La météo nous avait promis l'enfer. Elle a plutôt donné dans le Purgatoire avec une belle trêve matinale qui nous a permis de tracer notre route en toute sérénité. Ce n'est qu'une fois passé Laon qu'elle a mérité les épithètes que les exégètes du baromètre avaient abondamment utilisés la veille, à grands renforts de cartes et d'alertes oranges. D'abord timide, la pluie s'est cachée derrière un vent à décorner les bœufs qui, d'ailleurs, étaient rentrés tranquillement à l'étable parce qu'on n'en a pas vu un seul. Ce qui nous a bien changé de notre belle Normandie. A la place, nous avions des champs de patates et des montagnes de betterave à sucre. Puis, les gouttes se sont fait plus lourdes et nombreuses. A cette occasion, nous avons pu apprécier la délicate conduite des autochtones qui, non content de refuser la priorité quand ça les arrange, se rabattent sous votre nez pour asperger goulument nos pauvres pare-brises balayés par des essuie-glaces cacochymes. Peut-être faudrait-il rappeler à ces impétrants les règles essentielles du savoir-conduire, règles qu'ils n'ont manifestement jamais apprises. Bref, c'est trempés comme des soupes, rincés comme des serpillières et dégoulinant de flotte que nous avons rallié l'arrivée, sans cependant perdre de notre bonne humeur. Parce que nous avons vu de belles choses aujourd'hui encore : le village des métiers d'antan et le musée Motobécane de Saint-Quentin (belle ville, soit dit en passant, avec une basilique à vous couper le souffle), le portail d'entrée de l'ancienne manufacture des glaces de Saint-Gobain (nous avons fait exprès le détour, même s'il n'y a pas grand chose à voir, mais vous savez combien nous sommes des sentimentaux) ou la cathédrale de Laon, perchée tout en haut d'un serpentin de petites ruelles dans lesquelles a lieu, chaque année, une montée historique.

L'entrée du Village des métiers d'antan et le musée Motobécane ont élu domicile dans les locaux de l'ancien fabricant de mobylettes.

C'est le responsable du lieu lui-même qui nous a raconté l'histoire de Motobécane devenu, aujourd'hui, MBK, propriété de Yamaha.  Dans les années 60, on fabriquait ici une mob toutes les six minutes !

Au premier plan, un Solex dont on a construit des exemplaires pendant dix ans, après le rachat de Solex à... Renault.

La célèbre mob bleue, ici une AV88 de 1971.

Cet étrange prototype, l'AV78, transportait une roue de secours ! Quelle drôle d'idée !

La KM2 de 1962, un protoype de petite voiture à moteur 125 cc qui pouvait atteindre les 102 km/h.

Dans le village, tous les métiers sont mis en scène, ici l'horloger dans son atelier.

L'école avec un problème de mathématiques classiques du niveau du certificat d'études. Saurez-vous le résoudre ?

Le magasin de jouets...

A Reims, nous devons l'avouer, nous sommes allés nous réfugier à l'hôtel. Pas tous, parce que, dois-je vous le rappeler, le deuxième module a démarré il y a cinq jours. Le syndrome dont je vous ai déjà parlé a évidemment frappé. Et plutôt fort le bougre. La Stag d'Alain Déprez ne freine plus. Un problème de maître-cylindre. A l'heure où je vous ponds cette prose, nous avons trouvé deux solutions. Un kit que nous essaierons de monter demain ou, et ça semble plus sûr, un maître-cylindre tout neuf qui arrive de chez Moss Londres par UPS à l'étape d'Anse. La solidarité entre collectionneurs a encore frappé. Comme pour l'Alpine de Denis Rousseau, en butte à un souci électrique qui l'a laissé en rade à quelques encablures de l'arrivée. Le téléphone a rougi, mais nous avons fini par joindre notre ami Didier Meneghesso, alpiniste invétéré et membre de notre association, qui a juré que l'auto repartirait demain matin. Il nous a envoyé chez un spécialiste qui, ça ne s'invente pas, tient pavillon à Gueux, à quelques mètres du célèbre circuit de Reims. Nous y serons à l'aube. Autre inquiétude, la 504 de Luc Chabannes qui ratatouille. Mais comme ça ne l'empêche pas de rouler et que c'est intermittent, nous avons remis la recherche de la solution à demain. Quant à la 4L de Daniel, elle a essayé de nous faire le coup de la panne, mais sans succès. Elle sera bien fidèle au poste... Comme vous pouvez le constater, nous ne nous sommes pas ennuyés. Et comme disent les gars de l'assistance, on a failli attendre les panouilles ! Pour un peu, ils seraient venus pour se croiser les bras et, pour tout vous dire, ça commençait sérieusement à leur démanger les doigts de ne pas pouvoir farfouiller sous les capots. On aurait préféré meilleur temps pour leur offrir ce plaisir, mais la météo décide et l'homme dispose pour paraphraser l'adage...

La basilique de Saint-Quentin.

L'intérieur de la basilique. Epoustouflant !

La place de saint-Quentin avec l'hôtel de ville à droite et le théâtre Jean Vilar à gauche.

L'entrée de l'ancienne manufacture de glaces de Saint-Gobain.

La cathédrale de Laon.

Didier concentré sur le problème de maître-cylindre sous l'œil attentif d'Yffick.