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Etape 11 - Cetinje / Cavtat
La série noire continue. Après la Traction des Chaplais, la 402 des Leclère et ma P60, c'est au tour de la 403 de Daniel de monter sur le plateau. Gros bruit côté pont, dès le démarrage. Pas le temps de chercher d'où il provient et comme il est très présent, Daniel décide de ne pas prendre le moindre risque. Il s'avèrera, dans la soirée, que ce n'est pas le pont qui est malade, mais un arbre de roue. Nous tentons, à l'heure actuelle, de l'extraire pour voir si nous pourrons le remplacer (problème : il y a plusieurs diamètres) du côté de Parme. A condition de pouvoir faire envoyer la pièce. Affaire à suivre. En attendant, ce soir, au briefing, Daniel devrait se faire joyeusement chambrer. D'autant qu'hier, il nous a offert un enterrement de première classe pour le coulage de bielle de la P60. Genre « pom, pom, pom », musique funèbre et toute l'assistance en officiants zélés. Il devrait avoir droit à la même chanson mais avec des paroles légèrement différents, style « pont, pont, pont pont » et tout le monde arborera, dès le dîner, un ruban noir en signe de deuil !
N'empêche, quatre voitures out, ça pose question. Sans compter les multiples pannes à répétition qui concernent généralement la charge (quatre batteries, une dynamo), le démarrage (deux démarreurs) ou l'allumage (l'A310 de Pierre est encore passée entre les mains de nos chirurgiens). Avis aux participants du deuxième tour, il va falloir nous soigner tout ça parce que ces petites pannes-là peuvent facilement être prévenues.
La journée a fort heureusement été calme pour la plupart des participants. Avec un programme alléchant, sous un soleil chaud bouillant. Réveil tôt, avec départ aux aurores pour Ismaël, Cécile et moi qui partons en éclaireurs pour chercher les endroits les plus propices à faire des photos spectaculaires dans les Serpentines, ces 25 virages qui descendent sur Kotor, avec vue sur ses fjords magnifiques. Le ciel, d'un bleu incandescent, éclairait d'une lumière douce le paysage, sans l'écraser comme c'était le cas lors des reconnaissances de cet été. Les concurrents, parfaitement disciplinés, avaient attendu tranquillement une demie heure avant de se mettre en route, par petits groupes. Ils mettront plus d'une heure avant de nous rattraper dans le virage 18 pour les premiers, dans le virage 12 pour les suivants et dans le 9 pour les derniers. Profitant d'une vue sublime sur les bouches de Kotor et du peu de circulation à cette heure matinale. Nous croiserons même une Zastava blanche qui, voyant que je prenais des photos de voitures, a attendu son tour pour avoir droit à son heure de gloire, moteur coupé ! « Ca coûte moins cher en essence ! »
A Kotor, nous retrouvons l'essentiel de la troupe égayée dans la vieille ville. Avec Daniel et l'assistance nous improvisons une réunion de crise pour mettre en œuvre un plan de bataille pour le rapatriement des trois véhicules gravement malades que nous devons ramener en France et surtout pour préparer l'étape du lendemain, que nous avons modifiée pour filer sur Mostar. Il nous faut un plateau de libre, au cas où. Or, ils sont occupés par la P60 et la 403 (soit dit en passant, ce sont deux véhicules d'assistance, ça fait désordre, non ?). Nous décidons de louer un transporteur pour envoyer à Split la 403 et d'envoyer le plateau avec la P60 également sur Split. L'auto sera remisée sur le port et le plateau prêt à prendre la route au cas où. L'autre plateau, libéré de la 403, suivra la troupe par la route de Mostar. Ouf ! Seul petit détail : nous n'avions pas imaginé que les transporteurs et autres garagistes pourraient profiter de l'occasion pour se faire de l'argent ! Naïfs que nous sommes. Par téléphone, on nous demande carrément 600 euros (ou 540 si nous payons en cash !), pour 300 km. Ca fait du 2 euros le kilomètre. Cher, très cher ! Et comme nous sommes dans un petit pays (par la taille), ils se donnent tous le mot et les enchères montent vite. Tant pis, nous allons être plus malins qu'eux. Daniel et Ismaël avisent un petit garage, au bord de la route. Après quelques palabres, nous tombons d'accord sur une somme nettement plus raisonnable : 280 euros. Affaire réglée.
Par contre, nous pensions pouvoir faire rapatrier par Mondial Assistance la P60, contrat d'assurance à la clé. Sauf qu'il faut vraiment lire les petites clauses écrites entre les lignes. Et ça ne marche pas. L'assurance veut bien la transporter dans un garage pour la faire réparer, mais j'ai beau leur expliquer que le plus compétent se trouve à Bailly, en France, ils ne veulent rien entendre. Pourtant, nous nous débrouillons pour l'avancer jusqu'à Imola. « De là, je vous l'amène dans un garage à Imola... » Ben voyons, ça je sais faire. Merci bien. Mais aucun garage local ne pourra me la réparer. « C'est tout ce qu'on peut faire pour vous, on vous rapatrie vous et vos bagages, mais votre auto, c'est quoi déjà une Sim... Sima... Simacaca ? Là on ne peut rien, je veux bien chercher le concessionnaire le plus proche... d'Imola... Mais j'ai pas votre marque sur l'ordinateur, vous êtes sûr que c'est Simacaca ? » Dialogue de sourd. La fille est gentille, mais les clauses du contrat claires côté Mondial Assistance : voiture non, passagers oui... Les Chaplais ont vécu le même scénario. On ne saurait donc trop vous conseiller de relire vos contrats d'assurance et de faire écrire, par votre assureur, les clauses d'exclusion. Elles sont nombreuses ! Il va donc falloir prier pour qu'aucune autre voiture ne tombe en panne et semer nos 403 et P60 sur le parcours pour les récupérer plus tard.
L'après-midi va s'avérer beaucoup plus tranquille. Il ne reste plus que 80 km jusqu'à Cavtat (prononcez Tsavtate). L'idée c'est d'y arriver assez rapidement pour prendre un bateau ou un bus et filer sur Dubrovnik. ¾ d'heure de navigation ou 20 minutes d'autobus. Ou 10 minutes de route mais 1h pour trouver une place de parking. Ca en vaut le détour car la vieille ville est l'une des plus belles du monde. Avec des milliers de marches car elle se mérite tout de même. Mais quel plaisir pour les yeux !
Ce soir, l'ambiance est évidemment particulière. Les blagues fusent. Josyane vient de nous chanter l'air du « Pont de la Rivière Kwaï », Pascal Dubiez demande à Daniel s'il fait le pont... Tout le monde est habillé en noir... Le briefing promet d'être chaud. Je vous raconterai ça demain...

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