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Piste - 09-10 - Tanger / Meknès
Nous y voilà. Le Maroc, enfin ! La procédure d'embarquement se fait sans le moindre problème, grâce à la diligence de Jawad, notre interlocuteur à la Comanav. La distribution des premiers paniers repas à base de saladettes a même pu avoir lieu, tout comme les contrôles techniques des derniers véhicules arrivés tard la veille. Et l'on a même pu apprendre quelques petites anecdotes supplémentaires. Le BJ des Kaus a cassé son pare-brise (« un caillou »). En deux sessions au Maroc, deux pare-brises. Bien joué. Mais ce coup-ci, on ne l'a pas pris au dépourvu. Dominique avait prévu le coup et embarqué deux morceaux de plexi qui feront l'affaire. Autre victime des projections diverses et variées, la R4 de Damien et Emilie : un écrou leur coûte le phare AVG. Pas glop, pas glop d'autant que l'arrivée à Meknès s'annonce nocturne.
Sur le bateau qui relie Algéciras à Tanger, nous avons le temps de procéder aux formalités de police. La descente s'annonce donc tranquille. Erreur. On le sait, la patience est la première qualité des raideurs. Une nouvelle fois, les péripéties administratives vont nous pourrir quelque peu le débarquement. Une histoire de numéros de série déjà enregistrés dans la base de données et qui n'auraient pas dû l'être. On n'a pas tout compris. Mais ça a pris deux heures. Moitié moins qu'il y a deux ans. Il y a du progrès.
C'est donc finalement à 14h30 heure locale (deux heures de décalage avec le continent européen) que les premiers équipages s'élancent. Très vite, de petits groupes se forment, se déforment au rythme des feux et des... incidents. Le premier est pittoresque. Jean-Michel Astor, dans son beau camion de Pompiers, n'en croit pas ses yeux. Devant lui, deux jeunes s'accrochent aux ridelles du Berliet et entreprennent de monter à bord. Le feu est rouge. Jean-Michel fait des appels de phares. Dans le Berliet, Stéphane et Dominique ne remarquent rien. Ils démarrent, roulent à 60 km/h, les deux jeunes accrochés derrière ! Jean-Michel klaxonne, pimponne. Les deux jeunes sont à l'intérieur. Ils farfouillent. Jean-Michel tempète, multiplie les appels de phares et, enfin, Dominique comprend qu'il se passe quelque chose. Il stoppe le Berliet, les deux jeunes en sautent immédiatement. Un sac à la main, le sac de toilette de Stéphane. A dix mètres d'eux, un homme les voit en train de courir et se lance à sa poursuite. Sur leur gauche, deux autres hommes s'élancent à leur tour. Plus loin, un 4x4 se lance à la suite des jeunes et leur coupe la route. Dominique a à peine eu le temps de descendre du Berliet. Les deux jeunes sont cravatés, et le sac est récupéré. Et rendu avec des excuses. Magnifique leçon, non ?
Plus loin, après la sortie de l'autoroute de Larache, attroupement. Le Lada Niva d'Alain et Marie-José Mathé est arrêté, capot ouvert. Autour, la foule. Tout le monde s'arrête. C'est la première vraie panne du rallye. « C'est quoi ? » Le moteur refuse de repartir. Mettez dix mécanos autour d'une auto, vous aurez dix avis. Heureusement, l'assistance arrive, telle Zorro. Et diagnostique immédiatement un problème d'alimentation essence. Fond de cuve ou réservoir pourri ? Il y a, en tout cas, colmatage avant la pompe à essence. Pas trop grave parce qu'il suffit d'enlever le bouchon à essence pour décomprimer le réservoir et faire pissoter l'essence. Il faudra souffler le réservoir et les durits demain matin. L'auto repart sous les vivats.Tant pis, ce ne sera pas la première auto à monter sur le plateau...
Quelques-uns profitent de cette première étape pour commencer à faire leurs emplettes. Mais comme dit le proverbe local : « tajine aujourd'hui achetée, tajine demain cassée ». Sur la piste, il y aura donc de la casse, pas forcément mécanique...D'autres appuient un peu trop fort sur le champignon et découvrent les douces joies des radars et des policiers locaux. Pas moyen d'échapper aux amendes. Plus ou moins lourdes suivant que l'on sait ou non négocier... Avec le sourire, ça le fait bien. N'est-ce pas Didier ? Qui s'est vu contrôlé à 54km/h pour 50 et a dû s'acquitter de 200 dirhams au lieu des 400 annoncés. Le tout accompagné d'un tonitruant « bienvenue au Maroc M. Didier ». Parfois, c'est plus « cocasse ». Le policier affirme que vous avez dépassé la limitation. « Mon chef commissaire t'a vu dans le radar ». Mais quand vous demandez à voir le chef commissaire, le « policier » vous invite à circuler au plus vite. « Ca ira pour cette fois ». Il n'y a pas plus de radar que de chef...
L'assistance n'échappe pas aux petits bobos. Le plateau a ainsi perdu un boulon de fixation. « C'est vrai que ça faisait du bruit ». Mais ça a bien pris trois minutes pour trouver la source du problème et réparer. L'honneur est donc sauf.
Un peu plus loin encore, la 2CV de Christine Margueritat et Bertrand Marcesche est immobilisée sur le bord de la route. « Nous n'avons plus qu'une bougie, l'autre s'est faite la malle. » Rouler avec un cylindre, c'est pas facile. Mais pas question de monter sur le plateau... » D'autant qu'il est pris par la R4 de Damien et Emilie qui jouent de malchance. Mais vu les symptômes (moteur qui ratatouille après un plein d'essence), ça devrait être une promenade de santé que de les remettre sur la route demain matin.
L'arrivée sur Meknès se fait bien de nuit. Et certains vont jardiner pas mal avant de trouver l'hôtel. Nous les premiers. Mais heureusement, nous trouverons un guide, Adile, pâtissier de 26 ans, qui montera dans notre voiture pour nous guider. « C'est mon honneur de vous aider. Aujourd'hui est jour de pardon, il nous faut faire une bonne action pour gagner notre paradis. » Il nous expliquera qu'il a dû arrêter ses études de comptabilité, faute de trouver rapidement du travail et qu'aujourd'hui il fait dans la patisserie. Il défend son pays et son roi avec enthousiasme. Ca bouge, il en est fier. Mais il y a tellement à faire encore !
A Meknès, enfin, nous retrouvons les six derniers équipages : Guillaume Kunhlé et Frédéric Pueyo, Christian et Josyane Fontaine (504 break), Olivier Kuentz et Hervé des Bras Bousses (BJ avec un pare-brise cassé), Michel et Pierre Walter (Jeep), Aimé Bonal et Hubert Gomez (Jeep) et Thierry et Véronique Thomas-Chauvet (Colorale). Par contre, la Ford Escort a rendu les armes à Arles. Elle ne sera pas de la fête. Dommage, sa préparation semblait de qualité...

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