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Etape 07 - Hvar / Budva
Aujourd'hui, c'était la journée du bac. Pas celui qu'on a raté lorsque nous étions jeunes, mais ceux qui font vroum-vroum et, comme dit Daniel, qui « roulent sur l'eau » ! Comme prévu, ça a été un véritable bocson, grâce à une passionaria genre garde-chiourme qui aurait fait ses études au Kgb. Une blondasse au cheveu gras, à la panse bedonnante et au sifflet planté dans une bouche sèche comme un rat mort. Avant son arrivée, tout se passait bien. Lorsqu'elle a débarqué avec son air d'hallucinée et ses chants walkyriens, ça a été du grand n'importe quoi. Comme prévu, les premiers équipages étaient arrivés à 8h pour prendre le bac de 9h45. Sagement alignés en attendant de pouvoir monter à bord. Quelques autochtones se sont, toujours comme prévu, glissés dans la file. Mais également quelques touristes allemands et autrichiens, tous à bord d'immense bateaux à roulettes, genre camping-cars de nababs et 4x4 pour pauvres, vous savez ces Cayenne suceurs de bitume qui ne voient jamais la moindre goutte de boue pour ne pas abîmer leurs belles carrosseries. Jusque-là, tout était parfait. Les autorités locales avaient bien enregistré le fait que 20 de nos autos devaient prendre ce premier bac, mais la barraquée de service en a décidé autrement. A mon avis, elle a dû passer une mauvaise nuit, tellement elle était énervée, gigotant sur des gambettes qui avaient du mal à la porter et gesticulant en vociférant dans une langue qui nous est, je vous l'accorde, étrangère. Mais son discours était clair : « tout le monde monte à bord, et s'il reste de la place, je mets vos poubelles sur MON bateau. » Dès que Jean-Claude Feuvrier et Jacques Studler ont compris ce qu'il se passait, ils ont commencé à hausser le ton et l'affaire a vite tourné vinaigre. Jean-Claude a forcé le passage, suivi par la meute de nos autos. La furibarde a fait des bonds qui ont fait tremblé le port tout entier, essayant d'expliquer à l'équipage du ferry qu'il ne fallait pas que nous grimpions sur SON bateau. Mais les gars doivent bien connaître les coups de gueule de la fofolle et ils ont, fort heureusement, fait la sourde oreille. On en a même vu un qui se bouchait ostensiblement les oreilles... Pour autant, tout le premier groupe n'a pu prendre ce premier bac. 8 voitures n'ont plus grimper à bord. Elles ont dû attendre le deuxième bac, celui de 11h15. Avec le même cinéma de la fée Carabosse des Balkans, jouant cette fois du sifflet à la façon de Sydney Bechet. Des aigus, à faire se dresser les cheveux sur la tête. Là encore, le passage a dû être forcé. Mais 5 autos sont encore restées à quai. Nous sommes arrivés sur ces entrefaites pour embarquer sur le troisième ferry, celui de 12h30. Là, moins de soucis, puisque nous l'avions affrêté pour nous. Mais elle a quand même trouvé le moyen de faire monter à bord des autos qui n'avaient rien à y faire. Par chance, nous avions prévu large et tout le monde a pu faire la traversée.
Ces tracasseries n'ont pas empêché les bonnes blagues de continuer. Pour gagner des places sur le ferry, nous avions décidé de faire monter une auto sur chacun des plateaux. Figurez-vous que Daniel et Gégé ont eu une drôle d'idée. Ils sont venus me voir et m'ont dit : « Hum, ce serait bien si on montait ta P60 sur le plateau. Elle a l'habitude ! » Allusion non déguisée à une mésaventure arrivée sur le premier Raid Gazoline au Maroc... Grrr, Titine sur un plateau ? Ben oui, mais pour la bonne cause. Ca n'a pas empêché les mauvaises langues de se moquer... Mais j'ai le dos large... Et puis, il y a eu de belles récompenses aujourd'hui. Sur le ferry, nous avons eu la chance d'apercevoir des dauphins, venus nous danser un joli petit ballet pour nous accompagner durant la traversée. Quelques kilomètres plus loin, alors que nous pique-niquions, un chien à la tronche en biais est venu nous faire un brin de causette, s'installant tranquillement à côté de nous, sans rien réclamer malgré la faim qui lui tenaillait manifestement le ventre. Nous l'avons bien sûr nourri, le brave bougre. Peu après Dubrovnik, après l'immense détour qu'il a fallu faire à cause d'un pont qui s'est effondré, nous avons fait la connaissance de Sacha, et de sa 404 de 1964, « toute d'origin », comme il le dit avec fierté. C'est sa voiture de tous les jours depuis... 44 ans ! Et à voir son état, on devine qu'il en prend bien soin.
Les incidents techniques, eux, ont été limités. Thierry Santorin a crevé un pneu, pour la deuxième fois en deux jours, sur sa Mercedes 190SL et Christian Breu a décidé de changer son embrayage demain. Il patine décidément beaucoup trop. Personnellement, j'ai traficoté la pédale de la P60 pour gagner encore quelques degrés à l'ouverture du papillon. Je trouvais que je me traînais encore un peu trop. Enfin, aux dernières nouvelles, il y aurait une odeur suspecte dans la 203 de Guy de Bluze. Il n'ose en parler aux Chaplais. Lesquels n'osent d'ailleurs pas lui demander d'où vient cette étrange odeur de pieds... Nous on sait, le camembert de l'amitié a atterri dans leur auto... Jusqu'à quand ? Dernière petite nouvelle, bonne celle-là : l'essence est ici à 1.18 € ! Ca fait rêver, tout autant que les paysages que nous traversons, trop vite aujourd'hui, beaucoup plus lentement demain. Bonne nuit à tous et espérons que Thierry n'aura pas la « bonne » idée de nous remettre à 6h du matin du Brassens à fond de ballon, ça en a réveillé plus d'un ce matin ! Brassens, c'est super, mais si tôt, c'est dur...

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