Piste - 10-10 - Meknès / Ifri
Nous décidons ainsi de descendre jusqu'à Tighassaline, au sud de Kénifra, pour couper par El Kebab, Boumia en passant par le col de Tanout-ou-Fillal. Nous rejoindrons ainsi la nationale 13 au-dessus de Midelt pour replonger vers Ifri. Il nous faut prévenir les autorités du changement de programme pour des raisons de sécurité. Et guider tout le monde vers la nouvelle destination. Pas facile de retrouver des concurrents éparpillés entre Meknès et Mrirt. La Gégémobile et le Nissan de JC Gillonnier ferment le convoi et rattrapent rapidement les plus lents pour leur donner les dernières instructions. A l'avant, Jean-Pierre Marigot commence à arrêter les premiers. Il nous faut une petite heure pour ramener toutes nos ouailles dans le droit chemin. Et les guider sur le nouveau parcours. Pas de road-book, une navigation à la carte. Et une route goudronnée superbe.
Certains s'étonnent de notre « excès de prudence » au vu du ciel d'un bleu immaculé. Mais c'est méconnaître l'Atlas et ses colères féroces. Jusque vers 13h30, heure locale, c'est grand beau. Nous croisons des pique-nique improvisés un peu partout. Certains jardinent hors piste. Ca s'amuse dans tous les coins, entre deux pannes minuscules à réparer. La plus récurrente d'entre elles : l'alimentation. La Colorale doit ainsi changer sa pompe à essence, colmatée. Fond de cuve ? Mauvaise qualité de carburant ? Les deux mon colonel... A ce propos, la R4 de Damien et Emilie a procédé à la même réparation hier au soir et elle tourne comme une horloge aujourd'hui. Gaffe au carburant. Préférer les grandes stations aux petites qui ne sont pas toujours bien approvisionnées.
Finalement, c'est assez tôt que nous arrivons à Jurassique. Accueillis par Zaïd et Mouloud qui nous attendent avec les dattes et le thé à la menthe. Magnifique accueil, chaleureux, familial. Nous sommes ici chez nous et nous investissons l'hôtel dans la bonne humeur. Ce soir, nous allons nous « mélanger » dans les chambres, dans les salons, dans les couloirs. Ca promet une belle ambiance. En attendant, beaucoup veulent goûter de la piste. Nous guidons tous ceux qui le souhaitent sur une première piste caillouteuse qui traverse de petits villages, un minuscule gué et quelques oliveraies. Poussière, caillasse, dénivelés, bosses, creux... On se régale sans risque. Avec, tout le long, des gamins qui nous saluent (eux ne réclament pas les fameux « stylos » qui pourrissent régulièrement la vie du raider), large sourire accroché aux lèvres. Pour eux, c'est un peu comme si le Dakar passait entre leurs maisons. Ca les fait marrer, ces drôles d'occidentaux qui préfèrent rouler sur des pistes défoncées alors qu'ils pleurent pour qu'on leur goudronne leurs routes et qu'on les désenclave. Heureusement pour eux, le nouveau roi fait beaucoup pour améliorer la situation dans ce sud qui a été oublié pendant des décennies...
Nous allons bientôt passer à table. Les femmes s'activent en cuisine. En attendant, ça parle beaucoup. On échange. Mouloud réclame des cigarettes. « Je ne fume plus » rigole-t-il, mais il aime bien griller une clope quand il y a du monde. Ce doit être une réminiscence des réunions de tribus, dans les montagnes du Rif, lorsqu'on partageait le kif, du temps où c'était encore autorisé. Aujourd'hui, on partage le tabac occidental. C'est moins poétique, trop pragmatique, mais si pratique...
En attendant, la fête se prépare. Elle devrait être somptueuse. On vous en parlera demain...
Dernière minute : plus fort que fort ! Le Mercedes vient d'arriver, derrière le Berliet qui arbore avec fierté un trophée. Et quel trophée ! Un joint de culasse. Le vieux, tout pourri. Il en a été trouvé un à Meknès et il a été changé dans la matinée... Incroyable, non ? Quand on vous dit qu'on ne laisse personne sur le carreau ! Bravo aux Degrémont et à l'assistance.