Routes - 01-11 - Safi / Essaouira
Ce soir, c'est Caroline Riberolles (équipage 266) qui vous raconte la journée. Pas triste du tout. Peu de kilomètres (120), juste ce qu'il fallait pour se souvenir qu'il s'agit malgré tout d'un rallye. Mais une ambiance très scolaire, genre "classe verte". « Nous avions le choix de l'heure du départ. Mais globalement, nous avons quasiment tous attendus 10h du matin. Et là , surprise. La veille au soir, Daniel avait eu une discussion avec le directeur de l'hôtel qui lui avait proposé de lui faire rencontrer le délégué au Tourisme du district de Safi. Ce matin, le gars est là , et il nous propose de visiter le musée de la Céramique, qu'il nous ouvre, exceptionnellement. Du moins c'est ce que l'on a compris : ça devait être vrai car il y avait que nous plus, bien entendu la Police. Elle est certes moins présente qu'en Tunisie, mais là on se sentait bien entourés...
Après le musée, le guide a emmené son troupeau (il faut bien l'appeler comme ça) visiter les ateliers de potiers à l'entrée de la Médina et le musée d'une famille de potiers où on a eu le droit à un thé gratis. Daniel, lui, est sûr que le gars lui a dit qu'il nous emmenait dans une coopérative, mais ça ressemble plutôt à la boutique du cousin du délégué (mais bon, il paraît qu'ils sont tous cousins, par ici, en tout cas, ceux qui voulaient acheter le pouvaient...).
Puis nous sommes repartis, toujours en cortège, Daniel devant et nous tous derrière, tous derrière... un peu comme une sortie scolaire : il y avait les sages devant, les dissipés derrière, les distraits à la traîne. Et nous voilà partis pour un tour dans la Médina. Là , surprise, très tranquilles les souks : personne ne nous harcèle... Louche ? Non, on avait la Police aux fesses (c'est vraiment l'expression) et juste d'un coup d'Åil elle sait remettre les gens en place. Un type est venu dire à Blanca qu'elle était belle mais il est vite reparti !
Le troupeau déambulait dans les rues , en route pour la visite de la cathédrale (une cathédrale à Safi ? En fait les vestiges d'une cathédrale portugaise...) etvoilà que nous trouvons une minuscule école maternelle avec à peine une dizaine d'élèves , mignons tout plein ; et les maitresses très heureuses de nous ouvrir la porte pour faire des photos avec le sourire et tous les p'tiots très fiers de nous chanter des comptines pour nous montrer qu'ils connaissaient les jours de la semaine ! Un gentil moment.
C'est là que ça s'est un poil gâté. Si l'on en croit le guide, il a organisé un repas dans un restaurant pour 100 personnes. Nous ! Daniel, lui aurait pourtant bien expliqué que c'était prématuré d'imaginer que nous pouvions rester manger. Qu'on verrait plus tard, si certains voulaient rester sur place... Bref, apparemment, il y a eu incompréhension. Toujours est-il que nous n'avions pas très envie de rester et nous nous sommes tous égayés sur la route, à peine arrivés aux voitures. Avec les Laizin et les Chaintreuil, nous avons attaqué la route côtière pour trouver un coin tranquille pour déjeuner sans plus attendre. Du coup, Daniel s'est quasiment retrouvé tout seul avec la Police. Il n'avait pas envie de manger nos 100 parts, apparemment, parce qu'il est reparti aussi sec. Il paraît que le gars l'a rappelé pour lui demander : "vous êtes où ? J'ai tout organisé !". Ãa a dû chauffer...
A la sortie de Safi, nous nous sommes arrêtés au bord de la mer, où tout était très sympa (on venait de longer les conserveries de poisson, ce qui fut une affreuse épreuve - les enfants trouvent que « le Maroc, ça poque ! » - pas très politiquement correct mais si vrai...). On gare les véhicules, et on sort le pique nique ; les Laizin n'avaient pas grand-chose mais la mère Riberolles avait une caisse de saladettes, Vache qui rit ( d'ailleurs on a collé un autocollant sur l'Estafette façon sponsor), saucisson, bière et compote ! Ãa y est, le rallye a bien commencé ! La Traction nous délivrait de l'Aznavour pendant notre festin quand a débarqué... la Police ! Encore ? Et oui, c'était la journée. En fait, on a cru comprendre qu'ils ne voulaient pas que nous photographions ce qu'il y avait derrière nous, un pole chimique de phosphate. Moche. On a eu beau leur jurer-cracher qu'on ne photographiait que la mer et les saladettes, ils sont restés un bon moment. Le plus drôle, c'est qu'à leur arrivée, il y avait un type sur la plage qui ramassait des sacs de sable (?) et qui s'est planqué. En fait, il s'est carrément enterré dans le sable et il n'est sorti de sa cachette qu'une fois les pandors partis !
On reprend la route côtiere très jolie qui mène à Essaouira, et pas trop surchargée. Le grand moment, ce sont les 10 km de piste ; en effet, après Saouira la route n'est plus goudronnée, elle est complétement défoncée et totalement bondée. Nous y avons croisé pêle-mêle des piétons, des gars à cheval, à mob, en vélo, des tracteurs, des charrettes, des carrioles, sans oublier les camions. Un trafic digne d'un départ en vacances. A propos des mob, signalons qu'ils ont un casque dont l'usage exclusif semble être de protéger les phares ! Bizarre coutume.
Nous avons, de plus, failli nous enliser dans les graviers à la fin de la route. Le paysage est magnigique : la plage est pleine de dunes on dirait le désert ; ne manque que le dromadaire. Et bien là , incroyable, notre premier dromadaire, attelé avec un âne ; puis un autre quelques mètres plus loin ; la mer, le désert et les dunes et les dromadaires, le Maroc est décidément surprenant. Comme nous ne sommes pas loin de la plage, nous faisons un crochet vers ce qui semble être un port de pêche, avec des barques échouées dans les dunes, si, si. Thierry Laizin y aventure sa Traction et le voilà ensablé ; pour l'en sortir, il faudra une corde et deux gazous (Philippe Boye et Pascal Chaintreuil). D'autres équipages ont la bonne idée de venir se promener par là et on se retrouve avec la 2 CV de Paul Mirailles et Marie-Hélène Janvier, la R16 de Michel et Edouard Duboc, la Renault 4 de Jean-Pierre et Marie-Thérèse Lombard et la Renault 6 de Max et Jacqueline Goulat.
En ce qui concerne la 2 CV, celle qui arbore fièrement une quasi-vraie tortue sur le devant, on en sait un peu plus sur son nom mystérieux : MADRENA. En fait, les trois petits-enfants de Paul et Marie-Hélène ont donné chacun la dernière syllabe de leur prénom : thoMAS, AlexanDRE, et LeyNA. Bonne initiative de baptiser sa voiture, Estachouette se sent moins seule. Ils commencent à découvrir le Maroc ; ils ont eu la gentille intention de donner quelques bonbons sur la route. Comme prévisible, ça a tourné à l'émeute et ça leur a couté leur rétroviseur coté passager. Déjà qu'ils avaient perdu un enjoliveur sur l'autoroute ! Mais heureusement pour le moral, ils ont trouvé une petite bergère de 7 ans, toute seule, à qui ils ont donné des bonbons. En échange elle leur a offert une pleine poche... d'escargots qu'ils ont accepté avec respect ; belle rencontre.
L'équipage 232 vient goûter sur la plage car Jacqueline, gourmande, a acheté des gateaux au souk et ils font la pause . Les 232 et 234 roulent ensemble et se la jouent façon safari ; la 4L est relookée zèbre et la 232 est une R6 léopard, fait maison, très chic ! le problème, comme dit Marie-Thérèse, c'est qu'en voyant un zèbre et un léopard on va croire que c'est un cirque qui arrive !
On reprend la route et ça monte (derrière un affreux camion qui va à 5 à l'heure) pour déboucher sur un plateau avec une forêt de petits résineux et une grande ligne droite. Oouf, voici Essaouira. Et là commence le rituel de l'étape : le gazou arrête sa voiture, et va bavarder avec les autres pendant que la gazelle file à la réception chercher la clé de la chambre. Elle revient sur le parking et elle cherche le gazou qui discute mécanique avec les gazous dont les pieds dépassent des voitures. Elle demande au gazou de bien vouloir lui accorder 2 minutes pour décharger les sacs. Certaines gazelles font un petit ménage, un petit rangement c'est marrant. Puis à l'heure où le soleil se couche, le gazou assoiffé par le chaud soleil africain va s'abreuver à la mare... non au bar de l'hôtel, pendant que sa gazelle file sous la douche ! C'est comme ça tous les soirs. Sans doute pire ce soir, le cadre s'y prêtant car toutes les voitures ou presque ont le capot ouvert. Il est vrai que nous avons déjà dépassé les 3.000 km. Paraît qu'une petite révision, ça ne fait pas de mal.
Les Getain et leur Aronde en font partie. Ils rament toujours avec les mêmes problèmes de dynamo. Figurez-vous que les deux nouvelles qui sont arrivées sont pires que la première ! Du coup, il va falloir trouver une autre solution. L'idée c'est de rouler comme ça jusqu'à Marrakech (Roger Ecker lui a prêté une batterie) et là on ira trouver un garage pour réparer. Définitivement... Les Getain font partie des quelques équipages qui sont venus à cause ou grâce à Jean-Claude Hasse (« c'est cet enfoiré de Jean-Claude qui m'a dit de venir, il a dit que c'était cool, et tout ! tu parles ! »)... Leur amitié y résistera-t-elle ?
Le 246 (Jean-Yves Eudier et Olivier Lava) a une cantine XXL dans sa R4 (j'en ai jamais vu d'aussi grande) avec plein de pièces détachées ; il pourrait peut-être ouvrir un souk au Maroc. Il a même installé une mezzanine dans sa R4 fourgonnette !
En faisant un petit sondage, sur la question « Et qu'est-ce qui fait que vous êtes venus au rallye ? » plusieurs ont répondu que tout ça c'était la faute de {Gazoline}. J'ai même rencontré LE lecteur qui a tous les numéros de Gazoline depuis le n°1.C'est Henri-Philippe Vincent et il porte le n°260. Il a passé 7h les mains dans le cambouis pour un pb de fuite de liquide de refroidissement et de culbuteurs sur sa Méhari. D'après son frère, un petit peu moins car ils ont quand même pris le temps d'aller manger !
D'autres sont venus ensemble car c'étaient les 4 ou personne : les 238 (Frédéric et Sophie Charles) et 239 (Yannick et Valérie Couillin). Ils sont très heureux d'être là car c'est un grand rêve qui se réalise, comme pour plusieurs je crois ; seule l'étape espagnole était un peu longue (de l'avis de tous d'ailleurs). Voilà , une belle journée se termine, tranquille, agréable. Où l'on peut prendre le temps de prendre le temps... Il paraît que demain, c'est pareil. Chouette... »