Jour 00 - Bologna
Buongiorno amicci. Nous sommes à Bologne où nous vous attendons. Comme nous nous en doutions, les descentes pour rallier l'Italie sont toujours prétextes à des aventures parfois épiques. Nous vous épargnerons la Mercedes des Fournier, en rade, qui devait être remplacée par la Mercedes des Duchatelle que Martial Latruffe devait descendre sur plateau et qui est également en... panne (décidément, ces Allemandes, c'est pas fiable ! La Deutsche Qualitaat ?).
Je m'en vais vous conter l'histoire arrivée à Laurent, notre belge national qui prenait le train, avec sa voiture, quelque part en Allemagne. A Francfort, alors que ledit train se sépare en deux (une partie pour l'Italie, l'autre pour Narbonne), une envie pressante saisit Laurent qui abandonne Mayou dans le wagon-restaurant et fonce vers les toilettes. La première est occupée. Dans le wagon-suivant, idem. Il enquille un troisième wagon en serrant de plus en plus les fesses et, par chance, trouve un trône libre. Il s'y installe en poussant un énorme soupir de soulagement qui a dû, manifestement, être pris pour un sifflet par le conducteur du train. D'un seul coup, le wagon dans lequel se trouve Laurent s'ébranle. Laurent pas du tout. Non qu'il ait passé l'âge, mais parce qu'il fait sa grosse commission tranquille, pépère. Il prend même son temps, s'essuie consciencieusement, se lave les mains (il a de l'éducation notre Laurent), bref il prend dix bonnes minutes pour faire sa petite affaire et il sort des toilettes. Par la fenêtre, il voit que son wagon avance, mais à reculons. Normal, il manœuvre se dit-il. De fait, il semble raccrocher des wagons, ce qui ébranle Laurent (vous voyez qu'il y arrive !). Puis il repart en marche avant. Et là, sur la voie d'en face, que voit-il ? Mayou attablée au restaurant qui lui fait de grands signes ! Affolé, Laurent cherche le contrôleur, le trouve par chance dans le wagon suivant sortant des toilettes (on croirait un scénario de film, pas vrai ?). « J'ai un problème ! » lui dit-il. « Moi, je n'en ai plus ! » rétorque avec beaucoup d'a-propos le contrôleur dans un allemand impeccable qu'on pourrait traduire par « Nicht Schiese ». Incompréhension mutuelle. Gestuelle et enfin une lueur dans l'œil du fonctionnaire. « Ce train va bien en Italie. L'autre, celui qui est resté à quai, il file sur Narbonne ! » « Oui, mais Mayou est dans celui-ci ! » « Celui-là ? » pige immédiatement le poinçonneur qui n'est manifestement pas des lilas, malgré la bonne dose de cette fragrance qui sort des toilettes. « Non, celui-ci » reprend Laurent qui n'a pas compris que l'autre avait compris. « C'est bien ce que je disais, celui-là ! » Et il joint le geste à la parole, ce qui a toujours constitué la meilleure des manières de se faire comprendre. « Oui ! » se soulage Laurent avec un soupir qui déclenche un arrêt brutal de la rame. Le chauffeur a, une nouvelle fois, dû le prendre pour un sifflet. « Mais qui est Mayou ? » demande le contrôleur. « C'est ma femme ! » « Ah, il faudrait peut-être voir à mieux la surveiller ! » « C'est vrai, mais j'en ai besoin. » « Besoin d'une femme, mais pour quoi faire ? » « C'est elle qui a mon billet ! » L'argument porte au-delà de toutes espérances. L'homme, frappé dans sa chair la plus tendre, dans son honneur même, dans sa dignité de professionnel, hurle dans son talkie-walkie un « Halt! » qui arrête brutalement l'air de souffler, l'électricité de circuler et les trains de rouler. Le temps est suspendu aux lèvres de l'homme qui gutture des instructions. Sur la voie d'en face, Laurent voit deux énormes dogues allemands s'emparer délicatement de sa Mayou pour lui faire traverser les rails et la hisser délicatement dans le bon train et la ramener dans les bras de Laurent. « Ma Mayou ! » lâche-t-il ému. « Mais veux-tu bien dire à ces gentlemen de ne pas me serrer d'aussi près, c'est qu'ils sont bien bâtis ces garçons ! » Elle n'a pas perdu son sens de l'humour notre Mayou qui n'a, à cet instant, pas tout compris du drame qui se nouait ! Avouez que ça aurait été difficile de faire le rallye sans elle, avec un Laurent tout seul, à mille lieux de sa belle. « Et sans ticket ! Si ça se trouve, on m'aurait arrêté ! Et la voiture serait arrivée toute seule ! »
Les voilà donc tous les trois à Bologne. Mais comme il est écrit que notre Laurent va vivre au moins une aventure par jour, le sac de Mayou a été volé sur le parking de l'hôtel. Avec son argent, son appareil photo, ses lunettes ! Aïe, aïe. Rassurez-vous, le moral est toujours là. Il en faut plus pour l'ébranler. Le moral, pas Laurent !
Wanda a suivi l'équipe d'assistance et elle est arrivée à bon port. A Bologne, et sans passer par Francfort. « Je ne suis pas une saucisse » a-t-elle asséné à Laurent.
Les voilà donc tous les trois à Bologne. Mais comme il est écrit que notre Laurent va vivre au moins une aventure par jour, le sac de Mayou a été volé sur le parking de l'hôtel. Avec son argent, son appareil photo, ses lunettes ! Aïe, aïe. Rassurez-vous, le moral est toujours là. Il en faut plus pour l'ébranler. Le moral, pas Laurent !
Nous ont également rejoints les Ronsse et leur Iltis qui, clin d'œil, a franchi le col du Saint-Bernard, le saint qui veille sur les voyageurs égarés (suivez mon regard) et les Latruffe qui ont amené un nouveau destrier pour les Fournier. Pas d'autres nouvelles. C'est bon signe.
Il faut bien se rafraîchir en vous attendant. C'est qu'il fait chaud à Bologne !