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Jour 06 - Mai - Killarney / Limerick
Les jours se suivent et ne se ressemblent définitivement pas. Ou si peu. Aujourd'hui encore, nous avons eu droit à un temps digne de l'Homme tranquille. Un soleil qui joue à cache-cache avec un petit crachin poussé par un vent plein d'ironie. Comme s'il voulait tester nos essuie-glaces et l'étanchéité des capotes, mais ne se résolvait pas à en faire plus. Il finissait même par tomber littéralement lorsque le paysage méritait une photo. A l'image des Irlandais, accueillants, chaleureux qui, à défaut d'avoir toujours du beau temps à offrir, ont un cœur si généreux qu'il balaye la grisaille d'un revers distrait.
La journée était tranquille, mais non exempte de jolies surprises. A Ballybunnion, une charmante station balnéaire au bord de l'Atlantique, enchâssée entre deux falaises et bordée par une plage de sable fin, nous avons eu la surprise de découvrir une énorme inscription que dessinait avec soin un homme. Intrigués, nous nous sommes évidemment empressés de trouver une explication à cette œuvre grandiose. Il s'agit d'une demande en mariage éphémère et limitée dans le temps, la marée allant balayer le message à peine deux heures plus tard. C'est Colleen Kennell qui en a eu l'idée, sa promise, Linda Blake, devant passer devant la plage à midi pétantes, comme chaque jour, pour se rendre à son travail. L'océan sera alors en pleine montée, léchant les volutes supérieures du dessin. Colleen sera sur la plage, au centre du tracé, attendant la réponse. C'est-y pas d'un romantisme échevelé ? Nous n'avons malheureusement pas pu attendre mais si quelqu'un a des nouvelles, ce serait sympa de connaître le dénouement de cette jolie histoire.
Plus loin, à Foynes, nous nous sommes arrêtés pour manger et nous avons retrouvé notre ami Laurent qui, malin comme un singe, avait trouvé une place devant le café dans lequel a été inventé l'Irish Coffee. C'est un certain Joseph Sheridan qui l'a imaginé pour réconforter les passagers des hydravions qui débarquaient à Foynes, frigorifiés après leur voyage. A l'époque, la crème était liquide et elle était destinée à refroidir le breuvage qui, sans ça, aurait brûlé les lèvres et le palais. C'est à un autre Irlandais, Jack Koeppler que l'on doit son remplacement par de la crème. L'histoire est également jolie parce que nous nous sommes laissés dire que Sheridan l'avait imaginée, d'abord, pour les dames qui ne pouvaient décemment pas avaler un whisky comme les hommes. Il eut l'idée de l'ajouter au café, la crème étant censée adoucir le goût. Les hommes eux, d'abord réticents à goûter ce breuvage pour femmes, ont fini par être séduits par la couleur et la présentation qui imitait la Guinness et satisfaisait leurs papilles. C'est beau l'histoire, non ? Surtout la petite.
Pour la grande histoire, c'est à Limerick que ça se passait. Au château du roi Jean, le frangin de Richard Cœur de Lion. Pas le bourreau sanguinaire et affamé de pouvoir que l'on décrit dans Robin des Bois. Nommé roi d'Irlande par son père puis roi d'Angleterre lorsque son frère a été fait prisonnier, il a été le premier à régner sur les deux îles. Le château qu'il a fait construire à Limerick, ville totalement française (ben oui, ce sont les Normands qui l'ont façonnée, leurs noms ayant été irlandisés pour l'occasion, ce qui explique l'origine des Fitzpatrick [fils de Patrick] ou Fitzsimmons [fils de Simon]), il ne l'a jamais vu terminé. Par contre, il a été souvent au centre de l'histoire de l'Irlande, dans la lutte qui a opposé Elisabeth et son âme damnée, Cromwell, à ceux qui refusaient qu'on leur impose l'église anglicane à toute force. La religion a laissé une empreinte sanglante indélébile. Ici comme ailleurs. Hier comme aujourd'hui. L'histoire n'est qu'un sinistre éternel recommencement...
Pour terminer sur une note un peu plus gaie, nous avons fait la connaissance d'Anda, un collectionneur qui, au volant de sa Zephyr 1961, emmenait son ami visiter le musée des hydravions. Un ami dont la famille était origine de Belfast et qui avait dû quitter le pays après la grande famine pour gagner les Amériques, comme on disait. Il vit actuellement en Floride, mais tous les ans, il fait le pélerinage pour redécouvrir son pays d'origine. Irlandais un jour, Irlandais toujours...
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