Les journées libres, chacun fait ce qu’il lui plaît. Et c’est là qu’on voit combien les intérêts peuvent diverger, surtout lorsque les tentations sont aussi multiples qu’à Marrakech. Avec trois grandes tendances, ceux et celles qui attachent de l’importance à la culture, ceux (vous noterez que j’omets le « celles » !) qui ne jurent que par la rouille, les pièces de très vieille occasion, les odeurs d’acier et d’huile rance, et enfin ceux et celles qui choisissent de flâner au hasard de leurs pérégrinations.
Petite visite rapide des jardins de Majorelle. Merci à ceux qui avaient pris la précaution de réserver et m’ont fourni les photos



Je range dans la première catégorie les plus malins qui avaient réservé à l’avance leur billet pour visiter les jardins Majorelle, achetés par Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent en 1980. Une merveille qui abrite des milliers de plantes différentes (cactus, yuccas, nénuphars, lotus, nymphéas, jasmins, bougainvillées, palmiers, cocotiers, bambous, caroubiers, agaves, cyprès) et se pare de ce bleu si particulier créé par son fondateur, Jacques Majorelle, en 1937. Il fallait être patient (on réserve pour une tranche horaire, mais en fonction du monde, on y entre plus ou moins — et plutôt moins — à l’heure prévue), mais le spectacle en vaut la peine. Si on n’avait pas cette chance, cent mètres plus loin, dans la même rue Yves Saint-Laurent, on pouvait se rabattre sur le Musée consacré au styliste et couturier. On pouvait y admirer une exposition temporaire consacrée au photographe David Seidner qui a immortalisé nombre de créations Saint-Laurent, avec son style si particulier, ou l’exposition permanente des collections de robes et costumes réunie par David Bowles. Ou encore, découvrir des dessins des créations de Saint-Laurent pour le théâtre, le cinéma ou… Catherine Deneuve. Comme dirait l’autre, c’était une fort jolie consolation, même si les photos y étaient interdites, des dizaines d’hommes veillant à ce que l’on respecte cette règle.

L’un des nombreux paradis marocains pour les amateurs de ferraille.



Dans la seconde catégorie, à majorité masculine, se cachent les amateurs de cette ferraille qui, ici, joue la démesure. Un véritable paradis qui permet de découvrir des milliers de pièces et de centaines de voitures endormies attendant de courageux amateurs, prêts à se saigner aux quatre veines pour leur redonner vie, car je doute qu’il ait suffi d’un baiser sur la calandre pour qu’elles daignent se remettre à tousser. Keuf, keuf, vraoum…
Enfin, il y a les promeneurs, les purs touristes qui se sont précipités sur la place Jemâa El-Fna qui jouxte les souks, pardon la Médina. C’est de là que partent les calèches pour visiter la vieille ville, et c’est là que les marchands du temple attendent de pied ferme les touristes pour leur vendre des babioles. Dans le temps, c’était de l’artisanat local, dont une grande partie était produite dans les ruelles derrière le souk. Aujourd’hui, c’est en grande partie du made in China, présenté comme local. J’ai de plus en plus de mal avec cette mondialisation par la médiocrité, mais elle a au moins eu le mérite de quasiment supprimer le travail des enfants et l’exploitation de petits artisans par des marchands fort peu scrupuleux sur la santé. J’y ai vu des enfants de 12 à 13 ans souder à l’arc, sans lunettes de protection, à devenir aveugle avant d’atteindre leur majorité, ou des fabricants de ces magnifiques calendriers perpétuels en cuivre, frappés au poinçon et découpés à la main, payés une misère — à l’époque moins de un euro pour un produit vendu dans la boutique en dessous plus de 20 euros !

Nous multiplions les photos de groupe. C’est comme pour les photos de classe : dans 20 ans on dira « Tu te souviens, c’était Alain, Françoise, Florence, André,… »

Au menu, mouton, puis légumes, semoule et poulet, fruits… De quoi se remplir la panse.

Des images du spectacle son (très fort) et lumières.





J’en connais qui auraient bien dansé jusqu’au bout de la nuit…
Ce soir, tout ce petit monde se retrouve, avec des souvenirs différents à partager avant la soirée chez Ali. Un incontournable pour nous qui, lors de la troisième édition, avions emmené tout le groupe pour un repas-spectacle dans la grande tradition des fantasias. Un moment inoubliable qui va nous faire monter une larmichette à l’œil, à n’en pas douter… Mais on commence à en avoir l’habitude et nous ne cachons plus nos émotions.