L'aventure c'est l'aventure ! On peut dire que, depuis le début, nous sommes gâtés par cette maxime rendue célèbre par un certain film. Vous me direz que cette allusion cinématographique va de pair avec le thème de notre édition : « Le Maroc en cinémascope ». Et vous aurez raison. On écrit ici les meilleurs scénarios de la planète avec des acteurs prêts à tout pour tirer la couverture à eux. Je ne vous parlerai pas ici du groupe des 4x4 que nous avons tout juste vu à midi s'embourber dans les dunes, près de Tisserdmine (pas tous, mais quelques-uns !), ni des Iltis dont un grand nombre sont venus nous rejoindre dans notre bac à sable pour se planter aussi fort, voir même mieux ! Non, je nous parle uniquement des deux roues motrices, mon petit groupe, parti le dernier ce matin, arrivé le premier à midi, parti à nouveau le dernier après manger et arrivé le premier au campement.

C'est qu'on a dropé, perdant un minimum de temps et, après le premier tankage (pour les novices, c'est l'action d'enfoncer l'auto le plus profond possible dans le sable, jusqu'à poser son châssis et faire tourner ses roues dans le vide !), on s'est marrés comme des petits fous. D'abord parce que les paris qui circulaient dans l'air se sont délicatement effacés car si je me suis bien tanké le tout premier (mais dans le troisième sablon là où certains ont déjà pioché dans le premier), nous avons tous été logés à la même enseigne. On a tous pelleté, poussé, secoué, attendu la sangle pour être tiré du mauvais pas que nous avait préparé Daniel. Car le bougre avait bien préparé son coup. Le road-book nous faisait passer par une piste un peu plus facile, mais il a décidé de le changer, sans doute pour voir de quel bois nous nous chauffions avant l'étape de demain. Il avait donc confié à Idriss, le guide que nous connaissons depuis maintenant dix ans et que les anciens connaissent bien (c'est le roi du jeu de mots à deux balles : ça roule Raoul, tu files Emile, tu rotes mon pote...), le soin de modifier le parcours et de nous jeter dans un bac à sable. Un vrai, un de ceux qui, de toutes façons, ne peuvent qu'emprisonner des 4L et des 2CV victimes de leur manque de puissance. Sur l'élan on peut faire cent mètres, pas deux cents...

Mais cette grosse mise en bouche a permis de se mesurer au sable et, dans l'après-midi, les sablons ont été une quasi formalité (par charité, je tairais le nom des trois équipages qui se sont plantés juste à la sortie de l'oasis). Un grand bravo à tous. Et comme dit Daniel : « La piste ça rend humble, mais ça n'empêche pas qu'on peut être fier ! » On l'est.
Pour le reste, rien à dire. Il fait chaud (lourd, en fait), le ciel grisouille, les dromadaires blatèrent, les ânes bréent et les aventuriers s'aventurent là où ils n'auraient pas encore osé il y a quelques heures. La vie est belle, quoi...