Pour tout dire, après les péripéties d'hier, la journée d'aujourd'hui ressemble à un jour de grève des scénaristes. Ils nous l'ont jouée à minima. Le seul truc qu'ils ont trouvé dans leur panoplie, c'est une petite bruine. D'abord timide et franchement jamais longue. Deux à trois minutes pour plomber un peu plus le ciel et embrumer les paysages, dessinant de nouvelles nuances de vert qui, jusqu'ici, nous avaient échappé. Puis un peu plus fort à mesure que nous approchions du terme de l'étape où, nous a-t-on dit, il était tout à fait normal qu'il pleuve. Nous venons de pénétrer dans le Kerry. « Pretty Kerry, rainy Kerry » comme dit une chanson du folklore local. C'est pas faux ! Il ne fallait donc pas être très imaginatif pour nous balancer ainsi ces gouttes d'eau pour alimenter la chronique du jour. Tristement fade puisqu'il ne s'est rien passé de marquant. De belles visites (Rock of Cashel, le château de Cahir), de superbes routes parfois un peu défoncées, souvent étroites, bordées de champs où paissent les moutons ou de cimetières où reposent les ancêtres qui ont façonné ce beau pays, de belles rencontres avec des habitants qui savent ce que le mot accueil veut dire. On vient nous voir, discuter, s'enquérir de notre périple, apprécier nos autos, nous guider lorsque nous nous perdons (exprès, parfois, simplement pour avoir le plaisir d'échanger),... En fait, je suggère aux scénaristes de se poser deux secondes et de faire comme ici, prendre son temps pour laisser l'essentiel passer au second plan. L'éternité sera déjà bien trop longue pour ne pas profiter de chaque instant et se tricoter de jolis souvenirs. Et la pluie n'y changera rien.