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Etape 09 - Budva / Zabljak
Nous avions commencé le briefing d'hier en prévenant : l'hôtel qui nous attendait à Zabljak, au cœur de la montagne, n'avait rien à voir avec ceux qui nous accueillaient jusque-là. Nous l'avions qualifié de typique. En précisant qu'il était une survivance de l'époque des apparatchiks et qu'il n'avait pas changé depuis sa construction, à la fin des années 60. « Vous devrez sans doute recoller les papiers peints et refaire votre lit, mais l'endroit est tellement beau... » Nous avions même, croyions-nous, forcé quelque peu le trait disant qu'il n'y aurait ni piscine ni internet, et peut-être même pas d'électricité ni de lits... La piscine est effectivement hors service, tout comme internet et l'ascenseur (il y a tout de même 10 étages !), mais il y a de l'électricité et les lits sont faits. Le choc temporel est cependant bien là. On se croirait revenu trente ans en arrière et même le personnel affiche une mine triste. Mais au final, ça n'a pas grande importance, bien au contraire et tout le monde a l'air heureux de trouver enfin quelque chose de « typique ». En tout cas, ici, tout respire l'authenticité et la simplicité. Mais n'attendez pas un sourire, toutes les filles mâchouillent des chewing-gums, en traînant les pieds, vêtues du pantalon réglementaire et de la chemise tout aussi seventies. Pas question de speeder. On prend son temps. On vit à 2 de tension et au bout d'une petite heure, on se surprend à adopter ce rythme déstressant...
La route pour venir jusqu'ici n'a pourtant pas été simple. Dès le départ, la 2CV des Pandolfi a encore fait parler d'elle. Ventilateur mal fixé, refroidissement zéro, bobine en surchauffe et fil de bougie fondu... Plus d'allumage, bien sûr et c'est donc sur le plateau de Gégé et Daniel qu'elle a rallié l'arrivée. Quelques kilomètres plus loin, c'est au tour de l'Alpine A310 de Pierre Riberolles qui se plaint, pétaradant à qui mieux mieux et refusant de tourner autrement que sur trois cylindres. Nouvel arrêt. Changement des vis platinées, de la tête de Delco, du condensateur et du doigt d'allumeur (un doigt prévu pour une Simca P60 !). Au passage, on s'aperçoit que certains magasiniers feraient mieux de changer de métier car le jeu de vis platinées pour A310 acheté chez Méca Parts s'avère être celui prévu pour une R5 Turbo. Le linguet mobile est bon, pas le linguet fixe. Et que dire de la tête de Delco dont la qualité de refabrication laisse à désirer car elle tiendra à peine une vingtaine de kilomètres. Au passage, recalage de l'allumage, mais si elle repart sur quatre cylindres, elle persiste à péter à la retenue. Tant pis, on recalera bien deux à trois fois l'allumage sur la route, mais rien n'y fera, les « spécialistes » se penchent à l'heure actuelle sur le problème et comme le groupe ne manque pas « d'alpinistes », ça devrait le faire.
Pas d'autres soucis mécaniques avant d'attaquer la route entre Podgorica et Kolasin. C'est ensuite que ça s'est gâté. Tout ça pour que les participants de la prochaine édition aient une route immaculée ! Des travaux sur des dizaines de kilomètres. Avec une seule file au bon vouloir des responsables. Avec des temps d'attente dépassant la demie-heure, sans que ça gêne personne. L'occasion, certes, de faire la causette avec des locaux, affolés par le trajet que nous faisons avec nos vieilles guimbardes. Quand on leur annonce d'où on vient et où on va, ils se marrent. « Nous, nos vieilles oldtimer, on les benne pour acheter des autos modernes. Et vous vous faites l'inverse ? Vous êtes fous ? » Il est vrai que l'on a croisé, sur le bord des routes, des vendeurs de voitures un peu partout. Faisant du raccolage sur le bord même des routes. Du coup, ça roule beaucoup en Audi et pas que des modèles bas de gamme, en Mercedes, en allemandes en règle générale, pas toujours immatriculées. Nous avons cru comprendre que l'immatriculation se renouvellait chaque année lorsque vous présentiez une assurance. Autrement dit, toutes les autos non immatriculées que nous avons croisées ne sont pas assurées ? Eh oui !
Après les interminables travaux et tunnels en réfection (payés par la Communauté européenne qui pense ainsi se dédouaner de son aveuglement lors de la guerre), le long de la rivière Motaca d'un beau vert aujourd'hui, l'arrivée sur Kolasin est une véritable récréation. Par rapport à la reconnaissance, les restaurants ont poussé comme des champignons. On y sert des spécialités locales, une véritable nourriture de montagne. Une sorte de truffade qui tient au corps (mélange de pommes de terre et de fromage fondu), goulash de veau, viande roulée avec du jambon de bœuf, fromages de brebis et beurre à la couleur et à la consistance pour le moins étrange (on dirait du fromage de chèvre frais) mais douce au goût. Le tout arrosé de la Piva (équivalent de la Pivo croate), autrement dit de la bière ou de quelques vins à base de Cabernet ou de Pinot noir. Avec, pour clôturer le repas, un café turc ou un capuccino. Pour notre part, nous avons poussé un peu plus loin, après Polje, pour retrouver le Restoran Nacionalni que nous avions découvert cet été pour y retrouver ceux qui nous avaient si gentiment reçus. Et qui, ô miracle, se souvenaient parfaitement de notre passage et nous ont servi très exactement les mêmes plats. Toujours sans parler le moindre mot de croate ou d'anglais, en albanais. Mais, parfois, les mots ne sont pas nécessaires...
De Kolasin à Zabljak, il n'y a plus guère que 80 km d'une route qui, cette fois, n'est pas en travaux, car elle a déjà été refaite. Du coup, les mauvais passages ont été gommés et c'est un véritable billard qui s'offre à nous, seulement perturbé par d'innombrables virages. Au passage, nous apprenons que Laurent Krier a marché sur un fil de fer barbelé et toutes ses copines se sont empressées de lui tripoter le pied pour atténuer sa douleur. Il est, depuis, passé entre les mains de l'infirmière locale, aux mains câleuses a-t-il dit. Puis de notre toubib qui menace de lui faire une piqûre et comme Laurent n'aime pas les piqûres, il se cache...
Après une soixantaine de kilomètres de virages, c'est l'arrivée sur le plateau avec les vaches solitaires et les moutons qui baguenaudent sur la route. Sous un soleil qui perce de plus en plus difficilement derrière des nuages de plus en plus noir. Pas de doute, nous allons avoir droit à un orage de montagne, juste sur le parking de l'hôtel. Une saucée (pardon, une drache comme disent les Belges) monumentales ! Ce qui n'empêche pas l'assistance de se mettre au travail (nous avions prévu le coup et emmené des tentes pour nous abriter. Et elle a eu du boulot avec une garde d'embrayage à régler sur la 203 de Laurent Krier, une courroie de dynamo changée sur la 203 de Guy de Bluze, le roulement ARG de la Cox des Richaume qui n'a pu être changé (ce n'était, de toutes façons, pas le bon modèle : il a un roulement à billes en lieu et place d'un roulement à rouleaux ! Il a donc été remonté à la graisse et on espère qu'il tiendra jusqu'au retour. Il a fait plus de la moitié du parcours, ça devrait donc le faire), l'allumage de la 2CV des Pandolfi (il a suffi de changer la bobine, un fil de bougie et les bougies pour que ça reparte, mais cette fois avec un ventilo bien fixé), l'alimentation du klaxon de la TR4 d'Hugues Pulings (il a fallu ressoudé à l'étain), le clapet de la pompe à essence de la TR4 des Soulier... et l'allumage de l'A310... De la bricole. Au passage, chapeau à l'assistance qui a remis sur route la 305 qui roule presque mieux qu'avant...
La blague belge du jour ? Elle est à mettre au crédit de tout le groupe qui a réussi à glisser le camembert de l'amitié dans la 203 de Laurent (il ne pue donc pas des pieds comme certaines mauvaises langues le redoutaient au moment de toucher son pied blessé), lequel l'a refilé à la Rodéo des Pujkis. Mais également à Jacques Mollet qui, en toute discrétion, a réussi à siphonner le réservoir de... Laurent. La grande victime du jour. Demain matin, ça ne devrait donc pas être triste avec une 203 que l'on peut d'ores et déjà vous annoncer en panne d'essence. Dobra vecer !

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