Mixte-Etape 11 : Tanger / Barcelone
Rien n'est jamais simple quand on veut quitter le Maroc. Sans doute parce que l'on nous aime tellement qu'on ne veut pas nous voir partir trop vite ! Mardi matin, c'est en convoi que nous avons rallié le nouveau Port Tanger Méd, à 45 km au nord-est de Tanger, près de la grande zone industrielle dans laquelle le groupe Renault-Nissan a installé ses premières chaînes de montage. Il est amusant de se souvenir que, dans les années 60 et 70, le constructeur a fait appel à de la main d'œuvre marocaine pour venir travailler notamment à Flins. Comme, à l'époque, Simca à Poissy. Quarante ans plus tard, allons-nous assister à un flux migratoire inverse, et dans les mêmes conditions ? La roue de l'histoire tourne, mais peu s'en rendent compte encore, campant sur des acquis sociaux qui ont été foulés aux pieds par la réalité économique...
Cette remontée s'est passée “tranquille” comme dirait Lauriane, même pour moi et Michel qui partions bien après tout le monde pour arriver les premiers au port. Pourtant, nous avons légèrement dépassé la limitation de vitesse fixée à 120 km/h sur l'autoroute, et le premier radar nous a repéré. Un gendarme nous a fermement intimé l'ordre de nous garer sur le bas-côté. Mais là, le miracle. Nous reconnaissons volontiers que nous roulions un peu trop vite. Il acquiesce. Nous ajoutons que le Chef (moi en l'occurrence) a eu une panne de réveil (pas faux) et que nous devons rattraper le groupe parti avant nous. « Des vieilles autos, vous avez dû les voir ! » Il me salue et se marre. « Effectivement, vous avez plus d'une heure de retard sur eux ! » Nous précisons que nous devons pourtant les rattraper pour leur donner les billets d'embarquement... » « C'est vrai Chef ? » il me fait. J'acquiesce. « Mmmh, bon, je comprends. Ne vous inquiétez pas, je préviens les autres radars, vous pouvez y aller, mais n'exagérez pas et bonne chasse ! » Il nous salue et arrête la circulation pour que nous reprenions la route et, effectivement, les quatre autres radaristes croisés nous feront un amical salut de la main. Rassurez-vous, nous nous sommes calés sur un 120 km/h tout ce qu'il y a de plus réglementaire pour ne pas créer de problème. Mais avouez que c'est grandiose...
Arrivés au port, les billets sont prêts (merci Grimaldi et Mohcine, organisation impeccable) mais nous apprenons que l'un des membres de l'assistance a égaré son passeport. La police nous conseille de l'envoyer immédiatement au commissariat pour faire une déclaration de perte. Ça ne suffira pas. Il faut l'accord du chef de groupe qu'il faut trouver dans la gare maritime. On finit par le dénicher. Il se montre inflexible. Il faut aller au consulat pour obtenir un autre papier plus officiel... Autrement dit, impossible de prendre le bateau... Pendant ce temps, je traverse tranquillement les contrôles de police sans que personne ne me demande quoi que ce soit. Il est vrai que je marche d'un pas décidé, que je salue les policiers et douaniers d'un « Ça va ? », et j'arrive directement au scanner. A deux pas du bateau. J'explique alors la situation à un énième responsable, mais j'y ajoute une variante : je prétends que le passeport a été laissé dans une voiture qui a déjà embarqué. Il faut aller le chercher ou alors autoriser le gars à y aller parce que lui seul a la clé qui permet d'ouvrir le sac dans lequel il se trouve. « Ton histoire est tellement incroyable qu'elle doit être vraie ! » me fait le responsable. Mais il avoue son impuissance. Puis il me demande, vaguement surpris : « Au fait, comment es-tu arrivé jusqu'ici ? » A pieds, pourquoi ? Il sourit. « Et on ne t'a pas contrôlé ? » Ben non... Un clin d'œil complice et il tourne les talons. C'est peut-être la solution mais je n'ai pas le temps de l'envisager que Benoît m'appelle et me hurle dans les oreilles qu'ils ont retrouvé le passeport et que Daniel a sauté dans une navette pour l'amener. Il n'était pas perdu du tout, mais bien sagement rangé dans un sac ! Tout est bien qui finit bien, sauf pour celui que nous appelons désormais “Passeport” !
Avec tout ça, nous avons pris du retard, mais comme le scanner est en panne, que ce sont des chiens qui inspectent les véhicules pour traquer la drogue mais surtout les clandestins (sur nos porte-huit, ils en ont débusqué quatre, dont trois planqués dans mon Iltis, sous la bâche !), les heures passent. Le bateau doit partir à 17h. Nous sommes encore en train de passer sous le scanner fantôme. Heureusement, nous ne sommes pas les seuls dans ce cas et on m'a assuré depuis longtemps que le ferry ne partira pas tant que je ne serai pas à bord. De fait, il fermera ses portes derrière nous ! Comme quoi, c'est classe d'être considéré comme des hôtes de marque...
Tandis que nous voguions vers Barcelone sur une mer peu agitée (mais pas calme, contrairement à ce qu'avait annoncé la météo marine), nous apprenions que nos amis Iltissiens, partis en avion de Fès, avaient été détournés sur Barcelone, un des passagers étant malheureusement décédé durant le vol. Pas glop ! Ils ne sont donc arrivés à Paris qu'à 23h, alors que nous dormions du sommeil du juste...
Au matin, nous étions finalement assez peu nombreux à hanter les couloirs du bateau. Beaucoup ont fait la grasse matinée, histoire de recharger des batteries bien plates. Nous sommes tous fatigués, et bien contents de pouvoir profiter de cette pause forcée, malgré les légères vagues qui ont couché sur le flanc un bon tiers des troupes. Nous en profitons pour échanger nos photos, mêler nos souvenirs, partager nos expériences. Cette édition a, de l'avis de tous, été magique. Malgré les difficultés, ou peut-être à cause d'elles. Il est vrai que la descente Barcelone-Algésiras a, d'emblée, mis la barre très haut et soudé le groupe.
J'ai appris, aujourd'hui, que nous avions un couple en voyage de noces parmi nous, Jean-Pierre et Véronique. Ça a conclu magnifiquement un debriefing plein d'émotion. Alors que le port de Barcelone luit dans la nuit tombée, nous savons qu'il est temps de se séparer. Sept équipages nous quittent dès ce soir pour remonter vers la France. Les autres partiront demain matin. Mais nous savons déjà que nous nous retrouverons vite, très vite. Merci à tous de nous avoir suivis. Et à très bientôt pour de nouvelles aventures...
Cette remontée s'est passée “tranquille” comme dirait Lauriane, même pour moi et Michel qui partions bien après tout le monde pour arriver les premiers au port. Pourtant, nous avons légèrement dépassé la limitation de vitesse fixée à 120 km/h sur l'autoroute, et le premier radar nous a repéré. Un gendarme nous a fermement intimé l'ordre de nous garer sur le bas-côté. Mais là, le miracle. Nous reconnaissons volontiers que nous roulions un peu trop vite. Il acquiesce. Nous ajoutons que le Chef (moi en l'occurrence) a eu une panne de réveil (pas faux) et que nous devons rattraper le groupe parti avant nous. « Des vieilles autos, vous avez dû les voir ! » Il me salue et se marre. « Effectivement, vous avez plus d'une heure de retard sur eux ! » Nous précisons que nous devons pourtant les rattraper pour leur donner les billets d'embarquement... » « C'est vrai Chef ? » il me fait. J'acquiesce. « Mmmh, bon, je comprends. Ne vous inquiétez pas, je préviens les autres radars, vous pouvez y aller, mais n'exagérez pas et bonne chasse ! » Il nous salue et arrête la circulation pour que nous reprenions la route et, effectivement, les quatre autres radaristes croisés nous feront un amical salut de la main. Rassurez-vous, nous nous sommes calés sur un 120 km/h tout ce qu'il y a de plus réglementaire pour ne pas créer de problème. Mais avouez que c'est grandiose...
Arrivés au port, les billets sont prêts (merci Grimaldi et Mohcine, organisation impeccable) mais nous apprenons que l'un des membres de l'assistance a égaré son passeport. La police nous conseille de l'envoyer immédiatement au commissariat pour faire une déclaration de perte. Ça ne suffira pas. Il faut l'accord du chef de groupe qu'il faut trouver dans la gare maritime. On finit par le dénicher. Il se montre inflexible. Il faut aller au consulat pour obtenir un autre papier plus officiel... Autrement dit, impossible de prendre le bateau... Pendant ce temps, je traverse tranquillement les contrôles de police sans que personne ne me demande quoi que ce soit. Il est vrai que je marche d'un pas décidé, que je salue les policiers et douaniers d'un « Ça va ? », et j'arrive directement au scanner. A deux pas du bateau. J'explique alors la situation à un énième responsable, mais j'y ajoute une variante : je prétends que le passeport a été laissé dans une voiture qui a déjà embarqué. Il faut aller le chercher ou alors autoriser le gars à y aller parce que lui seul a la clé qui permet d'ouvrir le sac dans lequel il se trouve. « Ton histoire est tellement incroyable qu'elle doit être vraie ! » me fait le responsable. Mais il avoue son impuissance. Puis il me demande, vaguement surpris : « Au fait, comment es-tu arrivé jusqu'ici ? » A pieds, pourquoi ? Il sourit. « Et on ne t'a pas contrôlé ? » Ben non... Un clin d'œil complice et il tourne les talons. C'est peut-être la solution mais je n'ai pas le temps de l'envisager que Benoît m'appelle et me hurle dans les oreilles qu'ils ont retrouvé le passeport et que Daniel a sauté dans une navette pour l'amener. Il n'était pas perdu du tout, mais bien sagement rangé dans un sac ! Tout est bien qui finit bien, sauf pour celui que nous appelons désormais “Passeport” !
Avec tout ça, nous avons pris du retard, mais comme le scanner est en panne, que ce sont des chiens qui inspectent les véhicules pour traquer la drogue mais surtout les clandestins (sur nos porte-huit, ils en ont débusqué quatre, dont trois planqués dans mon Iltis, sous la bâche !), les heures passent. Le bateau doit partir à 17h. Nous sommes encore en train de passer sous le scanner fantôme. Heureusement, nous ne sommes pas les seuls dans ce cas et on m'a assuré depuis longtemps que le ferry ne partira pas tant que je ne serai pas à bord. De fait, il fermera ses portes derrière nous ! Comme quoi, c'est classe d'être considéré comme des hôtes de marque...
Tandis que nous voguions vers Barcelone sur une mer peu agitée (mais pas calme, contrairement à ce qu'avait annoncé la météo marine), nous apprenions que nos amis Iltissiens, partis en avion de Fès, avaient été détournés sur Barcelone, un des passagers étant malheureusement décédé durant le vol. Pas glop ! Ils ne sont donc arrivés à Paris qu'à 23h, alors que nous dormions du sommeil du juste...
Au matin, nous étions finalement assez peu nombreux à hanter les couloirs du bateau. Beaucoup ont fait la grasse matinée, histoire de recharger des batteries bien plates. Nous sommes tous fatigués, et bien contents de pouvoir profiter de cette pause forcée, malgré les légères vagues qui ont couché sur le flanc un bon tiers des troupes. Nous en profitons pour échanger nos photos, mêler nos souvenirs, partager nos expériences. Cette édition a, de l'avis de tous, été magique. Malgré les difficultés, ou peut-être à cause d'elles. Il est vrai que la descente Barcelone-Algésiras a, d'emblée, mis la barre très haut et soudé le groupe.
J'ai appris, aujourd'hui, que nous avions un couple en voyage de noces parmi nous, Jean-Pierre et Véronique. Ça a conclu magnifiquement un debriefing plein d'émotion. Alors que le port de Barcelone luit dans la nuit tombée, nous savons qu'il est temps de se séparer. Sept équipages nous quittent dès ce soir pour remonter vers la France. Les autres partiront demain matin. Mais nous savons déjà que nous nous retrouverons vite, très vite. Merci à tous de nous avoir suivis. Et à très bientôt pour de nouvelles aventures...