Si certains ont profité de la journée pour visiter Epidaure et son théâtre antique, puis le canal de Corinthe creusé à mains nues pendant des décennies pour relier les deux isthmes et éviter un énorme détour aux bateaux (le perçage a été entamé sous Néron), la grande majorité a filé directement sur Athènes pour entamer la longue série de visites incontournables. Mais avant de vous inviter à vous promener avec nous au Musée national archéologique d'Athènes, laissez-moi vous conter quelques petites anecdotes croustillantes.


La première nous concerne. Nous avons trouvé un petit restaurant sympathique en bord de mer où nous avons fait halte, vite rejoints par quelques participants qui savent que nous trouvons toujours de bonnes adresses. Celle-là n'a pas échappé à la règle. Ça ne payait pas de mine, mais l'envergure du patron et de bonnes odeurs de fritures laissaient augurer une cuisine roborative. Nous n'avons pas été déçus. A peine le temps de s'installer que le brave homme, dans un grec parfait, nous expliquait ce qu'il avait l'intention de nous faire manger. Devant notre incompréhension totale et un menu écrit en grec, il nous a fait la poule, l'agneau (pour la saucisse, je vous dis pas !), bref il s'est exprimé corporellement ce qui n'était guère évident eu égard à sa surcharge pondérale surtout placée juste au-dessus de la ceinture et débordant généreusement. En quelques secondes, la table s'est remplie d'une salade grecque 100% produits frais garantis locaux avec une feta à tomber par terre, de poulets (un pour deux personnes !), de morceaux d'agneau cuits si lentement qu'ils étaient confits et fondaient dans la bouche, d'une saucisse au diamètre effarant, de brochettes de porc, de frites, le tout accompagné d'une pita toute chaude aromatisée aux herbes et à l'huile d'olive. Une pure merveille. 20 kg de barbaque pour six pauvres malheureux qui ont pourtant tout fini ou presque. Une orgie arrosée d'eau et de quelques bières pour arroser la descente. Et comme notre ami grec a compris qu'il nous fallait digérer tout ce trop-plein, il nous a mis un bouzouki plein les oreilles, sono toute à droite et a jeté un paquet d'assiettes au pied de Bill. Lequel a compris immédiatement l'invitation, s'est emparé d'une assiette, l'a frappée sur sa tête avant de la jeter par terre. Une tradition qui s'est perdue parce qu'on est alors censée payer toutes les assiettes que l'on brise ! Le patron s'y est mis à son tour, tout en dansant le bouzouki, imité par Bill et Daniel. En cinq minutes, c'était un véritable massacre par terre, et ça faisait rire toute la salle, heureuse de ce spectacle improvisé. Un pur bonheur et je n'ose même pas vous dire le montant de l'addition, moins de 10 euros par personne, vaisselle comprise !

Deuxième anecdote, pas piquée des hannetons. Nous avions prévenu que l'arrivée sur l'hôtel n'était pas évidente si l'on ne disposait pas de GPS. Amédée a trouvé la parade. Il a avisé un policier à moto, arrêté à un carrefour, a tenté de lui expliquer dans un anglais très francisé qu'il était perdu et qu'il devait se rendre « là » en montrant le lieu sur la carte que nous avions fournie. L'homme, manifestement séduit par la DS que pilote Amédée, ou par sa compagne France, toute souriante sous son joli chapeau, a fait signe de le suivre. Il a enfourché son fier destrier et conduit nos deux égarés jusque devant l'hôtel, où on a bien cru qu'il était arrivé un drame ! Que nenni. La notion d'hospitalité prend, dans ce pays, tout son sens. En voici deux nouvelles preuves...