Hier au soir, Daniel avait averti. La route vers Midelt, pfiou, elle est aussi pourrie que celle que nous avons empruntée pour rallier Meknès. « Ne perdez pas de temps, soyez prudents, il n'y a pas beaucoup de kilomètres, mais bon, à 50 de moyenne... voire moins... ». Il avait ajouté que l'hôtel qui nous attendait n'avait pas suffisamment de chambres pour accueillir tout le monde (à vous dire la vérité vraie, il manquait quatre à cinq chambres, qu'on nous a trouvées dans un riad et où l'assistance couchera ce soir). Du coup, certains sont partis très tôt en se disant que premiers arrivés, premiers servis. On a entendu dire que des participants ont déboulé dès 11h à l'hôtel pour faire chou blanc : les chambres ne pouvaient être données qu'à partir de 15h et uniquement sous la supervision de l'organisation. Nous...

Didier a décidé de s'habiller couleur locale, histoire de passer un peu plus inaperçu...

La magnifique 203 familiale d'André-Noël.

Fais-nous ça bien Christian !
L'assistance, parlons-en. Hier au soir, après le dîner, et pour remercier les mécanos du travail accompli, il s'est créé comme une sorte de libation improvisée du côté de la remorque. Je me suis laissé dire que ça a commencé au punch et que ça s'est achevé au champagne Drapier, prévu pour nos anniversaires à Daniel et moi. Il n'en reste plus une bulle. Tout est parti dans des gosiers morts de soifs qui ont fini par se rendre compte, sur le coup des trois plombes du matin, que ce n'était pas seulement parce qu'il faisait nuit qu'ils étaient... noirs. Dans le couloir, il paraît que c'était même pire. Une houle soudaine les faisait tanguer, il y avait un vent de force 7 à décorner des aurochs, si violent que l'un des impétrants a fini le cul par terre, à se marrer pour s'être explosé la tronche. Dans tous les sens du terme. Ceux qui les ont croisés au réveil (très tardif) m'ont rapporté qu'ils avaient des yeux en trou de... pine (ce n'est pas très élégant comme expression, mais l'image est forte !) et les cheveux qui poussaient. A l'intérieur.

La Degail connection.

Miam, une belle Twingo, celle de Pascal et Corinne, des anciens que nous n'avions par revus depuis... un certain temps, et pourtant, nous avons l'impression de les avoir quittés hier.

Parfois, au milieu du pisé, on trouve ce genre de bâtisse...
Pendant ce temps, le groupe découvrait, les fesses serrées, l'enfer promis par Daniel, cette route maltraitée et maltraitante qui descend vers Azrou puis vers Midelt. Et qu'avons-nous vu ? Une autoroute toute neuve, quatre voies, un ruban de bitume épais qui sent encore bon le goudron. On y roule à 100 km/h, on y double les camions comme s'ils n'étaient pas là, et on admire sans la moindre appréhension le paysage. Un vrai bonheur qui nous a incité à faire halte pour prendre un café au cul d'une de ces autos-bars dont je vous ai déjà parlé. Il s'avère qu'on vendait également des poteries et, sous une bâche, assis tranquillement, un chibani nous a immédiatement invités à venir discuter avec lui. De tout, de rien. Du temps qui passe, de la vieillesse. « Regarde, mon genou, il est foutu, et maintenant j'ai un tuyau pour pisser. Alors, le sexe, c'est foutu aussi. » « Avec Malika, plus de boum-boum ? » Malika, sa femme, qui s'est empressée de nous préparer un thé. « Ah, non, ça c'est fini ! » Geste désabusé. Elle, petit sourire en coin. « Mais avant, c'était comment ? » « Ah, avant, boum-boum tout le temps ! » « Alors, tu as bien profité ! » Un silence. Un sourire. « Oui, tu as raison. Maintenant, elle peut se reposer... » Nous avons rigolé comme des imbéciles. Puis nous avons pris le thé préparé par Malika qui nous adressait de petits sourires, du genre, « l'écoutez pas, il dit que des bêtises ». Peut-être, mais nous aimons ça, les bêtises.

Avec notre chibani (vieux) avec qui nous partageons mes bobos. Il vient de nous parler de son tuyau !

Les poteries de notre chibani.

Quand on voit les chefs sur le bord de la route, on se dit que l'endroit vaut le petit arrêt, pas vrai les amis Bourguignons ?
Après ça, nous avons filé droit sur la forêt de cèdres pour voir si l'on trouve encore des singes magots. Il y a vingt ans, ils venaient à nous par dizaines, ils grimpaient sur les capots des voitures, ils montraient les crocs pour nous presser à leur donner à bouffer, ils volaient dans nos poches... Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'une poignée. La plupart sont morts. Une épidémie dit-on. Trop de touristes qui leur donnaient à manger des cacaouhètes, des bananes, tout ce qui leur tombait sous la main. Triste. Les rares qui continuent à traîner par ici sont dressés à attendre qu'on leur fasse l'aumône d'une tomate ou d'une cacahouète. Tu les achètes par sachet, 40 Drh le paquet. L'exploitation du singe par l'homme. Triste.

Beaucoup de 4L du 4L Trophy achèvent leur carrière comme enseigne !

Il ne reste plus qu'une poignée de magots, là où il y en avait des centaines en 2005.
Nous ne nous sommes pas attardés. Disneyland, non merci. Et nous étions pressés de manger des côtelettes d'agneau à Zaïda, un centre névralgique important avec sa gare qui dessert les quatre coins du pays, et son avenue de la viande. De chaque côté, des boucheries-restaurant, côte à côte et face à face. On t'y fait griller une viande que tu vois découper sous tes yeux (il reste parfois la tête de l'agneau ou du mouton...), tu peux choisir ton morceau ou les côtelettes que tu veux. On te les grille sous les yeux, tu en prends plein les yeux (de la fumée) et les narines (les odeurs de braise et de grillé), mais c'est un délice. Et c'est quasiment le seul endroit, en dehors des grandes villes, où tu peux manger des côtelettes d'agneau. Alors, nous nous en sommes mis plein la panse. Ça nous change des tajines de bœuf, trois jours qu'on nous en sert à l'hôtel, le soir. Si ça continue, on va revivre le rallye Sicilien avec ses escalopes milanaises tous les soirs !

Dans les rues de Zaïda, la 204 d'André-Guy.

Chez nous, c'est interdit. Ici, la surchage c'est naturel...
Nous attendons l'assistance pour voir dans quel état elle va débarquer. J'espère en pleine forme, parce que je leur ai réservé une petite surprise : une remise en état d'une petite Mercedes...

Voilà les gars, pour vous remettre de votre nuit difficiel, un petit travail simple...