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Etape 08 - Budva / Ulcinj/ Budva
Dobro Dosli Montenegro. Le pays change vite. Dix ans de retard sur le voisin croate à rattraper, ça ne se fait pas en un jour mais en... deux ! Difficile de reconnaître la route côtière qui mène de Budva à Ulcinj. Tout a changé. Les routes, en reconstruction totale, tout comme le paysage, des immeubles ayant poussé comme des champignons, s'accrochant au moindre rocher planté au bord de la mer. Pas facile de retrouver ses repères, mais l'itinéraire n'avait, a priori, rien de bien compliqué. Sauf qu'une fois passé Stevi Stefan, la petite presqu'île transformée en hôtel pour nababs par un émir, le convoi a dû s'arrêter. Route fermée pour travaux, impossible de passer. Sauf que, dans la file, nous voyons un autobus s'engager. « On ne passe pas ? » « Ne » « Mais lui, il passe bien ? » « Da ». Comprenez : payez et vous passerez. L'affaire sent le racket à plein nez. Il est vrai qu'il est difficile de se débarrasser en quelques années d'un demi siècle de mauvaises habitudes. Ici, le bakchih permet d'arrondir les fins de mois.
Le chauffeur du bus a payé 20 euros, il peut poursuivre sa route. Pour nous, c'est forcément plus cher. Nos gugusses, imperturbables, ont vite compris qu'ils avaient affaire à un groupe de 60 véhicules. A 2 ou 3 euros la voiture, ça peut faire une belle journée. Et puis comme nous sommes vraiment nombreux, pourquoi ne pas faire grimper les enchères à 4 ou 5 euros ? Ben voyons. Nous ne voulons pas cautionner ce genre de comportement qui n'honore personne. Nous décidons donc de faire demi-tour et de retourner sur nos pas pour revenir sur Petrovac et remonter sur Virpazar. De là, nous emprunterons le nouveau tunnel et la quatre voies qui repart sur Bar. Ca nous coûtera 2,50 euros de péage pour un tunnel qui, comme tous les autres ou presque, a été financé par la Communauté européenne.. Mais il faut bien trouver de l'argent pour financer la reconstruction du pays...
Après ce déliceux « incident » qui nous a permis de zigzaguer sur de jolies petites routes étroites comme on les aime, l'arrivée sur Ulcinj promettait d'être une récréation. Nous avions tous rendez-vous à l'entrée de la ville pour un départ en convoi car, figurez-vous que la ville était, en principe, fermée à la circulation toute la journée car elle était entièrement réservée aux jeunes qui passent l'équivalent de notre baccalauréat et vont faire la fête. Sauf qu'ici nous sommes au Montenegro et que rien ne se passe jamais comme prévu. Premier couac, derrière nous, la 305 d'Etienne Clech n'a pu s'arrêter que dans un... 4x4 ukrainien qui a pilé devant lui, à la sortie d'un tunnel, pas éclairé le tunnel, bien sûr ! Résultat : une face AV explosée, et un radiateur d'eau qui a pris une partie du choc. Pas moyen de repartir et, de toutes façons, il faut faire un constat avec la police. L'affaire est mal engagée mais, comme toujours dans ce pays, tout peut s'arranger avec quelques relations et de l'argent. Ismaël, notre GO monténégrin, aidé de son cousin Dino, a donc négocié que l'accident ne passe pas au tribunal le lendemain, à 14h, comme le souhaitaient les autorités, mais soit réglé « à l'amiable ». Moyennant 51 euros d'amende qui correspondent en fait au défraiement pour avoir fait se déplacer la police. La 305 a donc pu repartir, mais sur le plateau et ce soir, on tente une réparation de fortune pour redresser la carrosserie, lui redonner des phares dignes de ce nom et réparer le radiateur. Les passagers, eux, sont évidemment choqués mais sans le moindre bobo, c'est l'essentiel.
Une fois rassurés, le convoi a donc repris la route pour entrer dans Ulcinj. Soi-disant fermée à toute voiture. C'est évidemment du grand n'importe quoi car ça y circule comme si de rien n'était. Et l'on aurait pu tout tranquillement se garer sur le parking, comme prévu. Cela dit, l'option de dernière minute s'avère tout aussi judicieuse, car nos voitures sont garées sur un parking ombragé. Par contre, la vieille ville est de l'autre côté, à 20 minutes à pied. Et il fait 30 °C à l'ombre ! On ne bronze pas, on cuit ! Sur la plage de sable noir, ça se baigne, l'eau étant déjà à plus de 20 °C. Partout, c'est la fête, musique à tue-tête, groupes de jeunes portant tous le même T-shirt, celui de leur école. Ca danse, ça chante. Fort. Les filles entre les filles, les garçons entre les garçons, on ne se mélange pas dans la rue. Ici, on est musulman « tolérant ». On pratique officiellement, pas officieusement.
Les participants s'égayent dans la vieille ville en reconstruction, avec des méthodes plus ou moins ancestrales. L'apparence prévaut d'ailleurs le plus souvent sur l'authenticité mais depuis notre dernier passage au mois d'août, la vieille ville a presque doublé de volume. Là, sous des tonnelles ombragées, quelques restaurants cuisinent d'exceptionnels calamars grillés avec une petite sauce aillée délicate, le fromage pané ou le dessert national, le baklava, à base de miel et de noix, super énergétique. L'ambiance y est à l'image du pays, chaleureuse, mais très décontractée. Trop parfois. On oublie ainsi de vous dire que le plat commandé n'existe plus au menu. Et ils ne s'en aperçoivent qu'à la fin, lorsque tout le monde a été servi sauf un... Mais pour se faire pardonner, ils concoctent vite fait un plat de remplacement et vous offrent les boissons et le café, ne vous faisant pas payer le repas de celui qui a été oublié (votre serviteur, soit dit en passant)...
L'après-midi, tout le monde devait partir pour longer le lac Skadar et en prendre plein les yeux sur une route étroite et pas toujours en très bon état. L'occasion, aussi, de voir que le pays change vraiment de seconde en seconde et nos participants d'octobre devraient avoir droit à une nouvelle route, toute neuve, beaucoup plus large, car elle est en construction. Très avancée. Mais certains ont préféré revenir sur Budva pour aller visiter la vieille ville. Ou bricoler. Sur le parking, c'est très animé. Les panhardistes, eux, ont zappé l'étape pour refaire l'embrayage de la Dyna Z, mais également ressoudé la patte de fixation de l'échappement, sous la boîte de vitesses. Pascal et Didier, eux, ont attaqué la remise en état de la 305, en attendant le radiateur qu'Ismaël a tenté de faire réparer. Sans succès, nous ferons nous-même la soudure à l'étain car, par chance, le faisceau est en cuivre. A cette heure, la 305 tourne comme une horloge et elle est prête à repartir. Par contre, la Cox des Richaume a manifestement un problème de roulement AR. L'assistance est sur le coup et ça devrait bien se passer. Il faut dire qu'ils suivent Sylvie et Eric qui sont habitués à prendre de « mauvaises routes », et Corinne est persuadée que ça a un rapport. Hum, hum...
Plus drôle, les Lemercier nous ont gratifiés d'un gag magnifique. Pascal voulant faire les niveaux, à chaud comme cela doit se faire sur une 911, est descendu de sa voiture avec le pack tout électrique et, sans y penser, il a refermé sa porte, avec les clés sur le contact, bien sûr. Il a des doubles, heureusement... Euh, oui, mais ils sont dans la boîte à gants ! Résultat, nous avons une Porsche, sur le parking, moteur tournant, fermée avec les clés à l'intérieur. Les McGiver se précipitent à son chevet. Comment faire ? Les tentatives se suivent, sans succès jusqu'à ce que Daniel suggère que l'on enlève une vitre de custode. Jacques Mollet s'y colle et en dix minutes, la messe est dite, même si certains ont profité que Jacques passait la tête et la main par la vitre de custode pour essayer de l'y faire rentrer tout entier. La blague belge du jour !
Des petits soucis ? Pierre Riberolles en a également avec sa batterie. Elle ne tient plus la charge. C'est la quatrième batterie à dégager sur le rallye. Participants à la deuxième édition : contrôler vos batteries et vos dynamos et alternateurs avant de partir (tiens, au fait, la Traction des Vialla a connu un souci de tendeur d'alternateur... Quoi ? Un alternateur sur une Traction ? Oui, et alors, il roule...). Nous avons tenté d'en trouver une autre, mais elle est tellement étroite que c'est peine perdue. Pourtant, c'est le même modèle que sur les 4L... Mais après avoir fait plusieurs garages, nous comprenons que les batteries de 4L, au Montenegro, sont plus grosses. Pourquoi ? Parce que les feux doivent être allumés toute la journée ? Possible. En tout cas, ça pose problème et nous devrons le démarrer aux câbles au moins jusqu'en Croatie.
Pas le temps de s'ennuyer, comme vous le voyez. Mais tout le monde a la banane. Surtout ceux qui ont vu le lac de Skadar et ne regrettent pas les trois heures de routes qu'il leur a fallu emprunter pour profiter du spectacle. Demain, ce sera encore totalement différent, avec de la montagne, de la montagne et de la montagne. Nous quittons la côte pour remonter jusqu'à Kolasin avant de filer vers Zabljak. Au complet, avec la 305 et la.... Porsche. Do videnja.
Post-scriptum (s) : La cheville de Gérard Leconte va de mieux en mieux. La R12 Gordini n'a plus de téléphone, disparu, envolé, parti se reposer. Etienne a le moral en hausse, sa 305 fonctionne et il s'est joyeusement fait chambrer au briefing. Tout le monde l'a remercié d'avoir pris le 4x4 à leur place...

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