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Piste - 19-10 - Ifri / Fes
Petite journée entre amis. C'est le scénario de la journée. Vous prenez des participants épuisés, vous leur donnez rendez-vous à l'Hôtel Fes Inn, à Fes, vous leur indiquez un horaire de départ à la carte et un itinéraire dépourvu de la moindre difficulté, vous les dispensez du traditionnel road-book, vous leur glissez tout de même des saladettes (mais vous savez bien qu'elles resteront dans le coffre, l'appel du restaurant étant bien plus fort) et vous les lachez dans la nature. 300 km plus loin, vous les retrouvez affalés dans des canapés ou déjà courant dans la Medina pour visiter la ville royale. Entre-temps, ils ont cheminé tranquillement en évitant les radars, en respectant le Code de la route et en s'arrêtant régulièrement pour siroter un café ou découvrir les charmes de la Forêt de cèdres avec ses singes quasiment apprivoisés qui regardent passer les autos en croisant les bras ou viennent quémander des pommes à un mètre de vous. Les plus malins sont passés par Ifrane à l'heure du déjeuner, pour déguster des côtelettes de mouton ou des brochettes, à deux pas d'une boucherie, face au lycée qui crache un flot ininterrompu de jeunes filles en blouse rose ou blanche. Les plus observateurs auront remarqué qu'une fois passée la montagne, tout a changé. Les maisons s'européanisent, tout comme les vêtements. Le luxe s'affiche avec ostentation, les voitures n'ont plus rien de commun avec celles que nous avons quittées, déglinguées, usées, maltraitées dans le sud. Ici, c'est le règne du Porsche Cayenne ou du Touareg. Certes, on retrouve encore quelques R4 aux trains AV ouverts et des Renault 12 fatiguées, mais ce n'est plus la norme. L'automobile est neuve, moderne et la population ne se cache plus ou si peu derrière le voile. Le nord du pays a, pendant très longtemps, été privilégié, choyé, soigné par son roi. Mohamed VI veut, aujourd'hui, doter le sud des mêmes avantages. Le fossé est énorme. Il mettra une bonne génération avant de se combler.
A Fes, c'est même le retour aux bouchons de la civilisation occidentale. Avec la pollution qui va avec. Le diesel de base est moins bien raffiné que le 350 qui s'apparente à notre diesel européen. Les autos fument noir. C'est sans doute ça la rançon du modernisme... Nous avons retrouvé ceux qui, pour plein de raisons, avaient décidé de ne pas nous rejoindre à l'Hôtel Jurassique. Les camions Mercedes et la Jeep Iveco de Michel, venus accompagner André Cuvelier qui a dû prendre un avion, à 6h du matin, pour retourner en Belgique auprès de son père mourant. Et la 504 des Fontaine qui voulaient, officiellement, prendre leur temps pour visiter Fes mais qui, officieusement, se voyaient mal dormir une seconde fois à l'Hôtel Jurassique. Ils ne sont pas les seuls à grogner contre cette étape « rustique » mais à laquelle nous tenons plus que tout. Les hôtels de luxe, les bivouacs trois étoiles organisés depuis le début, c'est bien, ça permet de reposer les troupes de la meilleure des façons. Mais nous tenions absolument à ce qu'ils puissent mesurer la différence entre le Maroc du touriste fortuné et celui, plus nature et plus chaleureux, du Maroc profond. Chez Zaïd, on est plus en famille qu'à l'hôtel. Certes, on s'entasse dans les chambres dans un confort tout relatif. Mais il y a tout de même tout le confort, même s'il n'a rien du trois étoiles. Certains se sont offusqués de cette rusticité. Tant pis pour eux, ils n'ont rien compris. Comme dit Zaïd : « chez moi, on fait le maximum pour t'être agréable. Et nous compensons l'absence de biens matériels par la générosité du cœur. » Certains feraient bien de méditer cette sentence car leur comportement a été à la limite de l'odieux. Hier au soir, il y avait de la viande fumée à table. Et pas fine du tout. Grossière, irrespectueuse. Il a fallu jouer les médiateurs pour en calmer certains et se facher parfois tout rouge. Rien n'est excusable dans ces comportements imbéciles. Comme l'a très bien résumé un des participants : « pour s'apercevoir qu'on est c..., encore faut-il avoir un cerveau. » Hier au soir, quelques participants ont montré qu'ils n'en avaient pas.
Comme toujours, ces attitudes ne concernent qu'une infime minorité de gens dans un groupe, mais elles finissent par pourrir l'ambiance du groupe tout entier et à en donner une image désastreuse. C'est d'autant plus dommage que cette édition, techniquement réussie même si elle n'a pas toujours été parfaite, a réservé son lot d'émotions fortes et a amplement mérité son sous-titre « d'Aventure au Maroc en anciennes ». Nous avons tout eu : le suspense, les conditions météorologiques (il n'aura manqué que la neige), les naufragés du désert, l'arrivée nocturne dans le désert, l'ensablement, les oueds qui débordent, les coups de gueule,... Au final, c'est cela qui restera au terme de cette édition. Mais si quelqu'un connaît un vaccin contre la c..., merci de nous en faire parvenir un container...
Pour ma part, je vous quitte là. Demain, je quitte le convoi qui prend le bateau à Tanger pour rentrer sur Paris et préparer la réunion Gazoline de dimanche matin. Mais je vous retrouverai avec plaisir dans quelques jours pour le départ de la seconde équipe qui devrait vivre un rallye touristique beaucoup plus calme et paisible. Mais qui sait ? Peut-être vivrons-nous encore des aventures tout aussi palpitantes ?

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