté d'expliquer avec sérieux qu'au kilomètre 29, il ne fallait pas suivre le road-book à la lettre, mais, comme il le disait avec pertinence : « l'interpréter ». Donc, ne pas prendre la première à droite, ne surtout pas suivre Centar (centre-ville), mais tourner à la deuxième à droite et suivre Trajekna Luka (un truc du genre embarquement sur le ferry). Il a bien insisté le Daniel, faisant un beau dessin au tableau. Mais il faut croire que l'ambiance totalement délirante du briefing a quelque peu perturbé la comprenette de tout le monde, et que ça a même totalement troublé certains participants. Moi le premier. Au fameux kilomètre 29, nous avons trouvé trois autres voitures, hésitantes. Moi, fier comme un bar tabac et connaissant parfaitement le trajet pour l'avoir fait plusieurs fois lors des reconnaissances et en mai dernier, je fais signe à la petite troupe de me suivre. Il y a là, mon André qui n'arrête pas d'engueuler son épouse Marie-Christine (ça fait plus de 30 ans que ça dure, paraît que ça glisse), les Meyer et les Deprez. Confiants, ils me suivent. Fatale erreur. Je reconnais pourtant parfaitement le chemin. Deuxième feu à gauche. La troupe est rassurée : il y a là un beau panneau « Trajekna Luka ». On a bon qu'ils se disent. Troisième à droite, toujours un panneau. Oh le bonheur, il sait ce qu'il fait, mais c'est bizarre, ça ressemble plus du tout au road-book. Pas grave, y'a toujours le bon panneau. Mais euh, là, qu'est-ce qu'il fait, le panneau il indique qu'il faut tourner à droite, mais il file tout droit, on le suit toujours ? Ben oui, il doit connaître un raccourci... Non, euh, en fait, je discute avec mon chauffeur et je l'ai loupé le panneau. Je m'en aperçois en traversant le carrefour, mais il est trop tard. Tant pis me dis-je, on va prendre la prochaine à droite et on retrouvera le port qui n'est, j'ai oublié de le préciser, qu'à cent mètres à vol d'oiseau, on voit même les bateaux ! Mais la première à droite est en sens interdit, va pour la deuxième.Elle est étroite, mais on s'y engouffre tous les quatre. Ca se rétrécit de plus en plus, mais on voit les mâts des bateaux grossir. On y est presque, mais, oups... Cul-de-sac ! Comment faire demi-tour ? Ben, en marche arrière... Fallait voir le convoi repartir en marche arrière, sous les regards amusés des habitants sortis de leur maison pour voir ça. Ca valait le coup d'œil parce qu'une Traction, ça ne braque pas super bien. Une Triumph Vitesse un peu mieux, mais la conduite à droite ne simplifie pas les choses. Quant à la 403, elle s'est sortie du pétrin comme une fleur... Plus facilement que le Grand Cherokee dans lequel je me trouve et qui avait déjà eu du mal à se glisser jusque là. Bref, le temps de manœuvrer, nous voici de retour au port et, avec surprise, nous nous apercevons que beaucoup de ceux qui nous avaient dépassé sur la route ne sont pas là. Et pour cause, le syndrôme du kilomètre 29 a encore frappé.
Deuxième à droite, deuxième à droite, serait-ce ce chemin en terre ? Patrick Lheurette s'y engouffre avec gourmandise au volant de sa 4L Sinpar. Et vas-y que je roule dans la poussière, je tourne, je vire et... grand coup de patin suivi d'une belle glissade. Il vient d'atterrir dans la cour d'une maison... Demi-tour bien évidemment, et le temps de trouver la deuxième à droite, le voilà qui déboule. Suivi par toute une tripotée de concurrents qui ont erré dans la ville (n'est-ce pas Thierry Lagrasta ?), se sont joyeusement perdus pour se retrouver, soulagés, sur le port. Même la Mercedes 280SL de Jean-Pierre Gaubert est là, et pourtant il s'est fait peur ce matin. Nous l'avons surpris, sur le bord de la route, capot ouvert, avec une foule immense d'assistants improvisés autour de lui. Sa voiture ne tourne plus que sur cinq cylindres. Ben, il est passé où le sixième ? Les avis fusent, divergent, se croisent, se décroisent. « Je te dis que c'est le fil de bougie » « Ouais, ben moi je te dis que c'est une bougie. » « T'y connais rien c'est juste ton allumage qui merdouille, les vis platinées doivent être mal réglées... » Sur un allumage électronique ? Hum, restons sérieux. Camille arrive avec son outil de diagnostic magique, une lampe strobo. Mais déjà, il ne fait de doute pour les pros de la mécanique que le cinquième cylindre a besoin d'un nouveau fil de bougie. Celui-ci n'est pas d'origine, il a été tellement bricolé qu'il ne coiffe plus que partiellement le plot sur le distributeur et les étincelles sont là pour le prouver. Ca n'empêche pas de roulotter jusqu'au port où l'on remplacera ce fil par un plus conforme...

En attendant l'embarquement, les voitures bien garées et gardées, nous avions près de trois heures à tuer. L'occasion rêvée de visiter la vieille ville de Split qui, ô divine surprise, jouxte le port d'embarquement. D'y faire quelques achats, ou d'y goûter quelques excellentes grillades de poisson ou, pour ceux qui voulaient tout voir, une part de pizza maousse costaud à 10 kunas, soit 1,30 euros, qui dit mieux ?
Nous avions demandé à tous d'être là avant 13h30 pour être présents à l'arrivée du bateau et grimper à bord groupés, afin de ne laisser personne sur le carreau, le prochain ferry n'appareillant qu'à 20h30. Bien nous en a pris, car nous avons pu tranquillement nous engouffrer dans les soutes du navire, impeccablement rangés, en faisant un zeste de police au passage mais dans une bonne ambiance générale. Il faut dire que nos vieilles guimbardes ne passent pas inaperçues et que les curieux sont nombreux, qui nous encouragent.

Deux heures de traversée plus tard, nous débarquons toujours sous le soleil (ça vous énerve, hein ?) sur l'île de Hvar, et nous filons direct sur la petite ville de Hvar et son petit port de plaisance. Une merveille, alors que la nuit commence à tomber doucement. La lumière est superbe, douce, mordorée, et elle vient lécher les bateaux à voile sagement rangés. On ne doit pas manquer d'argent dans le coin... Les plus courageux iront visiter la citadelle, les autres boire une Pivo (bière. Petit cours de croate au passage : toceno pivo, ça veut dire bière pression, malo pivo : petite bière, velo pivo : grande bière).
Et les pannes, alors, il n'y en pas eu ? Ben, si. Dans l'ordre d'apparition, et outre la Mercedes déjà évoquée, je vous les conte comme on me les a rapportées. Gros pépin pour les Dupon-Baverez : le lave-glace côté passager est légèrement bouché ! Un véritable drame, d'autant qu'il est annoncé quelques trois à quatre gouttes de pluie entre 12h30 et 12h41 demain. « Désolé, on n'a rien d'autre à raconter, mais c'est pour être présents sur le site, hein ! Mais dis bien que ce n'est finalement pas trop grave, il aurait pu être totalement bouché. » Dans le même genre, mais un rien plus sérieux, Hubert Kilburg se bat avec son démarreur depuis quelques jours. Une dent qui n'engrène pas et qui, lorsqu'elle se trouve en prise au mauvais moment, refuse de bosser. Pas gentille, à croire qu'elle a une dent contre lui. « Ce n'est pas inquiétant parce qu'il me suffit de pousser pour passer sur une autre dent, et puis de toutes façons, j'ai une manivelle... C'est juste que ça fait du bruit au démarrage. »
Au fur et à mesure des arrivées, je continue à en apprendre de bonnes. Deux soucis d'alternateur le même jour. Réglés tous deux, mais ça fait désordre. C'est d'abord la Giulietta de Dominique Chauvet et Patricia Laffin qui a fait des siennes. Problème de support d'alternateur. C'est, ensuite, la 2CV des Leroy qui doit changer, sur le port d'embarquement, et à la nuit tombée, son alternateur (devinez qui en a prêté un ? Lorenzini ! Quand je vous dis que ce gars-là a, dans son coffre, un véritable arsenal et qu'il pourrait quasiment dépanner toute la caravane à lui tout seul !). Et la petite dernière : Jojo a crevé hier. Il l'avait bien caché le bougre. J'avais bien vu que sa jante AR gauche était piquée et que le pneu avait un air de vieux machin, tout pourri. Ouf, c'est réparé. Il a trouvé un petit atelier qui lui a remplacé la chambre à air de sa roue et voilà sa 304 à nouveau sur pied. Euh, sur roues...
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Alors que je vous écris ces lignes, c'est apéro géant dehors. Mais rassurez-vous, on vient m'amener du cisson, du Saint-Nectaire, du pinard, des bretzels, toutes les 30 secondes. On allège la voiture d'Huguette que d'aucuns trouvent trop lourde ! Demain, elle va foncer comme un avion en entrant au Monténégro !

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