Encore une belle journée. Que l'on fasse la piste ou la route, comme nous. Avec passage dans les gorges du Todra (la route a été enfin réparée), une longue, très longue montée vers Imilchil, une plongée vers Rich à travers une vallée découpée par un gigantesque oued et parsemée de petits villages qui sont autant d'oasis de verdure. Un voyage entre 1600 et 2200 m au beau milieu de l'Atlas, grandiose, majestueux, éclatant de couleurs ocres, roses, noirs, bruns, rouges. Pas toujours facile pour nos montures déjà bien fatiguées (ça a beaucoup chauffé dans les montées), mais un bonheur de tous les instants, partagé entre petits groupes, au hasard d'auberges accueillantes où l'on déguste l'omelette berbère (cuite à l'étouffée dans un plat à tajine avec des légumes), des brochettes et même des frites. Le tout improvisé et sans chichis, avec le sourire et pour des sommes qui restent toujours modiques comparées à notre train de vie occidental.

Tout au long de cette route, on pouvait voir que si les pistes se goudronnent de plus en plus, les femmes restent encore les ouvrières de tous les instants. Alors que les hommes discutent, font la sieste à l'ombre de leurs maisons ou sur le bord des routes, elles bêchent, transportent le bois, la paille, l'eau, lavent le linge dans l'oued. On assiste parfois à des scènes qui heurtent nos sensibilités, trois femmes ployant sous la charge, deux ânes tout aussi écrasés de poids et devant, un homme, badine à la main, balayant l'air de son autre main, comme désœuvré. Pourtant, elles ont le sourire et prennent le temps de vous saluer d'un petit signe de la main. Les petites filles ne sont pas épargnées qui travaillent également (dans certaines régions, on nous assure que seuls les garçons vont à l'école, les filles restant pour aider leurs mères dans ce qu'ils appellent les jardins). Et partout, un accueil chaleureux, un geste amène, la main sur le cœur ou agitée en signe de bienvenue. Quand vous vous arrêtez, en dehors des gamins toujours aussi quémandeurs, on vous demande si vous êtes perdu, si on peut vous rendre service. On vous dit avec chaleur et sincérité : « Bienvenue, soyez les bienvenus ». Un mot en arabe et le sourire s'agrandit. On vous tape sur l'épaule, quand on ne vous prend pas par l'épaule pour vous guider vers un thé ou vous indiquer l'épicerie où vous pouvez tout acheter. Le pain, l'eau mais également tout ce qui peut servir au quotidien, du clou à la cuillère, en passant par le plat à tajine dans lequel on fait tout mijoter ou presque. Et pour peu que la turista vous taraude, on vous emmène dans sa maison pour vous soulager... Avec, en prime, ces paysages qui rendent à peine le dixième de leur magie en photo. La preuve...