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Jour 03 - Tanger / Meknès
Incroyable mais vrai. D'habitude, malgré les formalités de police et de douane faites à bord du bateau, nous devons passer deux bonnes heures à attendre sur le port avant de pouvoir sortir. Nous intégrons toujours cette donnée dans nos rallyes, et nous faisons en sorte d'écourter la première étape. Et là, le miracle. Les derniers n'étaient pas encore sortis du bateau que les premiers quittaient Tanger ! Il faut dire que les pauvres douaniers en avaient plein les bottes. Cela faisait 35 heures d'affilée qu'ils bossaient (Martine Aubry devraient leur demander la recette !). Du coup, ça faisait quatre heures qu'ils étaient sur le pont, fatigués et désireux d'en finir au plus vite pour aller se reposer. A peine sortis, les formalités de police expédiées en deux secondes, les douaniers sautaient sur toutes les autos, tamponnant à tout va le fameux papier vert. Pas de contrôle, rien, zéro ! A peine le temps de faire quelques clichés et zou, dehors ! Pas facile, d'ailleurs de photographier. C'est même carrément interdit et votre serviteur a bien failli finir sans son appareil, confisqué dès le premier clic-clac ! Mais à force de discuter, d'expliquer que c'était juste les voitures qui entraient par le petit objectif de l'appareil (en fait, un gros zoom, c'est ce qui a dû inquiéter), que c'était la photo souvenir indispensable, le pandore s'est adouci, a regardé les premiers clichés pris et a fini par prévenir son chef qui, à son tour, a regardé dans la petite boîte (merci le numérique) pour donner son accord. Je vous rassure, j'étais le seul à pouvoir faire des photos, les autres n'avaient qu'à ranger leur appareil... Mais bon, l'essentiel, c'est d'y être parvenu. Au passage, ça fait du bien de retrouver les palabres, ces interminables échanges avec le sourire, une bonne dose d'incompréhension mutuelle forcée pour parvenir à un gentleman agreement qui satisfait tout le monde. On se tape alors dans le dos, on se fait des clins d'œil, on se donne de grandes tapes, bref « tout va bien, choukrane mon ami ».
La vitesse du débarquement et des formalités nous a cependant surpris. Pas le temps de préparer nos mémorables saladettes, ces repas parfaitement non diététiques que le monde entier nous envie et qui sont plébiscités par des participants qui s'empressent de les ranger au fond de leur auto pour ne surtout pas les manger et les rapporter en France pour les montrer à leurs amis. « T'as vu ? C'est ça qu'on mange ! Un pur délice... » Tu parles, nous les avons croisés attablés dans les petits restaus qui parsèment le parcours et où l'on déguste des côtelettes d'agneau pour trois fois rien, découpées à même la bête ou presque, les restaus étant souvent la propriété du boucher qui officie à deux mètres à peine de votre table. Mais pas question de déroger à la tradition. Il faut distribuer les saladettes. Alors, sur la route de l'aéroport, nous avons improvisé un point ravitaillement, ce qui nous a permis de faire le point pour savoir si tout le monde avait pu franchir la douane. Et de récupérer Huguette et Martine, venues par avion, et qui découvraient leur Iltis de location (une nouveauté de ce cru 2009). Par mesure de prudence (elles n'avaient pas encore pu rouler avec) et parce que, moi aussi, je me balade dans un Iltis que nous n'avons remis en route que jeudi dernier, un peu pris par le temps, nous avons décidé de faire route ensemble, et de prendre non pas l'autoroute comme la majorité, mais la petite route côtière qui longe l'Océan. Un serpentin magnifique, dans une campagne où l'on cultive de petits lopins de terre pour produire essentiellement des pastèques et des oignons, comme dans le temps. Avec un soc, un âne pour tirer, ou un cheval ou au mieux un bœuf sous un soleil de plomb, les embruns soulevés par le vent adoucissant à peine ce dur labeur. Ces paysans vendent leur production sur le bord même de la route, aux passants qui tracent sur cette route entre Larache et Tanger, ou aux touristes que nous sommes.
D'autres, plus courageux, avaient décidé de faire un détour par Chefchaouen, pour suivre la côte nord avant de redescendre sur Meknès par une route sinueuse mais magnifique. D'autres encore avaient choisi de visiter Volubilis, la plus grande cité romaine du Maroc, à quelques kilomètres de Meknès. Bref, tout ce petit monde s'est égayé dans tous les sens. Et bien que la nuit tombe vite (à 17h, nous avons une heure de décalage avec la France), tout le monde était arrivé à temps pour ne pas se perdre dans Meknès, l'hôtel n'étant pas évident à trouver.

Sur le parking, un peu de mécanique. Pas grand-chose. La Panda des Danière, montée sur chandelles ? « C'est rien, j'ai juste un bruit qui ne me plaît pas ! Alors je soigne. » Ca ne doit pas être bien grave, il y va à grands coups de marteau pour remonter l'attache de la ligne d'échappement qui cogne un peu au ski de protection. Sur l'Iveco d'Eric Degrémont, on remonte l'arbre de transmission, inutile sur la route, mais qui sera indispensable pour avoir quatre roues motrices sur la piste. Dominique Bajard s'affaire sur sa 600 Ténéré parce que son « câble de compteur est cassé ». Et les capots ouverts que nous avons croisés sur la route, c'était juste « pour faire semblant ». Ils se refermaient pourtant bien vite lorsque j'arrivais, comme si ma réputation de chasseur de pannes au flair aussi infaillible que celui d'un fox-terrier sur la piste d'un colley monté de sexe opposé m'avait précédé. Aurais-je donc fait chou blanc ? Ce serait mal me connaître. Sur les 177 participants, j'ai 176 délateurs zélés (le 177e c'est moi !) qui s'empressent de me communiquer les potins du jour. La palme revient donc à la famille Lagrasta qui a voulu goûter aux douces joies de la piste en allant faire un tour sur le sable de la plage. Problème, il a une SM... Devinez ce qu'il s'est passé. Je vous le donne en mille Emile : ils se sont ensablés et il a fallu les sortir à la poussette ! C'est ballot, hein ? Rassurez-vous, ils n'étaient pas les seuls, la Chrysler LeBaron des Perroux a fait de même, la 2CV des Leroy a essayé, mais elle n'a pas réussi à s'ensabler jusqu'aux oreilles, et la Seven des Socha... Il y en a qui vont devoir payer l'apéro ce soir !

Beaucoup d'autres d'ailleurs. Aux dernières nouvelles, Jean-Philippe Roumieu et Lydia Piron ont dû faire ressouder l'échappement de leur Toyota, cassé au niveau du collecteur. C'est à Larache qu'ils ont fait réparer pendant que Jean-Phi se faisait couper les cheveux. Et là, ils ont trouvé les Bour qui faisaient changer leurs pneus, car ils en ont consommé sur la descente, Julien ayant roulé un peu vite. Un Julien qui cumule les bévues, parce qu'il a cassé la poignée de sa porte ! Plus drôle, les Gougot ont dévalisé le magasin Décathlon de Tanger. Pourquoi, me direz-vous ? Ben, figurez-vous que leur engin, un gros 4x4, un Range, est chargé ras la moukère. A l'AR, les ressorts souffrent. Alors, pour éviter qu'ils ne talonnent en se mettant en spires jointives, il les a bourrées de balles de tennis. 30 au total, on va pouvoir jouer sur la piste, et s'improviser un Roland-Garros de derrière les fagôts ! Et pour clore les délations du jour, sachez que Flavien Charbonnier a changé sa boîte pour rien sur sa 4L. Le problème ne venait pas du roulement de différentiel, mais du roulement intérieur de roue. Explosé le bougre. Avec des billes absentes. Il glogotait et la cage a fini par se faire la malle ! Par chance, des roulements, toutes les 4L en ont. On se demande bien pourquoi d'ailleurs, mais du coup, il a pu réparer sur le bord de la route et rallier l'arrivée. Tout comme nos Belges préférés, Laurent Krier et Jacques Mollet. Le premier avec sa 203 super accessoirée que je vous photographierai demain, promis, elle est trop top. Le second avec sa R16 qui a connu quelques petits soucis avant le départ. Figurez-vous que le Jacques a voulu monter un interrupteur pour faire fonctionner son ventilo à la demande. Il a donc percé un trou dans le tableau de bord pour l'installer. Mais il est Belge, il faut l'excuser, le foret de sa perceuse a entortillonné tout un tas de fils derrière ! Il a même eu du mal à le sortir, tellement c'était emmêlé... Il a donc tiré. Normal. Et il a tout arraché. Du coup, il a dû démonter le tableau de bord de sa Renault 16 TX. Pas une mince affaire ? Et puis tout recâbler. Le fil rouge sur le fil rouge, le bleu sur le bleu... Enfin, d'habitude, c'est comme ça que ça se fait. Mais il est Belge, Jacques. Il pense pas comme nous. Il a ressoudé les fils. Au jugé. Nous, on penche plutôt pour « à l'odeur ». Au pif, quoi ! Il s'est donc retrouvé avec les clignotants se mettant en marche lorsqu'il mettait en route l'essuie-glace, ou les feux couplés aux stops, enfin des joyeusetés du genre. Il a tout repris, mais comme entretemps il a installé un toit ouvrant, ça a un peu dérapé. Au jour d'aujourd'hui, il n'a plus de lève-glace électrique mais un toit ouvrant électrique. Un moindre mal me direz-vous. Pour s'aérer, il ouvre le toit en appuyant sur le lève-glace... Mais pour mettre le coude à la portière, c'est un peu plus délicat. Alors, il le met sur le toit. Paraît qu'il a une tendinite, le Jacques... Quand on vous dit que ce rallye promet...

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