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Etape 06 - Konya / Egirdir

Ce matin, nous avons encore eu droit à la visite de nos amis Enis et Habib. Enis m'a remis un insigne de la police motorisée à laquelle il appartient (il est même commissaire), mais il ne m'a pas été d'une grande utilité. Flashé à 99 km/h sur une belle ligne droite en descente. Classique. Mais je ne le regrette pas car la rencontre a été plus que sympathique. Une fois arrêté, le policier s'est rendu compte que nous étions Français. Il nous a fait comprendre que c'était sacrément dommage. En m'emmenant dans sa voiture, il m'explique qu'il ne peut rien faire car tout est filmé. Comme aux Etats-Unis ! Et en couleur s'il vous plaît. Une fois le contrevenant arrêté, la procédure est en marche et plus rien ne peut l'arrêter. Ses chefs ne comprendraient pas qu'il n'ait pas dressé procès-verbal. Mais il m'explique également que, comme chez nous, si je paye rapidement, j'aurais droit à une ristourne. C'est le mot employé. Une ristourne. Une remise quoi ! Par contre, pas question de payer sur place, il faudra aller dans une Poste ou dans une banque régler l'amende avant de quitter le territoire turc. Ça évite toute triche. Le tout avec des sourires et des moues d'excuse qui font, je vous l'assure, passer la pilule bien plus agréablement, si on peut dire. 97,50 lires turques tout de même. Mais le plus drôle, c'est alors que nous allions partir que cela s'est produit. Nous nous faisions des politesses, faisant des photos avec les deux policiers lorsqu'une voiture du rallye est passée devant leur radar. Qui a immédiatement bipé pour leur signaler un dépassement de vitesse. 108 km/h pour 90 ! Mais comme nous étions occupés, ils ont haussé les épaules et sourit. « La chance, c'est pour eux, pas pour toi ! » Alors que nous repartions, nous avons vu la voiture revenir vers nous, sans doute pour prendre de nos nouvelles. Nous avons fait de grands signes pour qu'elle fasse immédiatement demi tour, mais elle n'a manifestement pas compris le message. Elle est repassée devant les policiers, a fait demi tour en franchissant une ligne blanche à quelques dizaines de mètres d'eux, et l'un des policiers a soupiré avant de se mettre au milieu de la route et de leur faire signe de stopper. Genre : « Pff, t'as gâché ta chance... Mais le devoir c'est le devoir ! » En voyant les signes, la passagère que je ne nommerai pas, parce que je ne suis pas une balance, a souri et fait à son tour de grands signes de la main avant de passer, fière comme Artaban devant les policiers médusés. Renseignement pris, comme nous avions dit qu'Enis et ses policiers nous feraient des signes d'amitié sur le bord de la route, elle a cru que c'était eux. A 300 km de Konya, le doute était pourtant permis, non ? Et bien non !

C'était l'anecdote de la journée. Car il ne s'est finalement pas passé grand-chose. Le matin, un petit souci de durit d'essence et d'écartement des vis platinées sur la Cox des de Mulenaere, un radiateur d'eau changé sur la 203 des Dentone, un visco-coupleur de ventilateur refusant de s'accoupler (un comble !) sur la Mercedes des Gaubert... Dans la journée, c'est Martial qui a beaucoup œuvré car il a dépanné la Cox des de Mulenaere, toujours en délicatesse avec son embrayage, et la Karmann-Ghia des Carles-Vernet (un souci avec un tambour AR), la routine quoi. Et c'est tant mieux, vu qu'il ne nous reste plus qu'un plateau, le second étant occupé par la 404 dont il est désormais clair qu'elle finira le rallye tractée.

Sur la route, pique-nique obligatoire, car nous avons déniché des petites routes à travers les plateaux qui longent les lacs de Beysehir et d'Egirdir. Avec des paysages superbes, des vaches paisibles qui se promènent tranquillement, indifférentes aux autos qui tentent de passer, des moutons qui en font de même, quelques chiens errants qui quémandent une petite offrande, mais sans insister. L'occasion de faire des regroupements pour partager les emplètes faites à Beysehir où la plupart ont visité la plus ancienne mosquée de Turquie. C'était la seule visite prévue au programme. C'est dire si l'allègement était de mise aujourd'hui. Et ça fait du bien, avant les prochaines étapes, bien plus chargées. Mais comme dans ce pays, l'accueil est une tradition bien ancrée, une dernière anecdote pour la route. Les Panhardistes, Besnard-Forait / Porchez, se sont arrêtés pour admirer le paysage et sortir quelques fruits, bien décidés à ne pas pique-niquer, sans doute pour faire régime. Ils étaient au bord d'un lac, et ils auraient dû se douter qu'il y aurait du monde. Mais ils ne s'attendaient sûrement pas à voir arriver, cinq minutes plus tard, trois locaux qui leur ont amené une grille de barbecue sur laquelle ils avaient fait cuire des morceaux de poulet par dizaines. « C'est pour vous ! Mangez, ça nous fait plaisir. » Un cadeau, encore un. Bon, pour finir, la dernière du jour. Une histoire belge, une vraie, authentique, pur jus liégeois. Laurent et toute sa bande se sont, comme tout le monde, arrêtés pour pique-niquer dans un endroit bien ombragé, au bord de l'eau, lorsque surgit un mobilhome. Vous commencez à connaître Laurent, il n'est pas du genre à partager un bon moment, alors il fait de grands signes pour indiquer à l'impétrant de déguerpir. L'autre n'entend rien à l'affaire et continue sa manœuvre. Laurent avise alors la plaque d'immatriculation de l'intrus. Un Belge ! Argh, et un Flamand en plus. Deux raisons de plus pour l'évincer. Mais l'homme a du répondant : une bouteille de rouge, et il leur parle en français, pardon, en wallon. Et voilà comme des Wallons et des Flamands peuvent s'entendre à des milliers de kilomètres de chez eux. Il n'y a finalement que chez eux que ça coince, allez comprendre pourquoi.

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